26 mars 2021

Une hausse du salaire minimum est bénéfique, et c’est la bourgeoisie qui le dit…

 


Vous vous souvenez sans doute de la propagande inénarrable de la droite contre l’instauration d’un salaire minimum cantonal – qui aurait eu, paraît-il, pour effets dévastateurs, de devenir le salaire standard et de tirer les salaires vers le bas, de ruiner les PME, de détruire des emplois et de freiner les embauches, causant ainsi une hausse massive du chômage. Le peuple eut le bon sens de ne pas écouter ces arguties, et de voter en faveur du salaire minimum. Et il eut pleinement raison. Tous les arguments précités sont en effet totalement faux, et le plus beau, c’est que c’est aujourd’hui la bourgeoisie elle-même qui l’avoue.

 

Nous ne pouvions pas manquer de mentionner un bref mais fort intéressant article paru dans les pages économiques du Temps du mardi 16 mars – des pages écrites par la bourgeoisie pour la bourgeoisie – et, ce qui est d’autant plus remarquable, signé Emmanuel Garessus, dont l’orthodoxie néolibérale confine d’ordinaire au dogmatisme.

 

Il s’agit d’une recension d’une étude réalisée aux USA et portant sur 10'000 restaurants McDonald’s entre 2016 et 2020 et analysant la réaction desdits restaurants à plus de 300 hausses du salaire minimum à échelle régionale ou locale. De cette étude sont tirées six conclusions majeures, qui ne se conforment pas toutes à ce qu’Emmanuel Garessus appelle la « théorie économique classique » (ou plutôt néoclassique, le dogme bourgeois en économie politique).

 

Première conclusion : une hausse du salaire minimum conduit à une hausse sensible des rémunérations. Si deux tiers des McDonald’s considérés augmentent leurs salaires les plus bas juste assez pour se conformer à la loi, ou ne changent rien parce qu’ils y étaient déjà conformes (deuxième conclusion), 37% d’entre eux pourtant n’agissent pas comme le voudrait la théorie (troisième conclusion) : 12% haussent les salaires les plus bas nettement en-dessus du salaire minimum, et un quart ajustent leur grille salariale pour élever également les salaires plus élevés, pour éviter une rotation trop importante de main d’œuvre. Conclusion : le salaire minimum ne conduit pas à un nivellement par le bas.

 

Quatrième conclusion : aucune corrélation n’est observée entre une hausse du salaire minimum et l’automatisation afin de remplacer le travail humain par des machines.

 

Cinquième conclusion : il n’y aucune incidence sur l’emploi, sur les effectifs, pas plus que sur l’ouverture ou la fermeture des restaurants.

 

Sixième conclusion : les entreprises répercutent la hausse du salaire minimum sur leurs clients, à travers la hausse de leurs tarifs. Ce n’est toutefois qu’un inconvénient mineur par rapport aux bienfaits que représente la hausse du salaire minimum. Un contrôle des prix est toutefois indispensable pour empêcher la bourgeoisie de récupérer d’une main ce qu’elle est obligée de céder de l’autre.

 

Les arguments de droite contre le salaire minimum étaient donc mensongers, et la théorie néoclassique est contredite – une fois de plus – par les faits. Et cela fait plaisir quand un journaliste néolibéral est obligé de le reconnaître face à des faits incontestables.

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