28 octobre 2010

De la pédagogie blocherienne

Réunie en Congrès public à Liestal ce samedi 23 octobre, l’UDC adopta un document stratégique sur la politique de la formation, répétitif à outrance et verbeux de 159 pages, avec pour litanie le sarkozien «en finir avec mai 68» afin – on pouvait s’y attendre – de retourner à l’école telle qu’elle était il y a quarante ans.

Malgré sa forme apparemment modérée et objective, ce document véhicule l’idéologie udéciste dans ce qu’elle a de plus rétrograde. L’école aujourd’hui serait apparemment sinistrée du fait de trop grand nombre de réformes depuis une vingtaine d’années du fait de la confiscation du pouvoir par une véritable caste de théoriciens soixante-huitards imbus d’idéologie anti-autoritaire abstraite et détachée de la pratique, et qui imposeraient leurs solutions charlatanesque et pseudo-scientifiques aux responsables politiques. Dans cette idéologie anti-autoritaire serait la source de tous les maux, n’allez surtout pas chercher de raisons sociales…

Cette théorie du complot gauchisto-pédagogiste se complète logiquement de solutions non moins douteuses, prétendument scientifiques et surtout étroitement idéologiques que celles que l’UDC attribue à ses adversaires. Face aux valeurs progressistes, le parti blocherien voudrait édifier l’école sur l’idéologie méritocratique de la «performance» et de la «concurrence», orientée totalement vers les besoins du marché de l’emploi, doublée d’une doctrine conservatrice de «racines chrétiennes de la Suisse». Comme mesures pseudo-scientifiques citons le retour au maître de classe généraliste en lieu et place des professeurs spécialisés par branche au secondaire, et la réduction du personnel féminin (sic !) en primaire (l’école actuelle désavantagerait les garçons il paraît…). Sans doute que certaines doctrines issues de la nouvelle pédagogie et leur application méritent une critique sur une base marxiste, mais ce n’est certainement pas dans les élucubrations rétrogrades de l’UDC que l’on trouvera ne serait-ce qu’une once de solution positive.

14 octobre 2010

Criminalisation des syndicats en Guadeloupe !


Au royaume de Sarkozie, la démocratie bourgeoise de façade s’effrite de plus en plus pour faire apparaître au grand jour la véritable nature de tout régime capitaliste, celle d’une impitoyable dictature de classe, et ce d’autant plus dans les dernières colonies de la France, par euphémisme appelées Domaines d’Outre-mer. Il y a deux ans de cela, en janvier et février 2009 sur l’île de Guadeloupe dans les Antilles, une grève générale de 44 jours conduite par le vaste mouvement populaire et syndical LKP (Liyannaj Kont Pwofitasyon, Unis contre l’exploitation à outrance en créole guadeloupéen), composé d’une cinqantaine d’organisations syndicales, politiques et sociales (dont le Parti communiste de Guadeloupe) et dirigé par le secrétaire générale du principal syndicat de l’île, l’Union Générale des Travailleurs de Guadeloupe (UGTG), Elie Domota, a réussi à faire plier l’Etat français et l’arrogant patronat local, les pwofitan.

Le LKP a ainsi pu obtenir un accord avantageux pour le peuple guadeloupéen, écrasé par des prix abusifs sur les produits de base, comme l’alimentation et l’essence, qui sont pratiquement tous importés de métropole selon la volonté de quelques entreprises monopolistes, qui empêchent le développement d’une production locale et peuvent ainsi s’enrichir à outrance, selon un procédé hérité de l’ère coloniale ; écrasé par un chômage de masse qui dépasse les 59% chez les 18-25 ans, et par la surexploitation pratiquée par le patronat local. Face à cette situation, le LKP a réussi à imposer à l’Etat et au patronat une augmentation mensuelle des salaires de 200 €, une limitation des prix pour les produits de base, des instruments de contrôle pour cette limitation des prix, un gel des loyers, des mesures à mêmes de contribuer au développement de la production locale au détriment des groupes métropolitains, et beaucoup d’autres choses qui correspondent aux intérêts des travailleurs guadeloupéens.

Or, ni les pwofitan ni l’Etat n’avaient et n’ont pas l’intention d’applique un accord qu’ils n’avaient jamais voulu signer. Après la temporisation, les violations directes se sont faites de plus en plus massives…le prix de l’essence a été augmenté trois fois pour une baisse minime, les prix des articles courants et de l’électricité ont continué leur flambée, la hausse des salaires a été à géométrie plus que variable, les impôts ont été augmentés sous plusieurs formes, l’Etat a continué à faire des économies scandaleuses sur l’éducation et la santé…tout en donnant 175 millions d’euros aux compagnies pétrolières Total et la SARA pour compenser leurs soi-disant pertes. Pour lutter contre ces violations massives des accords de mars 2009, ainsi que contre la réforme des retraites que combattent tous les travailleurs de France, le LKP a lancé un appel à la grève générale pour ce 26 octobre, appel relayé aussi en Martinique et en Guyane.

Sauf que l’Etat sarkoziste, montrant par là sans ambigüités sa nature de dictature de la classe bourgeoise, entreprit de faire ce qu’il n’avait pas réussi au moment de la grève générale de 2009 : criminaliser la lutte syndicale. Dans l’indifférence totale des élites politiques et de la presse métropolitaine, l’administration française imposa aux responsables syndicaux dans les Antilles et en Corse des prélèvements d’ADN en vue de leur fichage, les traitant ainsi ouvertement en criminels. En effet, il n’y a pas si longtemps, le prélèvement d’ADN était réservé aux crimes graves…avec la dérive autoritaire du gouvernement Sarkozy, le fichage officiel concerne désormais près de 2% de la population française. Or il est tout à fait inacceptable de traiter la lutte syndicale comme une activité criminelle, aussi les responsables syndicaux refusèrent-ils de se soumettre à ce scandaleux fichage…suite à quoi l’Etat les poursuivit en justice, avec à la clé des peines d’un mois de prison ferme et de lourdes amendes. Actuellement, les procès sont en cours d’instruction et les syndicats concernés s’organisent pour défendre leurs membres et s’opposer à cette politique de criminalisation de la lutte de classe, des appels ont été lancés à toute la communauté progressiste et démocratique de France. Le régime sarkoziste n’en est pas à son coup d’essai en matière de négation des droits démocratiques et de dérive répressive et autoritaire, et il vire de plus en plus en dictature policière ouverte au service de la bourgeoisie, qui espère mater par la force les masses populaires qui se dressent de plus en plus contre sa tyrannie. Mais ni le fichage, ni les matraques, ni les balles ne permettront à la bourgeoisie de briser la volonté du peuple. Son régime injuste et arbitraire est condamné de par ses propres contradictions, et toutes les mesures répressives qu’elle prend ne peuvent au mieux qu’en retarder l’inévitable chute.

09 octobre 2010

A contre-courant, la Bolivie abaisse l'âge de la retraite


Evo Morales, président de la Bolivie


Aujourd’hui un peu partout en Europe les gouvernements de droite et de «gauche», selon les recommandations du FMI, se donnent pour but d’augmenter l’âge de départ à la retraite : en France les travailleurs sont actuellement en lutte contre une réforme qui ne donnerait plus droit à la retraite à taux plein qu’à 67 ans, les travailleurs grecs sont en lutte contre une réforme similaire décidée par le gouvernement «socialiste», en Allemagne l’âge de départ de la retraite a été relevé à 67 ans… En Suisse, la 11ème révision de l’AVS, heureusement enterrée, prévoyait d’augmenter l’âge de départ à la retraite pour les femmes à 65 ans, et le projet couchepinesque de la retraite à 67 ans n’est que provisoirement mis entre parenthèses par la droite.


Selon la droite, ce relèvement serait inévitable étant donnée l’augmentation de l’espérance de vie. Or ce démantèlement social n’est en rien inévitable et il est possible de faire tout le contraire lorsque le gouvernement défend les intérêts des peuples et non ceux de quelques multinationales ! Et la Bolivie le prouve ! En mai dernier, le gouvernement d’Evo Morales décidait, en concertation avec le principal syndicat du pays, la Centrale ouvrière bolivienne (COB), une réforme des retraites. Non pas pour les démanteler comme dans les pays européens, mais au contraire pour abaisser l’âge de départ à la retraite. Selon les chiffres fournis par le Courrier du 15 mai 2010, l’âge de départ à la retraite est abaissé de 65 à 58 ans pour tous, à 56 ans pour les mineurs et à 51 ans pour les mineurs de fond. Il sera possible de toucher une rente pleine après 30 ans de cotisations, contre 35 actuellement. La rente sera calculée sur les 70% des 24 derniers mois de travail (contre 60 aujourd’hui). Un fonds de solidarité permettra à tous les retraités de toucher la rente minimale de 2'400 bolivianos annuels (380 francs). Le temps de cotisation minimal pour pouvoir toucher une rente passera à 10 ans, contre 15 aujourd’hui. Pour financer cette réforme, le gouvernement a fixé une hausse des cotisations de 3% pour la part patronale et de 0,5% pour les salariés.

Ce progrès social n’aurait pas été possible sans la majorité parlementaire détenue par le MAS (Movimiento al Socialismo), le parti du président Morales, un parti socialiste, réellement socialiste et non pas au sens de la social-démocratie européenne, et qui mène une politique de rétablissement et d’extension des droits sociaux, réduits à néant par des années de néolibéralisme, et de nationalisations. Il n’aurait pas non plus été possible sans l’action résolue du COB, un syndicat de lutte et non de «dialogue social», qui mène le combat pour la hausse des salaires et le progrès social, malgré les tentatives de déstabilisation de l’oligarchie. Sans doute que la Bolivie n’est pas la Suisse, ainsi l’espérance de vie n’y est que de 65,84 ans. Mais dans tout les cas l’exemple bolivien prouve que le démantèlement social et la tyrannie patronale ne sont pas une fatalité, et que par une lutte sans concessions le peuple peut non seulement défendre ses droits acquis, mais aussi se construire un autre avenir !