22 mai 2017

Communiqué de presse relatif aux résultats des votations populaires du 21.05.17

Le peuple refuse une hausse des tarifs des TPG, c’est bien clair ?!

C’est déjà la troisième fois en quelques années que le peuple genevois exprime clairement son refus d’une hausse sans mesure des tarifs des TPG. La majorité de droite du Grand Conseil, qui espérait, avec l’appui des Verts (aussi peu soucieux des valeurs de justice sociale que d’écologie sur ce coup apparemment…), forcer la main à un peuple qui aurait à son goût « mal voté », se prend là un camouflet plus que mérité, et que nous saluons. Combien de votes faudra-t-il encore pour que ladite majorité finisse par accepter que la République et canton de Genève est une démocratie, et que c’est donc le peuple qui y décide en dernière instance, et non pas elle ? Le Parti du Travail peut éprouver la fierté légitime d’avoir contribué à ce résultat, dans le mesure où il avait soutenu l’initiative de l’AVIVO pour une baisse des tarifs et pour leur inscription dans la loi dès son lancement – lancée, faut-il le rappeler, au lendemain d’une hausse particulièrement brutale des tarifs, consécutive à une refonte du réseau des TPG qui équivalait de fait à une baisse notable des prestations et décidée par des technocrates sans tenir aucun compte des desiderata des usagers. Il n’est peut-être pas inutile de rappeler que la droite, mais aussi les Verts et le PS étaient alors contre l’initiative. Le peuple a dû voter oui à deux reprises, certains milieux au pouvoir ayant tenté de le faire revoter parce qu’il aurait « mal voté » la première fois, selon la détestable méthode des eurocrates qui refusent le principe même de la démocratie.

Une droite genevoise qui a visiblement un problème avec la démocratie lorsqu’elle ne va pas dans son sens, le Conseil d’Etat, mais aussi les Verts, n’ont jamais accepté ce vote pourtant très clair. Rompant la promesse faite initialement par le Conseil d’Etat dans la brochure de votations – une baisse des recettes due à la baisse des tarifs devrait être compensée par une hausse de la subvention de l’Etat afin de maintenir et de développer les prestations – le gouvernement cantonal et le Grand Conseil ont préféré punir le peuple de ne pas avoir voté comme il le voulait en diminuant les prestations. Cette même majorité a tenté de prendre sa revanche en imposant malgré tout une hausse des tarifs. Le Parti du Travail avait contribué au référendum contre cette hausse à hauteur de près de 4’000 signatures. Nous sommes fiers d’avoir ainsi contribué à son succès en votation.

Nous exigeons maintenant que la volonté populaire soit – enfin ! – respectée : à savoir maintien et développement des prestations sans hausse des tarifs. Le communiqué du Conseil d’Etat, qui dit en substance que le peuple a, encore une fois, « mal voté », et sera donc puni par une baisse des prestations des TPG, est à cet égard tout simplement scandaleux ! Si les membres de ce Conseil d’Etat refusent d’admettre qu’ils sont en place pour se plier à la volonté du peuple qui les a élus, et non pour lui imposer la leur, ils doivent démissionner sur le champ, puisqu’à partir de ce moment là leur conduite constitue une remise en cause flagrante du principe même de démocratie. Nous suggérons également par la présente au peuple, s’il souhaite vouloir rester souverain et que sa volonté soit respectée, de ne plus voter pour des partis qui ont si peu d’estime pour lui, qui pensent être en droit de décider à sa place et de le sanctionner s’il ne vote pas comme ils le lui ordonnent.

Aujourd’hui plus que jamais, ne serait-ce que parce que le peuple souverain nous approuve dans ce combat pour la troisième fois consécutive, nous continuerons avec plus de résolution encore notre lutte pour des TPG à des tarifs abordables et des prestations de qualité, un combat à la fois écologique et social, pour la défense du service public, un combat d’avenir. L’importance de transports publics performants, du transfert modal du trafic individuel motorisé vers les transports publics, son urgence même, n’est pas à démontrer. Seule une droite profondément réactionnaire et vivant avec pas moins d’un siècle de retard peut penser le contraire. Des tarifs abordables n’en sont pas moins socialement nécessaires. Car, nous l’affirmons, les tarifs actuels sont déjà – pour une très grande partie de la population – bien assez chers. Et lorsque des gens qui portent au poignet des montres dont la valeur dépasse celle du salaire médian prétendent le contraire, nous nous permettrons d’estimer que leur avis n’est en l’occurrence pas très pertinent. Aussi nous exigeons une hausse de la subvention de l’Etat aux TPG et soutenons pleinement le projet de loi Ensemble à Gauche – PS – MCG visant à rendre obligatoire la compensation de toute baisse des recettes des TPG par une hausse de la subvention afin de maintenir les prestations. Les moyens existent. Encore faut-il avoir la volonté politique de les trouver, plutôt que de planifier le prochain cadeau fiscal pour les privilégiés. « Il faut choisir, l’eau potable pour tous ou le champagne pour quelques uns », avait dit Thomas Sankara. Nous rajouterons, dans un registre moins dramatique, qu’il faut aussi choisir entre des transports publics de qualité et bon marché pour tous, ou des jets privés pour quelques uns. En ce qui nous concerne, notre choix est fait.

Oui à la loi sur l’énergie, une bonne nouvelle !

Nous saluons le oui très clair du peuple et des canton, et le oui encore plus clair des électeurs genevois, à la révision de la loi fédérale sur l’énergie, qui, malgré ses objectifs limités par le choix de mécanismes de marché, constitue tout de même un progrès bien réel vers le développement des énergies renouvelables plutôt que des énergies fossiles, ainsi que vers une sortie du nucléaire. Car – faut-il le rappeler ? – un tournant écologique est aujourd’hui plus qu’urgent, si on veut simplement que notre planète reste habitable à moyen terme pour notre espèce. Nous sommes heureux que le peuple n’ait pas suivi les référendaires de droite, et ne se soit pas laissé tromper par sa campagne mensongère, ni par ses affiches qui semblent parodiques tellement elles sont grotesques. Il est grand temps que cette droite archaïque, qui est prête à prendre le risque de rendre la Terre inhabitable d’ici un siècle ou deux pour que quelques privilégiés puissent profiter encore un peu de leurs profits maximum, rejoigne sa vraie place, dans les poubelles de l’Histoire. Toutefois, si elle constitue un pas en avant appréciable, ne saurait être suffisante. Car il n’y a pas et ne peut pas y avoir de capitalisme vert. Pour un véritable changement, pour qu’un développement soutenable soit simplement envisageable, sont nécessaires a minima des investissements publics importants dans les énergies renouvelables, des mesures impératives (et pas seulement incitatives) et une limitation de la marge de manœuvre des entreprises privées, mues par leur seule soif de profits à n’importe quel prix, au nom de l’intérêt général.

Maison des Associations, un non regrettable

Nous regrettons en revanche que l’initiative pour la rénovation et l’agrandissement de la Maison des Associations n’ait pas passé. Car la Maison des Associations constitue un lieu indispensable pour les luttes progressistes, la vie associative et la démocratie ; et des travaux y sont urgents. Il s’agirait d’ailleurs de travaux bien plus utiles, et moins chers, que certains autres, dont le financement ne pose pourtant pas de problème politique. Nous continuerons nonobstant de soutenir la Maison des Associations et la recherche d’une solution pour des travaux de rénovation, dans la mesure où nous sommes conscients de l’importance de ce lieu et de ce qu’il représente.

Pour le Parti du Travail

Alexander Eniline

Président

09 mai 2017

Crépuscule d’une monarchie républicaine



(article écrit dans l'entre-deux tours)

Cet article eût pu avoir été plus enthousiaste. Du moins, l’avions nous espéré jusqu’au 23 avril à 20h00. Nous avions cru, à défaut de nécessairement croire que que Jean-Luc Mélenchon se retrouverait au deuxième tour, du moins dans le fait que c’était possible. Objectivement, la possibilité existait. Il n’y au eu final qu’à peine un peu plus de 2% de voix de différence entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Mais le système électoral français est ainsi fait que seuls les deux candidats arrivés en tête sont qualifiés pour le deuxième tour, les autres étant recalés, n’importe qu’ils n’aient que quelques voix de moins que les finalistes, ou qu’ils n’aient obtenu au final que quelques dixièmes de pourcents de l’électorat.

Pour une fois, le résultat fut celui que les médias bourgeois et les instituts de sondage avaient prédits ; et leur prophétie fut auto-réalisatrice : Emmanuel Macron, jeune-loup arriviste, ex-banquier d’affaire de chez Rothschild, ex-ministre de François Hollande, candidat de l’ultra-libéralisme et du vide sidéral, affrontera donc la candidate de l’extrême-droite (un tribunal français a reconnu qu’il est légal de la qualifier de fasciste si jamais…) héritière millionnaire mais qui prétend être du côté du petit peuple qu’elle n’a jamais connu, à la tête d’un parti d’extrême-droite, fondé par notamment plusieurs anciens SS et entretenant des liens tout à fait troubles avec la fachosphère et spéculant sur les pires idées de haine de l’extrême-droite, malgré son hypocrite « dédiabolisation » de façade, Marine Le Pen. Face à un tel adversaire, Macron est quasiment sûr d’être largement élu président de la République le 7 mai prochain. Singulière ironie…Jamais la social-démocratie n’aura trahi aussi effrontément et à aussi large échelle. François Hollande aura été élu sous le slogan « mon ennemi c’est la finance ». Mais lui et son premier ministre Manuel Valls auront continué très exactement la politique néolibérale et répressive de Nicolas Sarkozy. En pire. Casse du code du travail, de la protection sociale, des retraites, participations à des guerres impérialistes, cadeaux aux grandes entreprises, répression des luttes populaires…Il n’est pas surprenant que cette fausse gauche ait attiré une haine quasi unanime d’un peuple français ; qui n’a pas oublié pourtant l’ignominie du quinquennat précédent, celui de Sarkozy. De ce fait, le président sortant, François Hollande, s’est résigné à ne pas se présenter afin de ne pas subir l’humiliation d’être recalé dès le premier tour avec une petite poignée de pourcents. Nicolas Sarkozy et Manuel Valls ont été laminés aux primaires de leur parti respectif. Et le PS et les Républicains, les deux partis hégémoniques de la Vème république jusque là, ont vu leurs candidats respectifs à la présidentielle faire seulement 25% de voix cumulées. Du jamais vu…Et pour quel résultat. Les électeurs ont désormais le choix entre un ancien ministre de Hollande, symbole des pires politiques néolibérales du quinquennat, et une fasciste patentée. Si Macron gagne, comme il semble assuré de le faire, c’est parti pour un nouveau quinquennat Hollande. En encore pire.

Quid du second tour ?

Quoique, Macron est-il réellement sûr d’avoir gagné d’avance ? Son arrogance le laisserait penser, et en 2002 Jacques Chirac avait été plébiscité à 82% face à Jean-Marie Le Pen. Mais les apparences sont trompeuses, car Macron n’est pas Chirac, et son arrogance pourrait lui jouer des tours. De fait, bien des choses ont changé depuis 2002. La première fois que le FN était présent au deuxième tour – ce pour des facteurs contingents, c’est-à-dire la division du PS, du moins l’avait-on pensé alors – avait été un véritable traumatisme pour beaucoup d’électeurs d’une façon ou d’une autre opposés au fascisme. Un « front républicain » a pu alors se créer et fonctionner, sous le mot d’ordre généralisé, à droite comme à gauche, « votez Chirac ! ». Jacques Chirac lui-même sut se conduire avec dignité et conscience de la gravité de la situation durant la campagne pour le deuxième tour…pour ensuite, une fois élu, ne tenir aucun compte des voix des électeurs de gauche ayant voté pour lui, et mener une politique de droite néolibérale et revancharde. Depuis, l’antifascisme apolitique et moralisant, « républicaniste », et refusant toute analyse des causes du succès du FN, s’est largement décrédibilisé.

Dans un rapport de forces changés au niveau international depuis la liquidation du socialisme en URSS, la droite est devenue plus revancharde et extrémiste néolibérale que jamais. La social-démocratie conduit la plupart du temps la même politique. Les classes populaires, qui souffrent de ces politiques et du chômage – ce d’autant que la crise systémique du capitalisme, qui s’est brutalement déclenchée en 2008, a encore aggravé la situation – n’en peuvent plus, et ressentent une haine plus que légitime face aux partis de la bourgeoisie, fût-ce sous bannière social-démocrate, qui mènent une politique directement à l’encontre de leurs intérêts les plus élémentaires. En l’absence d’une conscience politique clair, le lavage de cerveau néolibéral et anti-communiste depuis des décennies ayant été assez efficace, il n’était que trop prévisible que bien des gens, poussés par le désespoir, se tournent vers l’extrême-droite comme vers une illusoire alternative. Ce sont les politiques néolibérales qui sont le terreau de la montée du fascisme. Ce sont les quinquennats de Sarkozy et de Hollande qui ont fait le lit du FN.

Cette fois-ci, la présence du FN au deuxième tour a certes suscité des réactions indignées, mais tellement en-deçà de ce que nous avions pu voir en 2002. Preuve d’une banalisation inquiétante du FN. A cause de la « dédiabolisation » ? Pourtant, le FN n’a pas vraiment changé. Pour preuve, le président ad-intérim de la formation lepéniste, Jean-François Jalkh, qui a dû céder son poste pour cause de propos négationnistes révélés par la presse (il avait affirmé, notamment, que le Zyklon B n’aurait soi-disant pas pu avoir été utilisé dans une entreprise d’extermination de masse…). Et pourtant, cet ancien proche de Jean-Marie Le Pen est resté vice-président sous sa fille.

Du côté du camp Macron et des médias dominants, on assiste à un véritable matraquage : appels hystériques pour un plébiscite pour Macron, ultimatums et lynchage pour ceux qui ne jouent pas le jeu à l’appui. Jean-Luc Mélenchon a notamment fait l’objet d’une campagne de dénigrement scandaleuse et hypocrite de la part d’antifascistes de pacotille de la toute dernière heure, qui ne militent contre le FN qu’une fois toutes les quinze ans, uniquement en exigeant des classes populaires qu’elles votent pour le champion du moment de la bourgeoisie. On reproche en effet à Mélenchon de ne pas avoir clairement appelé à voter Macron, et d’avoir, au lieu de cela, organisé une consultation des membres de la France insoumise (avec trois options : vote Macron, vote blanc, ou abstention…le vote FN n’étant pas même envisagé), au lieu de décider tout seul au nom de tous, comme tous les leaders « démocratiques » bourgeois.

Pourtant, si quelqu’un peut faire perdre à Macron une élection apparemment imperdable, ce n’est certes pas Jean-Luc Mélenchon, qui en a plus fait pour combattre le FN que tous ses calomniateurs réunis. Le seul qui le peut, et qui semble bien parti pour y arriver, c’est Macron lui-même, ainsi que ses soutiens médiatiques. Ce à quoi nous assistons, ce n’est pas un appel à un « Front républicain », mais à un véritable chantage pour plébisciter le candidat des banques. Le masque de l’antifascisme est en l’occurrence bien trop hypocrite et risque de ne pas être très efficace. Le candidat Macron lui-même, se considérant visiblement déjà couronné roi de France, a déclaré qu’il n’avait aucune concession à faire à personne, et exigé explicitement de voter pour lui, pas seulement pour battre Le Pen, mais bien pour plébisciter son programme néolibéral et antisocial, qu’il a pour but d’appliquer quoi qu’il advienne. Circonstance embarrassante pour lui, étant donné le flou qu’il fait planer sur la composition de son éventuel futur gouvernement, une rumeur a commencé à circuler sur le fait que son premier ministre pourrait être Laurence Parisot, ex-présidente du MEDEF. Mme Parisot s’est dite intéressée par la fonction. Macron n’a pas démenti, ni confirmé d’ailleurs. Pourtant, cela signifierait le MEDEF directement à la tête du gouvernement. Si elle voulait faire gagner Marine Le Pen, Mme Parisot ne s’y prendrait pas mieux…Manuel Valls a également annoncé sa volonté de faire partie de la majorité gouvernementale. Et il n’est pas le seul. Nombre de caciques PS et LR des plus détestés ont fait de même. Ceux qui ont cru en l’absurde promesse de « renouveau » de Macron risquent fort d’en rester pour leurs frais…

Aussi, n’est-il pas étonnant que Macron, s’il conserve toujours une confortable avance sur Marine Le Pen dans les sondages, est d’ores et déjà assuré de ne pas bénéficier d’un plébiscite à la Chirac, et continue de baisser, alors que son adversaire, elle progresse. L’écart entre les deux se resserre. Face à Macron, Marine Le Pen prétend hypocritement prendre le parti des travailleurs et des classes populaires, ce alors que son programme est en réalité tout aussi libéral et antisocial que celle de son adversaire. C’est là une vielle astuce des fascistes, se faire passer pour des défenseurs des travailleurs, alors qu’ils en sont les pires ennemis. Mais le fait qu’elle se retrouve face à Macron, qui par ses manières de petit marquis incarne l’arrogance de la bourgeoisie dans ce qu’elle a de plus détestable facilite la manœuvre pour Mme Le Pen. Et l’hystérie des médias pro-macronistes risque en réalité d’être contre-productive : ils risquent au contraire de faire passer le vote FN pour le seul vote protestataire et « antisystème » ; et par là de le favoriser. Comme le tapage médiatique pour Hillary Clinton a en réalité aidé Donald Trump à remporter l’élection présidentielle.

On voit de ce fait, à gauche, un débat assez confus et passionnel sur la bonne stratégie à adopter au deuxième tour : voter et faire voter Macron au deuxième tour, puisque le FN est cette fois vraiment aux portes du pouvoir ; ou bien, ne cautionner ni l’un ni l’autre, et s’abstenir, ou bien voter blanc. Nous ne prendrons pas position dans ce débat. Mais il convient peut-être d’en relativiser quelque peu l’importance. La candidate du fascisme aux portes du pouvoir face à celui des banques comme seul choix démocratique, ce n’est pas la catastrophe imminente. C’est une catastrophe déjà là. Impossible à désamorcer. Au mieux, une victoire de Macron ne serait qu’un répit, dans la mesure où la politique qu’il mènera certainement ne fera que renforcer encore plus le FN, certainement pas une victoire réelle de l’antifascisme. Et appeler à voter pour lui, outre que le coût politique soit sans doute trop élevé, dans la mesure où un tel appel pourrait passer pour un semi-ralliement à son programme, risque paradoxalement d’aider un peu plus le FN, qui pourrait réussir ainsi à passer pour la seule vraie opposition face à la « grande coalition » UMPS et de tous les autres partis…

Et ce serait une illusion terrible de croire que la bourgeoisie libérale puisse être un quelconque rempart solide contre le fascisme. Bien plus souvent, elle choisit d’être son marchepied. Ce qui n’est pas étonnant. Le libéralisme bourgeois et le fascisme étant des forces politiques au service d’une même classe. Leurs attaches de classe au final les rapprochent bien plus que leurs idées ne les éloignent. La bourgeoisie peut être plus ou moins sincèrement libérale lorsque sa domination est assurée ; mais elle n’a jamais de scrupule à se rallier corps et âme au fascisme quand son pouvoir en vient à être menacé. Au final, ses privilèges comptent toujours plus à ses yeux que la liberté et la démocratie. L’histoire n’a apporté que bien suffisamment de preuve de l’inanité de tout « front républicain ». Sans prétendre bien sûr tirer des analogies directes avec la situation de la France aujourd’hui, nous donnerons deux exemples. Les mencheviks et les SR justifiaient la politique de la coalition avec les cadets au nom de la sauvegarde des libertés démocratiques acquises lors de la révolution de février. Mais les cadets n’hésitèrent pas un instant à jeter la bannière de la démocratie et des libertés individuelles par dessus bord lorsque la propriété bourgeoise fut sérieusement menacée par la lutte de la classe ouvrière ; et afin de tenter de défaire les bolcheviks, trahirent leurs alliés socialistes modérés, mais aussi leurs principes constitutionnels, pour se rallier au coup d’Etat raté du général Kornilov, qui aurait restauré le despotisme, qu’ils avaient pourtant prétendu combattre. Et la droite allemande, avec le soutien du SPD, présenta le maréchal Von Hindenburg comme un rempart contre le nazisme. Le KPD refusa de marcher dans ce prétendu « front républicain » avant l’heure. La suite est connue : le président Von Hindenburg nomma Adolf Hitler chancelier, alors que le NSDAP n’avait même pas la majorité au Reichstag…Les partis de droite sensément « démocratiques » cautionnèrent la manœuvre.

Signification pourtant tendanciellement révolutionnaire

Résultat totalement désastreux de ce premier tour, serait-on tenté de dire. C’est sans doute s’arrêter aux apparences. Le candidat des banques faces à celle du fascisme, ce n’est pas la seule leçon à en tirer. Comme nous l’avons dit. Les deux partis du bipartisme jusque là n’ont vu leurs candidats respectifs cumuler seulement quelques 25% des voix. C’est du jamais vu dans la Vème république. Un véritable désaveu. Une défaite majeure. La droite n’est certes pas encore aux abois. Son champion arrive troisième, à tout juste 2% d’écarts de Mme Le Pen. Et il a perdu principalement à cause des affaires de détournement d’argent public. Parce qu’un escroc qui prêche l’austérité et la morale aux autres, selon l’éternel principe « faites ce que je dis, pas ce que je fais », ce n’est pas vraiment idéal pour être élu président de la république.

Benoît Hamon, en revanche, a été véritablement laminé, à tout juste un peu plus de 6%. C’est une débâcle historique pour le PS. Une débâcle qui n’a que peu avoir avec la personne du candidat désigné par la primaire, mais uniquement avec le fait que le PS a perdu toute crédibilité de par l’action au pouvoir de messieurs Hollande et Valls. Benoît Hamon, en maintenant sans candidature, porte sans doute une très grande part de responsabilité dans la présence du FN au deuxième tour. S’il s’était retiré, nous aurions eu un deuxième tour Mélenchon vs. Macron ; une configuration autrement plus intéressante. Mais sa candidature n’avait au fond que peu avoir avec la présidence de la république. Le but était de tenter de sauver le PS, en tentant de faire croire qu’il est toujours un parti de gauche. Un ancien « frondeur » semblait le plus indiqué pour la mission. Mais il s’agissait visiblement d’une mission impossible, qui n’aura fait que porter le coup de grâce au PS. Le parti fondé par François Mitterrand à Epinay en 1971, qui aura réussi pendant des dizaines d’années à usurper le nom de socialiste pour mener plus ou moins la même politique que la droite au pouvoir, qui aura réussi à affaiblir drastiquement le PCF en le faisant entrer dans son jeu de faux-semblants, qui aura fait tant de dégâts au mouvement populaire, qui aura imposé l’euro et la soumission à l’eurocratie en France, ce parti est définitivement discrédité et en voie de pasokisation irréversible.

Ce seul fait est une bonne nouvelle, ne serait-ce que parce que la fin du bipartisme et l’effacement inéluctable du PS ouvrent un champ politique que le général de Gaulle avait réussi à cadenasser. La déroute du PS, sa désintégration prochaine (son aile droite veut en effet balancer à la poubelle le vieux parti d’Epinay pour rejoindre Macron dans une recomposition centriste et sans plus aucune allusion, fût-ce formelle ou hypocrite, à la gauche ou au socialisme).

En ce sens, les 19% de Jean-Luc Mélenchon, même s’ils ne lui ont pas suffi pour être au deuxième tour, n’en constituent pas moins une grande victoire. C’est la première fois qu’un candidat d’une gauche authentique fait un score aussi significative, depuis que, il y a bien longtemps, Jacques Duclos obtenait 21%. La campagne de Jean-Luc Mélenchon aura permis de politiser des centaines de milliers de personnes autour d’idées de progrès, de justice sociale, de planification écologique…qui pourraient déboucher sur une rupture potentiellement révolutionnaire. C’est là une occasion rêvée pour les classes populaires de se débarrasser de l’hégémonie politique de la bourgeoisie, pour s’engager derrière leur propre organisation, luttant pour leurs véritables intérêts et aspirations nécessairement révolutionnaires. Reste toutefois à concrétiser cette dynamique sur la durée.

Perspectives d’avenir

Quelque soit le vainqueur de deuxième tour, un enjeu plus important encore seront les élections à l’Assemblée nationale. Elle détermineront quelle majorité en définitive gouvernera la France, et pour mener quelle politique.

Avec quelle majorité pourrait gouverner Macron ? Celle de son mouvement En marche ? Il s’agit d’un ectoplasme sans programme ni identité politique bien définie. Il serait pour le moins improbable que cette misérable nébuleuse reproduise le succès personnel de son champion, qui n’aura été élu qu’en tant qu’individu, parce qu’il aura été survendu par les médias du capital, en gagnant une majorité de circonscriptions. Le plus probable est que Macron arrive à rassembler une coalition hétéroclite à partir des derniers débris du PS et d’une partie des Républicains et d’une poussière de centristes, menant à une recomposition centriste du champ politique français, une sorte de « Parti démocrate progressiste néolibéral moderniste et ectoplasmique » vaguement à l’américaine. Il ne s’agirait pas là d’une transposition à la France, comme d’aucun ont pu l’insinuer, du « compromis helvétique » (qui au moins se fait entre vrais partis historiques, possédant une culture politique distincte, une histoire, un héritage), mais d’une véritable décomposition de la vie politique française, de sa berlusconisation. Que la bourgeoisie doive se résoudre à sacrifier ses partis historiques pour s’en remettre à un tel marais informe en dit long  sur son incapacité à continuer à gouverner comme par le passé…

Si Emmanuel Macron n’obtient pas de majorité à l’Assemblée nationale, on s’acheminerait le plus probablement vers un blocage. Certes, la cinquième république s’apparente plus à une monarchie élective qu’à une véritable démocratie, et l’Assemblée nationale constitue plus une chambre d’enregistrement pour le gouvernement qu’un véritable parlement. Il n’en reste pas moins vrai qu’il ne s’agit pas d’une monarchie absolue, et que, s’il dispose d’une certaine marge de manœuvre pour gouverner par décrets et de l’abus flagrant contre la démocratie qu’est le 49.3, le président de la république ne peut réellement imposer ses vues ni légiférer sans majorité au parlement. Il peut certes dissoudre en tout temps l’Assemblée nationale – et cette menace a souvent suffi à forcer la main à la majorité parlementaire ; c’est du moins là une arme que François Hollande n’avait pas hésité à utiliser. Mais une dissolution ne résoudrait rien, puisqu’elle serait suivie d’élections anticipées, qui ne donneraient pas forcément une majorité plus favorable au président en place.

Que se passerait-il si ce scénario de blocage venait à se réaliser ? Emmanuel Macron avait certes dit une fois qu’il manque un roi à la France. Peut-être rêve-t-il de monter sur le trône sous le nom d’Emmanuel Ier, voire même de revêtir la pourpre de l’autocrator pour régner en monarque absolu. La symbolique a assurément vieilli, et cette éventualité semble tenir de la pure politique fiction pas très sérieuse. Encore qu’il ne faille pas sous-estimer la tentation de l’oligarchie à recourir à une solution autoritaire si elle n’arrive plus à dominer comme avant, derrière la façade de la démocratie et de la république. Il s’agirait certes plutôt d’une technocratie sans contrôle populaire calquée sur celle de la mal-nommée « construction européenne » que d’une autocratie des temps jadis.

Marine Le Pen, en revanche, n’a aucune chance d’obtenir une majorité parlementaire. Le FN n’a actuellement que deux élus à l’Assemblée nationale. Une victoire à la présidentielle serait sans doute suivie d’une percée aux législatives, mais tout de même pas du tout au tout. On se dirigerait dans le meilleur des cas vers un cohabitation houleuse, à moins qu’une majorité de droite ne décide de tomber son masque « républicain » pour faire une alliance avec le FN sur une ligne néoconservatrice, xénophobe et fascisante…Avec Nicolas Sarkozy, on y était presque.

Quoiqu’il en soit, une situation de blocage au parlement, d’absence de majorité parlementaire, serait un signe patent de faiblesse de la bourgeoisie, une preuve évidente de son incapacité de gouverner comme avant. Reste aux classes populaires de refuser de continuer à être gouverner comme avant, et de s’organiser massivement dans la lutte pour concrétiser cette volonté.

Ou, pour le dire autrement, que faire des 19% de Jean-Luc Mélenchon ?. Ce serait tragique si cette dynamique devait se révéler éphémère. L’essentiel étant de lutter dans la durée, et non pas tout miser sur une élection. Mais pour concrétiser les objectifs révolutionnaires du programme que Jean-Luc Mélenchon avait porté, est nécessaire une organisation solide, capable de mener une lutte difficile sur une longue durée et jusqu’au bout, c’est-à-dire un parti, et pas un simple mouvement. En particulier, l’idée d’une forme organisationnelle telle qu’un mouvement sans structure forte, unie seulement par l’adhésion à un programme, n’est pas nouvelle. C’est celle que Julius Martov avait prônée naguère. L’efficacité révolutionnaire des mencheviks étant légendaire, nous ne saurions trop prévenir contre la mode de faire du nouveau pour faire du nouveau, sans tenir compte de l’histoire. A ce jeu, on risque surtout de réinventer l’eau tiède.

La candidature de Jean-Luc Mélenchon n’a pas été portée seulement par la France insoumise, mais aussi par d’autres organisations, et principalement le PCF. C’est d’ailleurs dans les bastions du PCF qu’il a fait ses meilleurs résultats. Nos camarades du PCF on là une responsabilité énorme devant l’histoire. Nous leur souhaitons de réussir ce défi.


NON à la hausse des tarifs des TPG !

La majorité de droite du Grand Conseil, mais aussi une partie de la « gauche », n’on jamais accepté le vote très clair, et à deux reprises, du peuple en faveur de l’initiative populaire de l’AVIVO pour la baisse des tarifs des TPG, visant à annuler une hausse de ceux-ci annoncée en même temps qu’une détérioration des prestations, ainsi qu’à empêcher des hausses arbitraires futures sans possibilité de référendum. Pour sanctionner les citoyens, qui auraient « mal voté », et nonobstant ses propres déclarations durant la campagne, le Conseil d’Etat a sciemment procédé à une détérioration des prestations des TPG, soi-disant pour « compenser les pertes » dues à la baisse des tarifs. A aucun moment il n’a été question d’augmenter la subvention aux TPG, malgré qu’il était clairement marqué dans la brochure de vote : «  L’Etat devrait augmenter d’autant sa subvention à l’entreprise, pour éviter que les TPG soient contraints de supprimer des prestations.  » Au lieu de cela, on a préféré inventer un mensonge comme quoi les initiants auraient dit que l’initiative serait une opération neutre d’un point de vue comptable, les pertes étant sensées être compensées par une hausse des rentrées suite à un afflux de nouveaux usagers. Or c’est faux, les initiants n’ont jamais rien dit de tel !

Et maintenant, cette majorité de droite, avec l’appui des Verts, a décidé de prendre sa revanche sur le peuple en décidant une hausse des tarifs des TPG de près de 4%, ce qui correspondrait à 8 millions par an. On nous dit que cette hausse serait nécessaire pour ne pas avoir à couper dans les prestations. Mensonge ! La droite et le Conseil d’Etat n’ont en rien renoncé à leur obsession de démantèlement du service public que sont les TPG et d’extension de la sous-traitance au privé. Du reste, l’augmentation des tarifs vise en grande partie à compenser une coupe de 4 millions dans la subvention de l’Etat aux TPG. Or il s’agit-là d’une mesure allant à l’encontre de la logique même de service public, dont le but est d’offrir des prestations de qualité à toutes et tous à des prix accessibles et pas la rentabilité ; d’une mesure anti-écologique (avec l’appui des Verts !) – alors qu’il est urgent d’encourager l’usage des transports publics plutôt que de la voiture, augmenter les tarifs des TPG est absurde – et profondément antisociale. C’est d’autant plus choquant que la droite majoritaire dans ce canton mène une politique d’austérité, de casse des prestations et des services publics ; et de cadeaux fiscaux à répétions aux plus riches et aux grandes entreprises.  Ces cadeaux fiscaux, la droite voudrait les faire payer aux travailleurs, notamment dans la mesure où ils sont des usagers des TPG.

Remarquez que l’affiche du PDC pour cette votation présente l’image d’un bus bondé, dans lequel tous les hommes visibles sont cravatés. Image involontairement révélatrice. Si la droite continue sa politique de hausse des tarifs, bientôt seuls ceux qui ont les moyens de s’offrir des cravates à 80,- pièce et trouver cette dépense non-significative pourront se permettre l’usage des transports publics. Qui effectivement auront alors pléthore de places assises. Les autres devront aller à pied…

La hausses des tarifs n’aurait guère d’importance si elle permet de maintenir les prestations, dans la mesure où les usagers des TPG sont une « clientèle captive » et n’auraient de toute façon pas d’autre choix que de les utiliser, et donc de payer plus cher, que disent la droite et les Verts. Sans doute, les élus de ces partis ont-ils des revenus assez élevés pour considérer cette hausse comme peu significative, mais ce n’est assurément pas les cas d’une grande partie de la population pour laquelle chaque franc est compté. Pour ce qui nous concerne, nous rejetons totalement cette ponction supplémentaire de celles et ceux que la société capitaliste laisse déjà sur le carreau. Remarquons en passant que le 25 septembre dernier le peuple a approuvé un plafonnement de la déduction fiscale pour les frais de déplacement professionnels à 500,- car c’est le prix d’un abonnement unireso qu’ils disaient. Mais avec cette hausse le prix d’un abonnement annuel unireso passerait à 550,-. C’est là tout simplement se moquer du peuple !

Puisque les tarifs des TPG sont désormais inscrits dans la loi, toute augmentation est de ce fait soumise au référendum facultatif. De ce fait, un référendum a été déposé, essentiellement par l’effort des partis membres d’Ensemble à Gauche ; le Parti du Travail avait notamment récolté près de 4'000 signatures. Le PS avait aussi soutenu le référendum, mais avec moins de 1'000 signatures. La contribution du MCG fut à peu près symbolique.


Parce qu’il n’est pas question d’accepter cette nouvelle attaque contre les classes populaires, parce que la majorité parlementaire doit enfin accepter la volonté du peuple, parce que ce n’est pas à la droite et aux Verts de décider que le peuple a « mal » voté, Votez NON le 21 mai !

Oui à la valorisation et à l’agrandissement de la Maison internationale des associations

Depuis sa création en 2001, dans les locaux du journal La Suisse disparu, la Maison des associations loue des locaux à plus de 60 associations, et met à disposition 11 salles à des prix modiques. Plus de 1500 événements y ont lieu chaque année, donc énormément ayant une valeur progressiste incontestable. Tous nos militant s’y sont certainement déjà retrouvés à maintes reprises.

La Maison des associations est lieu d’une importance fondamental. Il est en effet particulièrement difficile de mener un combat politique sans disposer de locaux pour des réunions ou des événements publics. Et pour celles et ceux qui ne prennent pas le parti du capital mais de ceux qu’il opprime, et qui ne peuvent donc pas compter sur son argent, la question est d’autant plus vitale.

Or la Maison des associations ne peut compter que sur les loyers modiques payés par les associations qu’elle héberge pour son financement. Et n’a donc pas les moyens de financer des travaux de rénovation et d’agrandissement, qui sont urgents étant donné l’état du bâtiment. Une initiative populaire a été donc lancée demandant que l’Etat finance ces travaux à hauteur de 16,5 millions de francs. Une dépense supportable, et qui serait bien plus utile que bien des travaux que fait le canton.

Un Oui à cette initiative est un Oui à la démocratie et aux luttes progressistes.