30 janvier 2009

l'expression contre l'oppression v1.0


N.B: le texte qui suit est la reproduction fidèle du commentaire sur Dailymotion
l'expression contre l'oppression v1.0
Vidéo envoyée par linconnubxl
40 artistes belges répondent à l'appel, en soutien au peuple palestinien

Abdo, Arabica (Couscous Clan), Anakonda (DCS), Bilibra, Cheb Malek, Cybang
Djam le Rif (CNN), Driss, El Mago (DCS), Enas Reddin, Esko, Ertug (BCL), HMI
Hoomam (ULS Prod), Insaan (Couscous Clan), Issam, James Deano, Kazavetz
KHD (A6000), Kortas (Couscous Clan), L'Ab2C (Opak), Le Must (A6000)
Mourad (Ben label), Nerlock kila (OH My Prod), Passpartou,
RomOne (OH My Prod), Rayane et Adam, Saad (BX en force), SCYLLA (OPAK),
Shany, SegOne (Starflam), Seriak (OH My Prod), S'Jam, The Wil, Vedat,
Verbal (BCL), Youn-S, Yumer (A6000), Zz'ino (A6000)

Beatmaker : Daroum

pour info...

L’enregistrement sonore et le clip ont été fait le même jour au studio face a, la plupart des mc's ont écrit sur place. Respect

"L'ordre règne à Genève"








"Engage-toi, réengage-toi !"

Nouvel hymne à la jeunesse rebelle du monde entier extrait du prochain album de Bérurier Noir.


N.B: l'article qui suit a été rédigé le 01.02.09

Le Conseil d'Etat de "gauche" à la solde de la droite croyait pouvoir décourager la gauche radicale de manifester contre le WEF en interdisant au dernier moment (alors que la coordination s'est montrée irreprochable dans ses négociations avec la police) la manifestation prévue pour le samedi 31 janvier. Pas de chance! Non seulement aucune organisation signataire de l'appel à la manifestation ne s'est désistée, mais solidaritéS et les syndicats (d'abord hésitants) s'y sont joints, ainsi que de nombreuses personnes non-membres des organisations en question mais attachées aux droits démocratiques: entre 1000 et 2000 au total. Le rassemblement avec prises de parole s'est très bien déroulé, les manifestants sont jusqu'au bout restés pacifiques, à écouter les discours au contenu clairement révolutionnaire: Jean-Luc Ardite, président du PdT, a rappelé l'alternative "socialisme ou barbarie", le célèbre sociologue socialiste de gauche Jean Ziegler a parlé d'une montée du fascisme à propos de l'interdiction de la manifestation.

Or cela, la police ne voulait pas l'accepter! Désireux de criminaliser toute contestation de l'ordre établi et voyant que les manifestants ne lui en donnaient pas le prétexte, le gouvernement genevois donna à sa police l'ordre de créer ce prétexte. Ce qui fut fait. Une partie des manifestants voulut défiler pacifiquement malgré l'interdiction, en parlementant d'abord avec la police; on les laissa marcher quelques mètres, puis la police les attaqua sans la moindre raison avec un tir de barrage de grenades lacrymogènes et des balles en caoutchouc, les forçants à refluer vers la Rue du Mont-Blanc. Auparavant, la police avait donné l'ordre aux manifestants de se disperser, tout en blocant les passages presque complètement, si bien que les gens ne pouvaient passer qu'au compte-gouttes, soit-disant pour garantir "l'ordre public". Or dès le jet des premières grenades, la police mit son plan à exécution: les passages furent totalement bloqués, laissants des dizaines de manifestants qui n'avaient pas eu le temps de se disperser, ainsi que de simples badauds pris au piège. J'étais resté avec quelques camarades afin de s'assurer que tous les membres présent du Parti quitteraient les lieux sains et saufs. Au moment des faits, je me trouvais sur l'esplanade d'où les discours avaient été prononcés, ce qui me donnait une vue surplombante. Depuis là, j'ai respiré du gaz lacrymogène jusqu'à l'overdose et j'ai pu voire de mes yeux toutes les exactions de la police: de ce que j'écris, je n'ai rien inventé, je me borne à relater les faits dont j'ai été le témoin oculaire.

Pendant des heures, les keufs déguisés pour l'occasion en infanterie lourde des temps jadis ont retenus en otage près d'une centaine de personnes, sans la moindre raison, refusant de parlementer et allant jusqu'à menacer de "coups de matraque dans les jambes" ceux qui s'y risqueraient. Or cela était de la provoc tout à fait classique: en effet les manifestants qui restaient, pour la plupart des jeunes aux intentions pacifiques (certains étaient venus par solidarité avec le peuple palestinien), surtout les plus nerveux ou ceux qui sont un peu claustrophobes, ne pouvaient que céder à l'insoutenable pression. Jeter des canettes ou des bouteilles de bière sur les flics était une réaction parfaitement naturelle. Par son attitude arrogante et autiste, la police a prouvé que cette réaction elle la voulait. A ces quelques jets, qui pouvaient tout au plus tacher de bière un uniforme (grave crime s'il en est!), la police répliqua, de façon scandaleusement disproportionnée, par le jet de dizaines de grenades lacrymogènes dans le tas, faisant fi de la santé des personnes présentes. Certains en ont pourtant eu des malaises, un jeune dut même être hospitalisé. Pourquoi une telle disproportion? Encore de la provoc! Les centaines de manifestants qui étaient déjà sortis de l'encerclement furent naturellement portés à venir au secours de leurs camarades pris au piège, à user de leur droit de légitime défense. Alors, la police put vraiment se déchaîner dans une répression hallucinante: grenades lacrymogènes, balles de caoutchouc, camions avec des jets d'eau, le tout ressemblait plus à la reconstruction d'un combat de rue qu'à une opération de police. Des policiers jetèrent même des grenades lacrymogènes à l'intérieur de la Manor, contaminant la ventilation! Certes, après d'âpres négociations avec ATTAC, la police accepta de laissa sortir les membres de certaines organisations (dont le PdT), mais dans l'arbitraire le plus total, refusant ce droit à la plupart pour simple délit de faciès... ou délit de port du foulard!

Pourquoi une telle répression sauvage? Les faits ont démontré (si toutefois cela n'était pas évident!) que le prétexte officiel que sont les "casseurs" ne tient pas la route. Bilan des dégâts: quelques papiers et bouteilles par terre, le contenu d'une poubelle brûlé (il l'aurait de toute façon été aux Chenevriers), une caissette de 20minutes renversée... par contre le prix de la répression est de 1,2 millions, au frais du contribuable! Invoquer une affiche hyper symbolique et stylisée, avec notamment un fond de flammes, était d'un ridicule sans nom, comme si les manifestants sont une horde de barbares venus brûler Genève (est-ce pour cela que les flics se déguisent en légionaires romains?) Il n'existe rien de tel que le black block, et aucun casseur n'était présent à la manifestation... ou plutôt si: le "blue block", les sbires de Moutinot! Par contre, interdire une manifestation sous prétexte que quelques insignifiants dégâts matériels pourraient en résulter est d'une gravité extrême, cela revient à remettre en cause un droit démocratique fondamental! Alors pourquoi le "socialiste" Moutinot prit une décision d'une telle gravité?

Cela devient plus clair si l'on songe à l'objet de la manifestation: le World Economical Forum de Davos. Car qu'est que le WEF? C'est tout simplement la réunion des représentantants des grandes multinationales (il faut avoir un chiffre d'affaires de 5 milliards de dollars annuel pour en être membre), le conclave des princes de la finance et des chefs des Etats bourgeois à leur solde qui cette année se sont réunis pour se mettre d'accord de comment construire le "monde d'après crise", c'est-à-dire de comment nous faire payer leur crise. S'il y a des "casseurs", c'est à Davos qu'ils se réunissent, légalement et sous la protection de l'armée suisse: en effet les seigneur du capital sont responsables de millions de morts, de centaines de millions de vies brisées, d'océans de sang et de larmes. En somme, le WEF est le meilleur exemple de la démocratie censitaire poussée jusqu'à l'absurde, voire d'un nouvel avatar du féodalisme, les potentats qui décident de la politique mondiale dans leur intérêt exclusif et dans le mépris le plus total de l'avis de leurs peuples! Or nous n'acceptons pas leur domination et de leur monde nous n'en voulons pas! Ce que nous souhaitons nous c'est construire l'après-capitalisme, leur arracher le pouvoir et la richesse qui revient de droit aux peuples pour rompre avec leur tyrannie et construire sans eux un autre monde.

Or la bourgeoisie, dont la droite mais aussi la pseudo-gauche modérée est le bras politique, se sentant affaiblie par la crise, honnie par les masses qu'elle exploite impunément, ne veut pas entendre parler de la contestation par laquelle elle se sent menacée: en effet les travailleurs ont toutes les raisons du monde de se révolter, de briser leurs chaînes et de renverser leurs oppresseurs. C'est pourquoi, pour sauver son pouvoir affaiblie par la crise, la bourgeoisie est aujourd'hui décidée de suivre la même voie que ses ancêtres en 1929: liquider la démocratie bourgeoise pour éliminer physiquement toute opposition et mettre à la place une dictature néo-fasciste. C'est pourquoi, quand Jean Ziegler parla de "montée du fascisme", il n'avait que trop raison. Pour éviter que le peuple ne se lève à la défense de ses libertés chèrement acquises, la bourgeoisie le noie, par l'intermédiaire de ses médias, sous une propagande mensongère, invoquant toujours sous forme de délire paranoïaque le même prétexte pour supprimer la liberté: la sécurité. Cette fascisation rempante prend aujourd'hui des proportions terrifiantes: caméras de sécurité, fichage des manifestants, criminalisation de toute contestation, suppression de l'habeas corpus (un droit acquis par la révolution bourgeoise anglaise de 1649!), arrestations "préventives" (c'est-à-dire arbitraires), documents biométriques, Guantanamo, torture, Patriot Act... la liste est très, très longue!

Et c'est au service de cette politique que c'est mis le conseiller d'Etat socialiste Laurent Moutinot, c'est cette politique que promeuvent Pierre Weiss et Eric Stauffer. Sur le site de M. Moutinot, les pages "droit des personnes" et "sécurité et dignité" sont "en construction"... en effet, il y a du travail! S'il voulait être honnête envers ses électeurs, Moutinot devrait soit démissionner, soit adhérer à l'UDC! En effet, en quoi son bilan est il de gauche? Ministre des travaux publics: le peuple n'a guère vu les logements sociaux qu'il était sensé faire construire. Ministre des institutions: répression sauvage des mendiants roms (on n'osait pas en faire autant au Moyen Age!), défense du centre Frambois pour la détention de réquérents d'asyle déboutés qu'Amnesty international avait jugé contraire aux droits de l'homme, enfin répression sauvage d'une manifestation de gauche. Mais ce n'est pas la première fois que les socio-démocrates jouent le rôle de garde-chiourme du capitalisme. Au sortir de la Première Guerre mondiale, la bourgeoisie allemande donna le pouvoir au parti social-démocrate (SPD) afin qu'il écrase dans le sang la révolution spartakiste, c'est le notable du SPD Noske qui ordonna froidement d'assassiner Rosa Luxemenbourg et Karl Liebknecht. Après cela, le Parti communiste (KPD) jeta à la face des traîtres du SPD, bourreaux de la classe ouvrière, le slogan de "socio-traîtres". La "gauche non-communiste", ainsi que certains opportunistes du mouvement communiste, accusèrent et continuent d'accuser le KPD de secrtarisme et de stalinisme pour ce slogan. Or la prtique politique démontre que les socio-démocrates étaient et restent des socio-traîtres, et que c'est le SPD qui par sa trahison de la classe ouvrière ouvrit la route du pouvoir à Hitler. Il ne faudrait certes pas étendre ce jugement à tous les membres du PS genevois, il compte encore dans ses rangs une aile gauche, voire même une minorité (très réduite) qui est pour le socialisme. Mais, dans l'interview qu'elles ont donné au Gauchebdo de cette semaine, les trois candidates à la candidature socialistes pour le Conseil d'Etat ont approuvé la décision de leur collègue; on peut en déduire qu'une candidate qui soit vraiment de gauche n'aurait aucune chance d'être adoubée par les militants. CQFD!
Et qui sont ils, bourgeois et socio-traîtres, pour critiquer Staline? Non pas qu'il ne soit digne d'être durement critiqué, mais en quoi sont-ils meilleurs que lui? De quelle démocratie parlent-ils? Démocratie des lacrymos et des matraques! J'avais envie à certains moments de demander l'asyle politique à la Corée du Nord pour échapper à leur démocratie! En fait, démocratie bourgeoise signifie simplement démocratie pour les bourgeois et dictature pour les autres. Par contre, s'ils n'aiment pas Staline, c'est peut-être parce qu'il a dit des choses très justes et subversives pour leur régime. Par exemple dans ce qui fut en quelque sorte son testament politique, au 19e congrès du PCUS, en 1952, un an avant sa mort: "Autrefois la bourgeoisie se permettait d'être libérale (au sens de libéralisme politique, ndr.). Aujourd'hui du libéralisme il ne reste aucune trace. La bannière des libertés démocratiques bourgeoises est jetée par dessus-bord. Et c'est vous, Partis communistes, qui devez la relever parce qu'à part vous personne ne peut la relever". Hé bien oui, cette bannière nous la relèverons et nous la porteront haut, sans eux et contre eux. Nous ne plieront pas genou face à la droite fascisant et son Etat, nous lutterons jusqu'au bout contre son arbitraire, jusqu'au renversement de nos bourreaux. Du reste, ce combat n'est ni perdu d'avance ni même si dangereux. La bourgeoisie n'est forte que lorsque les masses sont désunies par la peur, sitôt qu'elles se lèvent son pouvoir s'évanouit. Au Brésil, à Bélem, pour le Forum Social Mondial, des centaines de milliers de personnes ont défilé dans la rue sans aucun obstacle de la part de la police. En France, les autorités ne peuvent interdire une manifestation pour laquelle ils ont reçu un préavis des organisateurs. Si la France et le Brésil sont plus démocratiques que la Suisse, c'est que les travailleurs brésiliens et français ne se sont pas laissés effrayer par leurs tyrans et ont lutté pour obtenir ces droits. Rappelons nous que: "Grand n'est pas synonyme de redoutable. Le grand sera renversé par le petit et le petit deviendra grand." (Mao Tse-Toung)
Mais la répression sauvage de la manifestation par l'Etat bourgeois aura au moins apporter une chose de bien. Elle aura été, je l'espère, une douche froide bienvenue pour la gauche étatiste et les communistes prônant une voie idéaliste et naïvement pacifiste vers le socialisme. Les événements du 31 janvier auront rappelé à cette tendance de la gauche radicale que l'Etat n'est pas l'incarnation de l'Idée du Bien commun mais un Etat de classe, la superstructure bourgeoise, le bastion armé du capitalisme et donc l'ennemi des masses populaires. La répression aura aussi rappelé aux idéalistes du mouvement communiste que la "démocratie" n'est qu'illusion, et que la bourgeoisie ne jouera pas le jeu de la "démocratie suisse semi-directe" lorsqu'elle aura le moindre risque de le perdre. La brutalité de la répression d'une manifestation qui n'avait pour but que de dénoncer et qui ne réunissait que 2000 personnes grand max laisse imaginer ce qu'elle fera le jour où elle se sentira réellement menacée. N'oublions pas que la bourgeoisie à écrasé dans le sang toutes les révolutions qui ne l'ont pas renversé. Dès lors, rêver d'une voie douce et sans heurts vers le socialisme tient précisément du doux rêve. "L'enfer est pavé de bonne intentions" dit le proverbe; respecter à la lettre des règles que la bourgeoisie ne songe pas même à respecter est une voie qui ne peut conduire le prolétariat, qui se sera ainsi privé de sa capacité de résistance, que dans la prison à ciel ouvert du fascisme. En un mot, la répression de la manif Anti-WEF rappelle aux communistes non-léninistes qu'ils ont tort sur toute la ligne! Il ne suffit pas de rêver de communisme pour être communiste, il faut encore se donner les moyens, tous les moyens, de construire effectivement le communisme. Le chant révolutionnaire Resolution der Kommunarden aux bourgeois: "Ihr hört auf die Kanonen, Andere Sprache könnt ihr nicht verstehen" (vous entendez les canons, vous ne sauriez comprendre une autre langue). L'histoire a montré que cela est malheureusement vrai et que les puissants ne comprennent jamais que le langage de la force, alors pourquoi les peuples devraient-ils leurs parler une autre langue? Faudrait-il se laisser massacrer au nom des valeurs de démocratie et de non-violence? "Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs" (Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, Révolution française, 1793). L'entêtement des puissants à vouloir conserver leurs privilèges par tous les moyens, y compris les plus criminels, oblige les peuples à devoir employer la force pour prendre le pouvoir et le conserver afin de pouvoir effectivement construire un monde plus juste. Pour rompre avec la dictature de la bourgeoisie qui nous opprime, comment saurions nous nous passer de la dictature du prolétariat?

25 janvier 2009

Pourquoi un NON sans ambiguïtés aux bilatérales s’impose ?




A première vue, comment être de gauche et dire NON à la libre circulation ? Cette terminologie induit en erreur les tenants du OUI. Car bien sûr il serait impensable d’être dans le camp des travailleurs et contre le droit de chacun de se déplacer librement. Mais ce n’est pas sur cela que nous voterons le 8 février. Les accords bilatéraux sont intitulés ainsi pour tromper les peuples, en vérité ils ne sont porteurs d’aucune émancipation, ni d’aucune liberté pour les travailleurs. Au contraire, il s’agit d’un projet ultraréactionnaire qui n’a de fait que peu à voir avec la « libre circulation des personnes » (qui est régie par la Loi sur les étrangers). Il s’agit exclusivement d’une libéralisation du marché du travail, non pas d’une quelconque « liberté » abstraite de tout être humain mais d’une « liberté » bien concrète pour le capital d’exploiter et de faire circuler sans entraves la marchandise force de travail. En fait, la vraie question à laquelle nous devrons répondre est si oui ou non nous acceptons que les règles en vigueur dans l’Union Européenne s’appliquent en Suisse.

De fait, nous voterons sur la superstructure juridique et étatique, et non sur des supposés droits nouveaux pour les travailleurs, droits qui n’existent que dans l’imagination de la gauche europhile. Dire OUI reviendrait à confirmer la « semi adhésion » de la Suisse à l’Union Européenne. Or l’Union Européenne n’est ni un magnifique « projet de civilisation » (dixit Laurent Fabius), ni un simple changement d’échelle pour dépasser le cadre obsolète des Etats nationaux. Née avec le traité de Maastricht en 1991 (l’année de la chute de l’URSS), celle-ci était destinée à un usage bien précis : graver dans le marbre l’avantage pris par la bourgeoisie sur le prolétariat, liquider tous les acquis sociaux ainsi que la démocratie bourgeoise, afin d’imposer une brutale thérapie de choc néolibérale aux peuples. C’est ce qui explique la flagrante absence de démocratie dans le fonctionnement de l’UE, dirigée par une Commission de technocrates cooptés et qui n’ont aucun compte à rendre aux peuples et régie par des traités ratifiés par les parlements, sans que les peuples aient le droit de se prononcer (et qu’ils rejettent toujours lorsqu’ils reçoivent la possibilité de voter). Il n’est donc pas étonnant que les institutions européennes mènent une politique réactionnaire forcenée : une récente directive européenne autorise les patrons à faire travailler leurs travailleurs jusqu’à 67 heures par semaine.

Et ce contenu réactionnaire constitue l’essence même des accords sur lesquels nous allons voter. Car ils prévoient la « libre prestation de services », c’est-à-dire le droit pour des entreprises de « détacher » à l’étranger des travailleurs pour une durée limitée aux conditions en vigueur dans les pays d’origine de ces entreprises, ou tout simplement le droit de faire travailler en Suisse des travailleurs d’Europe de l’Est aux salaires et horaires d’Europe de l’Est : la porte ouverte à tous les dumpings. A noter que les conventions collectives ne s’appliquent pas dans ces cas et que les syndicats ont l’interdiction de lutter pour les faire appliquer ! La Cour Européenne de Justice (une autre institution de technocrates cooptés…) a plusieurs fois statué dans ce sens. Ainsi l’argument selon lequel ce serait se tromper de combat que de combattre les accords bilatéraux plutôt que de lutter pour renforcer les mesures d’accompagnement ne tient pas la route : s’opposer aux bilatérales c’est lutter directement contre le dumping salarial et pour les droits des travailleurs.


L’argument de l’internationalisme ne tient pas la route non plus. Car l’internationalisme prolétarien implique de combattre l’ « internationale du capital », dont l’UE est un des avatars. « On ne défend pas les travailleurs si on ne défend pas tous les travailleurs », et c’est pour cela que nous devons dire NON aux bilatérales. Car contrairement à ce que prétend la propagande bourgeoise, l’Union Européenne n’a en rien profité aux peuples d’Europe de l’Est ; bien au contraire, l’UE a imposé comme condition d’adhésion aux ex-républiques populaires de l’Est une thérapie de choc néolibérale qui impliquait la liquidation de l’industrie d’Etat construite à l’époque socialiste. C’est la classe dirigeant d’Europe qui a volontairement créé le chômage et la misère de masse dans ces pays pour obtenir une grande armée de réserve au service du capital et liquider les acquis salariaux et sociaux obtenus par des décennies de lutte. Refuser les bilatérales c’est donc soutenir les travailleurs d’Europe de l’Est dans leur lutte contre leur oppression par la bourgeoisie européenne et les institutions de l’UE à son service.

Citer le « Discours sur le libre échange » de Marx à l’appui du OUI est tout aussi malvenu. Tout simplement parce que nous ne sommes plus en 1848 ; il ne s’agit pas aujourd’hui de voter pour le libre-échange afin de liquider les dernières survivances de l’économie féodale et que les acquis salariaux et sociaux ne sont pas du « protectionnisme ». De plus, « la pratique est le critère de la vérité » (Engels), la pratique et non pas la citation. Si nous suivons jusqu’au bout cette vision scolastique et citationiste de Marx, nous arriverons à la conclusion que nous ne devons pas défendre les acquis sociaux, mais au contraire de soutenir toutes les régressions néolibérales dans une optique « révolutionnaire », afin de durcir l’antagonisme entre classes jusqu’à ce que la révolution en résulte. Soutenir le néolibéralisme dans une optique révolutionnaire ? C’est une conception pour le moins étrange du marxisme. « Mondialisons nos luttes », a dit Julien Sansonnens. Eh bien justement, unissons-nous aux travailleurs des autres pays d’Europe dans un combat commun contre l’Union Européenne antidémocratique et réactionnaire, non pas pour retourner à un mythique âge d’or de l’Etat providence qui n’a jamais existé, mais pour renverser la bourgeoisie qui nous opprime et construire une nouvelle Europe, une Europe débarrassée à jamais de toute oppression, une Europe des peuples, démocratique et socialiste.

5O ans de socialisme à Cuba!


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