21 décembre 2015

La révolution bolivarienne au pied du mur



Nous approchons de la toute fin de l’année 2015, et hélas elle laisse aux communistes un goût franchement amer. Pour bilan, peu de succès, qui ne compensent aucunement une tendance à la réaction globale sur toute la ligne. Outre le tournant très à droite lors des dernières élections fédérales en Suisse, malgré le retour du Parti au Conseil national qui redonne quelque peu de lumière à ce sombre tableau, les dernières régionales en France, qui ont vu une avancée importante du Front National, et plus encore de ses idées, mais aussi un recul majeur du PCF et du reste de la gauche radicale française (mais il y aurait aussi beaucoup à dire sur la politique d’alliance avec le PS du PCF, et surtout du vote de ses députés en faveur de l’état d’urgence…), le retour aux affaires de la droite en Argentine, il faut citer la tragique capitulation du gouvernement grec face à la Troïka, qui a mis fin à tentative de rompre avec l’austérité et l’oppression des peuples par l’UE du capital qui avait suscité tant d’espoir parmi ceux qui ne se résignent pas à la tyrannie éternelle du libre marché.

Mais la plus grave, la plus significative de ces défaites, celle qu’on ne peut en aucun cas passer sous silence ou relativiser, a eu lieu au Venezuela. Le MUD, coalition rassemblant l’opposition pro-oligarchique vénézuélienne, et dont le caractère fasciste n’est plus à prouver, bien que certaines de ses composantes soient membres de l’Internationale socialiste (ce qui en dit long sur ce qu’est devenue aujourd’hui ladite Internationale…), a en effet remporté les 2/3 des sièges au parlement vénézuélien, ce qui lui donne tous les pouvoirs de jure, y compris celui de modifier la constitution et de destituer le président Nicolas Maduro. C’est la première défaite électorale du chavisme depuis la première élection de feu Hugo Chavez à la présidence du Venezuela en 1999. Le PSUV (Parti socialiste unifié du Venezuela), le parti fondé par Hugo Chavez à partir du rassemblement de toutes les organisations de gauche demeurées fidèles à la révolution bolivarienne, à l’exception du PCV (Parti communiste du Venezuela), allié fidèle du gouvernement révolutionnaire, mais ayant décidé de conserver son organisation  propre (la fausse gauche se retrouvant bien vite main dans la main avec la droite oligarchique), se retrouve dans l’opposition pour la première fois.

Cette déroute électorale constitue dans tous les cas un coup dur pour le peuple vénézuélien, mais aussi pour tous ceux qui avaient placé leur espoir dans Chavez et dans le mouvement qu’il a porté. Depuis des années en effet la révolution bolivarienne avait fini par devenir un fait incontournable, s’installant presque dans une sorte de routine. Le Venezuela apparaissait comme le phare du socialisme le plus éclatant d’Amérique latine après Cuba, comme le pays le plus à gauche du continent, un pays où une révolution socialiste triomphait peu à peu par la voie démocratique, un pays qui avait choisi la voie du socialisme et qui était proche d’y parvenir, voire y était en partie parvenu, pour certaines analyses peu averties du moins. A un point que beaucoup de camarades parmi les plus optimistes croyaient le processus irréversible.


Pourtant, cet optimisme, qui souvent en pratique reposait sur la volonté de croire en des illusions plus ou moins réformistes, de croire en la réalité d’un passage au socialisme par la voie des institutions démocratiques bourgeoises, n’a jamais tenu la route, et il était malheureusement possible de s’attendre bien à l’avance à un tel résultat. Première chose à dire : le Venezuela n’a jamais cessé d’être un pays capitaliste quant au mode de production en vigueur ; il n’a ni atteint, ni vraiment approché le socialisme, bien qu’il se soit fixé ce but. Le processus impulsé par Hugo Chavez s’est quelque peu pompeusement intitulé « révolution bolivarienne ». Il part incontestablement d’un mouvement populaire à caractère révolutionnaire et s’est fixé des objectifs qui le sont. L’objectif de construction d’une société socialiste était clairement affiché. La révolutionbolivarienne finit même assez vite par se doter d’un parti, le PSUV, pour la mettre en œuvre.


Oui, mais s’agit-il réellement d’une révolution pour autant ? Probablement, mais d’une révolution qui s’est enlisée à mi-chemin et qui est entrée dans une certaine routine, mortelle pour une révolution. La révolution bolivarienne a incontestablement amené les travailleurs vénézuéliens au pouvoir et en a écarté la bourgeoisie. Certes, mais sans briser la puissance économique ni politique de celle-ci. Le pouvoir chaviste a procédé à des nationalisations dans l’intérêt du peuple, dont celle du pétrole, mais sans arracher les leviers de maints secteurs stratégiques de l’économie à l’ancienne oligarchie. Le secteur privé est au final sorti proportionnellement renforcé de cette expérience. La révolution bolivarienne n’a certes pas simplement essayé de reprendre la vielle machine d’Etat bourgeoise en main et de la faire fonctionner dans l’intérêt du prolétariat, mais presque. Malgré des progrès importants en termes de démocratie directe à la base, au sein de collectivités locales, de changements nécessaires au sein de l’armée, l’Etat vénézuélien est resté structurellement peu modifié. On en est très loin de la construction d’un véritable pouvoir populaire.

« Il y a un tel parti, c’est le Parti bolchevik », avait dit Lénine en réponse à ses adversaires du temps du gouvernement provisoire qui affirmaient qu’aucune force politique n’existaient en Russie qui aurait pu la sortir des méandres dans lesquelles elle était plongée. Il aurait été pour au moins prétentieux de la part du PSUV de parler ainsi. Car ce parti est resté jusqu’à aujourd’hui un assemblage hétéroclite de courants divergents, à la ligne idéologique assez floue, dont l’unité tenait pour beaucoup aux efforts personnels d’Hugo Chavez, qui manquait cruellement de l’unité et de la discipline sans faille nécessaire pour diriger la construction du socialisme, mais qui en revanche ne manquait pas de membres l’ayant rejoints par pur opportunisme, et d’une aile droite en réalité opposée au socialisme et cherchant seulement à se faire une place au soleil. Certains gouverneurs bolivariens en particulier se sont comportés en barons locaux, et la corruption n’a pu être complétement jugulée. Bref, on est très loin du parti nouveau de type léniniste, dont l’histoire a pourtant amplement démontré la nécessité. Et si les références idéologiques révolutionnaires et marxistes n’ont pas manqué, elles sont toujours restées assez floues. Une ligne directrice claire de la révolution n’a jamais vraiment été formulée. Le débat sur le « socialisme du XXIème siècle » n’a jamais cessé d’être passablement confus.

Mais surtout, le pouvoir chaviste a échoué à édifier la base matérielle du socialisme. Il a certes nationalisé le pétrole, mis la rente pétrolière au service du peuple, pour financer des programmes sociaux ambitieux et un droit du travail qui protège les travailleurs, augmenté le salaire minimum, édifié des infrastructures…La pauvreté absolue a presque été éradiquée grâce à ces efforts, et le niveau de vie global a beaucoup augmenté. Néanmoins, cette manne n’a pas, ou peu, été utilisée pour édifier une industrie nationale indispensable, pour diversifier l’économie du pays, qui est resté très largement dépendant des importations en provenance du monde capitaliste. Bien pire, le commerce extérieur, vital dans ces circonstances, a été laissé aux mains du secteur privé…Pourtant, si l’expérience de l’édification du socialisme en URSS et l’apport théorique du PCUS devrait enseigner quelque chose, c’est qu’un pays socialiste doit pouvoir compter sur son propre secteur productif qu’il s’agit d’édifier, et ne peut se contenter d’exporter des hydrocarbures, se rendant ainsi totalement dépendant du monde capitaliste pour tout ce dont il a besoin. Du reste, les USA ont eu beau jeu à s’arranger avec leurs amis saoudiens et qataris pour faire baisser drastiquement le prix du pétrole et mettre ainsi l’économie vénézuélienne en difficulté…

Dès le tout début de la révolution bolivarienne, l’oligarchie renversée, avec l’appui de l’impérialisme, s’est livrée à une véritable guerre, informationnelle et économique contre le peuple vénézuélien. La bourgeoisie vénézuélienne, ayant le commerce extérieur toujours en mains, a organisé artificiellement des pénuries en tout genre et une hyperinflation pour exaspérer les vénézuéliens et les retourner contre le gouvernement. Les médias, principalement télévisuels, en très grande majorité du côté de l’opposition, ont organisé une campagne de calomnie haineuse et délirante contre la révolution bolivarienne du début jusqu’à la fin, une campagne  reprise sans réserve par les médias bourgeois en Europe, malgré son caractère grotesque. Et la tentation du coup d’Etat n’a jamais été loin. C’est en tout cas l’opposition « démocratique » qui a toujours été à l’origine des violences et des assassinats contre les militants chavistes, pas le contraire. Comme les classiques du marxisme l’avaient fort bien expliqué, même renversée, la bourgeoisie reste provisoirement plus forte que le prolétariat triomphant, de par ses liens avec le capital international et les leviers de pouvoir qui lui restent, et ne cède jamais son pouvoir sans se battre jusqu’au bout. Pour faire triompher la révolution, il aurait fallu prendre les mesures, toutes les mesures qui s’imposaient, pour briser définitivement cette oligarchie et détruire ses derniers leviers de pouvoir et de nuisance. La théorie de la dictature du prolétariat a certes aujourd’hui mauvaise presse…ce qui n’empêche pourtant pas que les faits aillent dans son sens…

L’échec de SYRIZA comme celui du PSUV sont quant au fond ceux du réformisme. Mais si SYRIZA a définitivement capitulé et changé objectivement de camps, pour le PSUV rien n’est encore joué. Cette sombre péripétie que traverse le Venezuela n’est en effet pas la fin. Dans un premier temps, on peut s’attendre à ce que la droite vénézuélienne revenue au pouvoir, animée par sa haine et sa soif de revanche, ait pour première priorité de reprendre tout ce que le chavisme lui avait pris, de détruire tous les acquis de la révolution, de supprimer tous les programmes sociaux mis en place par Chavez, de privatiser tout ce qui avait été nationalisé, de réaligner les pays sur les USA. Auquel cas elle se heurtera inévitablement au peuple vénézuélien, qui ne se laissera pas déposséder ainsi. La centrale patronale vénézuélienne a du reste immédiatement demandé l’abrogation de la Loi sur le travail, ce à quoi la Centrale bolivarienne socialiste de travailleurs, le principal syndicat vénézuélien, a déclaré qu’elle ne laissera jamais passer une telle régression. Une lutte des classes impitoyable se profile à l’horizon.

A tout prendre, le retour aux affaires qu’on peut espérer provisoire de la droite vénézuélienne pourrait même être une opportunité si les révolutionnaires savent la saisir. Cette défaite à l’indiscutable mérite de rappeler que dans la construction du socialisme, rien n’est jamais irréversible, que l’ennemi de classe ne désarme jamais, qu’une révolution ne se construit pas dans une tranquille routine, ou dans des procédures parlementaires, mais dans le feu de la lutte. Le président Maduro a en tout cas déclaré qu’il n’était pas question de capituler devant la contre-révolution triomphante, ni de renoncer face aux difficultés, mais de continuer la lutte. Les forces révolutionnaires vénézuéliennes gardent à ce jour pleinement la force de se ressaisir et de reprendre la lutte, aux côtés et à la tête du peuple, contre l’oligarchie momentanément triomphante, sans concessions et avec toute la radicalité qui s’impose cette fois-ci, pour une démocratie populaire et pour le socialisme. Nos camarades du PCV, qui ont souvent justement critiqué les insuffisances ou les demi-mesures du chavisme, devraient y jouaient un rôle majeur.

Les médias bourgeois et la fausse gauche pro capitaliste exultent bien sûr face à ce recul temporaire, mais leur joie est prématurée, tout comme nous aurions tort de désespérer trop vite. Rien n’est encore joué, et nous savons que notre cause est juste. « Cette mobilisation héroïque qui a permis au peuple d'impulser la première étape du processus révolutionnaire commencé en 1998, héritière de grands moments de lutte pour la libération nationale, c'est la même qui vaincra sans pitié le fascisme assassin et l'impérialisme, réaffirmera avec fierté que l'effort du camarade Chavez ne fut pas vain et qu'on rependra la voie, dans l'unité révolutionnaire, de la construction scientifique du socialisme » avait déclaré le PCV en hommage à Hugo Chavez. La réaction peut sembler forte aujourd’hui, elle n’empêchera pas ces paroles de devenir réalité.

La COP 21, ou le mensonge du capitalisme vert



L’article le plus intéressant, et le plus exact, consacré à la COP 21 aura peut-être été celui du Gorafi, le célèbre site satirique français, parodie du Figaro : les participants se seraient accordés pour baisser de deux degrés la climatisation de la salle de conférence, accord historique s’il en est, garantissant qu’aucun des délégués n’aura pris froid à l’issue de la rencontre. Si une telle décision de baisser la clim était avérée, elle serait certainement la décision politiquement la plus forte que les délégations présentes à la COP 21 aient réussi à prendre. On a souvent présenté comme un événement historique le fait que la totalité des Etats aient réussi à s’entendre sur un texte reconnaissant l’urgence écologique, et se soient accordés sur l’objectif fort de ne pas dépasser 1,5°C de réchauffement climatique.

Certes, en voilà une bien belle déclaration d’intention…mais à quoi au final servira-t-elle concrètement ? A rien, ou presque…ou plutôt à repeindre en vert le capitalisme destructeur de l’environnement, à continuer comme avant, labels bio et bonne conscience feinte en plus. Car, si l’on regarde d’un peu plus près cet accord « historique », il énonce certes un objectif louable et fort, en plus de quelques principes tout à fait justes et pertinents, mais reste vague au possible sur les moyens pour atteindre ces objectifs, en sus de n’être absolument pas contraignant. Ceux qui veulent rester optimistes malgré tout peuvent bien tenter de se convaincre qu’à défaut d’être juridiquement contraignant, l’accord l’est au moins politiquement. Mais, pour qui n’oublie pas que les promesses des politiciens bourgeois n’engagent que ceux qui les croient, cet espoir apparaît bien illusoire. Il ne faut en effet pas se voiler la face. La COP 21 et sa déclaration sont vouées à rester lettre morte, un simple décorum pour rassurer les gens…et une excuse pour ne rien changer par ailleurs. Du reste, cet accord fut applaudi avec enthousiasme par les grandes multinationales, celles qui font le plus de dommages à l’environnement. On comprend bien pourquoi.

Mais pouvait-il en être autrement ? Cette grande messe des chefs d’Etats capitalistes pouvait-elle aboutir à un résultat plus concluant ? Non, bien sûr. Demander à ces gens, qui ne sont rien de plus que des fondés de pouvoir, des représentants politiques des grands monopoles dont le profit maximum est le seul et unique objectif, de faire mieux que ce qu’ils ont fait reviendrait à exiger d’eux qu’ils trouvent une solution pour résoudre un problème majeur…sans toucher en quoi que ce soit au système dont il est la conséquence directe. Personne ne pourrait s’acquitter avec succès d’une tâche pareille. Le capitalisme, poussé nécessairement de par ses lois internes à la recherche du profit maximum à court terme, ne peut se fixer un autre objectif, et est donc nécessairement amené à saccager l’environnement vital de notre espèce, à exploiter les industries fossiles tant qu’il y en a sans pouvoir sérieusement se donner les moyens d’une transition, et si on le laisse faire à mener toute notre civilisation à l’extinction. Le capitalisme ne peut pas être « vert », pas plus qu’il ne peut être « social ». Marx l’avait déjà dit clairement en son temps : « La production capitaliste ne développe donc la technique et la combinaison du processus de production sociale qu’en épuisant en même temps les deux sources d’où jaillit toute richesse : la terre et le travailleur ».


Si l’on veut apporter des solutions dignes de ce nom aux problèmes écologiques bien réels, et pas simplement jeter de la poudre aux yeux, si simplement on veut que notre planète reste vivable pour nous pour longtemps encore, il faut traiter les causes du problème et pas seulement ses symptômes. En un mot, il faut rompre avec le capitalisme qui en est la source. C’est ce qu’Evo Morales, président de Bolivie, qui a mené son pays sur un chemin de progrès social bien réel, malgré les limites tout aussi réelles de ce processus, l’a dit clairement dans le discours le plus intéressant à cette COP 21, modérément apprécié par les représentants des pays capitalistes d’ailleurs :   « Le capitalisme est la source de tous les maux, il est à l’origine de la destruction de la Pachamama par le consumérisme et l’individualisme qui sape les communautés ». Il a appelé à « en finir avec lui afin de sauver le climat ». « Vous, le Nord, ne pouvez continuer à saccager la planète sans vergogne ni raison ! », a-t-il dit aux puissances impérialistes. Dit autrement, apporter des solutions véritables aux problèmes posés par la COP 21 exige de rompre avec le capitalisme, et de le remplacer par le socialisme, qui s’il n’est certes pas une condition suffisante pour cela, est au moins une condition nécessaire. En effet, seule une société débarrassée des chaînes du pouvoir du capital et du profit de quelques uns à tout prix, qui aura placé la production sociale sous le contrôle de la société peut prendre les mesures radicales nécessaires pour construire une civilisation nouvelle qui soit compatible avec notre existence sur cette Terre à long terme. C’est aux communistes qu’il revient de remplir cette tâche, difficile, mais vitale pour l’avenir de l’humanité.

« Tu gagneras ton droit dans la lutte ! »



C’est là un slogan devenu classique de l’organisation révolutionnaire russe « Terre et liberté », fondée par les précurseurs du mouvement révolutionnaire russe, bien avant que le Parti ouvrier social-démocrate russe (POSDR), et son aile bolchévique, n’existe. Un slogan qui résume assez bien l’idée fondamentale du marxisme : on n’obtient rien si ce n’est par la lutte, pas par la « conciliation », le « dialogue » ou la « paix du travail ». C’est du reste aussi ce que dit très justement Mao Tse Toung : « La grande complexité du marxisme peut se résumer en une phrase : « on a raison de se révolter ». Pendant des siècles, on a dit : il est juste d’opprimer et d’exploiter le peuple, mais il est erroné de se rebeller. Le marxisme renverse la thèse. C’est une grande contribution, une thèse établie par Marx à partir de la lutte du prolétariat. En se fondant sur cette thèse, les gens résistent, combattent et œuvrent pour le socialisme ». Oublier ce principe fondamental revient quant au fond à céder la victoire au camp d’en face, au patronat et à ses fondés de pouvoir politiques.

C’est un vieux slogan, mais qui n’a pas pris une ride, qu’il est utile de porter aujourd’hui. Il répond en tout cas assez bien à la courageuse lutte des travailleurs de la fonction publique et du secteur subventionné, ainsi qu’à celle des travailleurs de la construction, moins médiatisée, ainsi qu’aux polémiques malhonnêtes et diffamatoires des médias bourgeois et des politiciens de droite contre les travailleurs qui luttent pour leurs droits. Les employés de la fonction publique, et du secteur subventionné, dont on parle un peu moins, engagés dans une lutte exemplaire depuis plusieurs semaines contres les projets austéritaires délirants de la droite cantonale font l’objet d’une campagne de dénigrement hallucinante de la part  de la classe dirigeante et de ses médias. Ils seraient, paraît-il, des enfants gâtés qui défendent des privilèges exorbitants et indus, au mépris de la plupart de citoyens moins bien lotis qu’eux, voire prennent en otage les élèves, s’agissant des profs qui manifestent (les victimes de véritables prises d’otages apprécieront cette misérable hyperbole journalistique…). Les travailleurs de la construction, eux, ont fini par contraindre un patronat arrogant à l’origine refusant quelque négociation que ce soit à signer une nouvelle CCT reprenant les acquis de l’ancienne et répondant à quelques revendications essentielles, ce après avoir fait l’objet d’une campagne de dénigrement pour atteinte à la sacro-sainte « paix du travail », et après qu’une partie du patronat ait envisagé de poursuivre en « justice » bourgeoise les travailleurs qui ont eu l’outrecuidance de lutter plutôt que courber l’échine en silence comme il se doit.


Le Parti du Travail avait soutenu dès le départ, et continue de soutenir sans réserve ce mouvement de lutte exemplaire. La démagogie anti-fonctionnaire de la droite cantonale et de sa presse de révérence est révoltante. Traiter les enseignants où les infirmières de « privilégiés » est tout simplement grotesque de la part des laquais des banquiers. Leur manœuvre dilatoire visant à opposer salariés du public et ceux du privé constitue un exemple cyniquement classique de la vielle maxime divide ut regnes. Est-il nécessaire de rappeler que les travailleurs du public, c’est avant tout le service public : une école publique et gratuite, qui dispense un enseignement globalement de qualité pour tous ; un hôpital cantonal de pointe et efficace, malgré les saignées successives que lui a apporté le new public management ; des transports publics rapides et qui desservent très bien la plus grande partie du canton ? Bien entendu, les seigneurs de la finance, qui inscrivent leurs enfants à l’école privée, vont se soigner dans des hôpitaux privés et ne se déplacent qu’en voiture de luxe, n’ont cure de tout cela, et c’est seulement de l’avis de ces gens-là que la droite se préoccupe. Oui, mais les services publics sont absolument vitaux pour tous ceux qui ne font pas partie de cette toute petite oligarchie. C’est une lutte qui nous concerne toutes et tous, et qu’il importe de mener avec détermination et jusqu’au bout.