C’est
là un slogan devenu classique de l’organisation révolutionnaire russe
« Terre et liberté », fondée par les précurseurs du mouvement
révolutionnaire russe, bien avant que le Parti ouvrier social-démocrate russe
(POSDR), et son aile bolchévique, n’existe. Un slogan qui résume assez bien
l’idée fondamentale du marxisme : on n’obtient rien si ce n’est par la
lutte, pas par la « conciliation », le « dialogue » ou la
« paix du travail ». C’est du reste aussi ce que dit très justement
Mao Tse Toung : « La grande complexité du
marxisme peut se résumer en une phrase : « on a raison de se
révolter ». Pendant des siècles, on a dit : il est juste d’opprimer
et d’exploiter le peuple, mais il est erroné de se rebeller. Le marxisme renverse
la thèse. C’est une grande contribution, une thèse établie par Marx à partir de
la lutte du prolétariat. En se fondant sur cette thèse, les gens résistent,
combattent et œuvrent pour le socialisme ». Oublier ce principe
fondamental revient quant au fond à céder la victoire au camp d’en face, au
patronat et à ses fondés de pouvoir politiques.
C’est
un vieux slogan, mais qui n’a pas pris une ride, qu’il est utile de porter
aujourd’hui. Il répond en tout cas assez bien à la courageuse lutte des
travailleurs de la fonction publique et du secteur subventionné, ainsi qu’à
celle des travailleurs de la construction, moins médiatisée, ainsi qu’aux
polémiques malhonnêtes et diffamatoires des médias bourgeois et des politiciens
de droite contre les travailleurs qui luttent pour leurs droits. Les employés
de la fonction publique, et du secteur subventionné, dont on parle un peu
moins, engagés dans une lutte exemplaire depuis plusieurs semaines contres les
projets austéritaires délirants de la droite cantonale font l’objet d’une
campagne de dénigrement hallucinante de la part
de la classe dirigeante et de ses médias. Ils seraient, paraît-il, des
enfants gâtés qui défendent des privilèges exorbitants et indus, au mépris de
la plupart de citoyens moins bien lotis qu’eux, voire prennent en otage les
élèves, s’agissant des profs qui manifestent (les victimes de véritables prises
d’otages apprécieront cette misérable hyperbole journalistique…). Les
travailleurs de la construction, eux, ont fini par contraindre un patronat arrogant
à l’origine refusant quelque négociation que ce soit à signer une nouvelle CCT
reprenant les acquis de l’ancienne et répondant à quelques revendications
essentielles, ce après avoir fait l’objet d’une campagne de dénigrement pour
atteinte à la sacro-sainte « paix du travail », et après qu’une
partie du patronat ait envisagé de poursuivre en « justice »
bourgeoise les travailleurs qui ont eu l’outrecuidance de lutter plutôt que
courber l’échine en silence comme il se doit.
Le
Parti du Travail avait soutenu dès le départ, et continue de soutenir sans
réserve ce mouvement de lutte exemplaire. La démagogie anti-fonctionnaire de la
droite cantonale et de sa presse de révérence est révoltante. Traiter les
enseignants où les infirmières de « privilégiés » est tout simplement
grotesque de la part des laquais des banquiers. Leur manœuvre dilatoire visant
à opposer salariés du public et ceux du privé constitue un exemple cyniquement
classique de la vielle maxime divide ut
regnes. Est-il nécessaire de rappeler que les travailleurs du public, c’est
avant tout le service public : une école publique et gratuite, qui
dispense un enseignement globalement de qualité pour tous ; un hôpital
cantonal de pointe et efficace, malgré les saignées successives que lui a
apporté le new public management ; des transports publics rapides et qui
desservent très bien la plus grande partie du canton ? Bien entendu, les
seigneurs de la finance, qui inscrivent leurs enfants à l’école privée, vont se
soigner dans des hôpitaux privés et ne se déplacent qu’en voiture de luxe,
n’ont cure de tout cela, et c’est seulement de l’avis de ces gens-là que la
droite se préoccupe. Oui, mais les services publics sont absolument vitaux pour
tous ceux qui ne font pas partie de cette toute petite oligarchie. C’est une
lutte qui nous concerne toutes et tous, et qu’il importe de mener avec
détermination et jusqu’au bout.
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