21 décembre 2015

La COP 21, ou le mensonge du capitalisme vert



L’article le plus intéressant, et le plus exact, consacré à la COP 21 aura peut-être été celui du Gorafi, le célèbre site satirique français, parodie du Figaro : les participants se seraient accordés pour baisser de deux degrés la climatisation de la salle de conférence, accord historique s’il en est, garantissant qu’aucun des délégués n’aura pris froid à l’issue de la rencontre. Si une telle décision de baisser la clim était avérée, elle serait certainement la décision politiquement la plus forte que les délégations présentes à la COP 21 aient réussi à prendre. On a souvent présenté comme un événement historique le fait que la totalité des Etats aient réussi à s’entendre sur un texte reconnaissant l’urgence écologique, et se soient accordés sur l’objectif fort de ne pas dépasser 1,5°C de réchauffement climatique.

Certes, en voilà une bien belle déclaration d’intention…mais à quoi au final servira-t-elle concrètement ? A rien, ou presque…ou plutôt à repeindre en vert le capitalisme destructeur de l’environnement, à continuer comme avant, labels bio et bonne conscience feinte en plus. Car, si l’on regarde d’un peu plus près cet accord « historique », il énonce certes un objectif louable et fort, en plus de quelques principes tout à fait justes et pertinents, mais reste vague au possible sur les moyens pour atteindre ces objectifs, en sus de n’être absolument pas contraignant. Ceux qui veulent rester optimistes malgré tout peuvent bien tenter de se convaincre qu’à défaut d’être juridiquement contraignant, l’accord l’est au moins politiquement. Mais, pour qui n’oublie pas que les promesses des politiciens bourgeois n’engagent que ceux qui les croient, cet espoir apparaît bien illusoire. Il ne faut en effet pas se voiler la face. La COP 21 et sa déclaration sont vouées à rester lettre morte, un simple décorum pour rassurer les gens…et une excuse pour ne rien changer par ailleurs. Du reste, cet accord fut applaudi avec enthousiasme par les grandes multinationales, celles qui font le plus de dommages à l’environnement. On comprend bien pourquoi.

Mais pouvait-il en être autrement ? Cette grande messe des chefs d’Etats capitalistes pouvait-elle aboutir à un résultat plus concluant ? Non, bien sûr. Demander à ces gens, qui ne sont rien de plus que des fondés de pouvoir, des représentants politiques des grands monopoles dont le profit maximum est le seul et unique objectif, de faire mieux que ce qu’ils ont fait reviendrait à exiger d’eux qu’ils trouvent une solution pour résoudre un problème majeur…sans toucher en quoi que ce soit au système dont il est la conséquence directe. Personne ne pourrait s’acquitter avec succès d’une tâche pareille. Le capitalisme, poussé nécessairement de par ses lois internes à la recherche du profit maximum à court terme, ne peut se fixer un autre objectif, et est donc nécessairement amené à saccager l’environnement vital de notre espèce, à exploiter les industries fossiles tant qu’il y en a sans pouvoir sérieusement se donner les moyens d’une transition, et si on le laisse faire à mener toute notre civilisation à l’extinction. Le capitalisme ne peut pas être « vert », pas plus qu’il ne peut être « social ». Marx l’avait déjà dit clairement en son temps : « La production capitaliste ne développe donc la technique et la combinaison du processus de production sociale qu’en épuisant en même temps les deux sources d’où jaillit toute richesse : la terre et le travailleur ».


Si l’on veut apporter des solutions dignes de ce nom aux problèmes écologiques bien réels, et pas simplement jeter de la poudre aux yeux, si simplement on veut que notre planète reste vivable pour nous pour longtemps encore, il faut traiter les causes du problème et pas seulement ses symptômes. En un mot, il faut rompre avec le capitalisme qui en est la source. C’est ce qu’Evo Morales, président de Bolivie, qui a mené son pays sur un chemin de progrès social bien réel, malgré les limites tout aussi réelles de ce processus, l’a dit clairement dans le discours le plus intéressant à cette COP 21, modérément apprécié par les représentants des pays capitalistes d’ailleurs :   « Le capitalisme est la source de tous les maux, il est à l’origine de la destruction de la Pachamama par le consumérisme et l’individualisme qui sape les communautés ». Il a appelé à « en finir avec lui afin de sauver le climat ». « Vous, le Nord, ne pouvez continuer à saccager la planète sans vergogne ni raison ! », a-t-il dit aux puissances impérialistes. Dit autrement, apporter des solutions véritables aux problèmes posés par la COP 21 exige de rompre avec le capitalisme, et de le remplacer par le socialisme, qui s’il n’est certes pas une condition suffisante pour cela, est au moins une condition nécessaire. En effet, seule une société débarrassée des chaînes du pouvoir du capital et du profit de quelques uns à tout prix, qui aura placé la production sociale sous le contrôle de la société peut prendre les mesures radicales nécessaires pour construire une civilisation nouvelle qui soit compatible avec notre existence sur cette Terre à long terme. C’est aux communistes qu’il revient de remplir cette tâche, difficile, mais vitale pour l’avenir de l’humanité.

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