L’article
le plus intéressant, et le plus exact, consacré à la COP 21 aura peut-être été
celui du Gorafi, le célèbre site
satirique français, parodie du Figaro :
les participants se seraient accordés pour baisser de deux degrés la
climatisation de la salle de conférence, accord historique s’il en est,
garantissant qu’aucun des délégués n’aura pris froid à l’issue de la rencontre.
Si une telle décision de baisser la clim était avérée, elle serait certainement
la décision politiquement la plus forte que les délégations présentes à la COP
21 aient réussi à prendre. On a souvent présenté comme un événement historique
le fait que la totalité des Etats aient réussi à s’entendre sur un texte
reconnaissant l’urgence écologique, et se soient accordés sur l’objectif fort
de ne pas dépasser 1,5°C de réchauffement climatique.
Certes,
en voilà une bien belle déclaration d’intention…mais à quoi au final servira-t-elle
concrètement ? A rien, ou presque…ou plutôt à repeindre en vert le
capitalisme destructeur de l’environnement, à continuer comme avant, labels bio
et bonne conscience feinte en plus. Car, si l’on regarde d’un peu plus près cet
accord « historique », il énonce certes un objectif louable et fort,
en plus de quelques principes tout à fait justes et pertinents, mais reste
vague au possible sur les moyens pour atteindre ces objectifs, en sus de n’être
absolument pas contraignant. Ceux qui veulent rester optimistes malgré tout
peuvent bien tenter de se convaincre qu’à défaut d’être juridiquement
contraignant, l’accord l’est au moins politiquement. Mais, pour qui n’oublie
pas que les promesses des politiciens bourgeois n’engagent que ceux qui les
croient, cet espoir apparaît bien illusoire. Il ne faut en effet pas se voiler
la face. La COP 21 et sa déclaration sont vouées à rester lettre morte, un
simple décorum pour rassurer les gens…et une excuse pour ne rien changer par
ailleurs. Du reste, cet accord fut applaudi avec enthousiasme par les grandes
multinationales, celles qui font le plus de dommages à l’environnement. On
comprend bien pourquoi.
Mais
pouvait-il en être autrement ? Cette grande messe des chefs d’Etats
capitalistes pouvait-elle aboutir à un résultat plus concluant ? Non, bien
sûr. Demander à ces gens, qui ne sont rien de plus que des fondés de pouvoir, des
représentants politiques des grands monopoles dont le profit maximum est le
seul et unique objectif, de faire mieux que ce qu’ils ont fait reviendrait à
exiger d’eux qu’ils trouvent une solution pour résoudre un problème majeur…sans
toucher en quoi que ce soit au système dont il est la conséquence directe. Personne ne pourrait s’acquitter avec
succès d’une tâche pareille. Le capitalisme, poussé nécessairement de par ses
lois internes à la recherche du profit maximum à court terme, ne peut se fixer
un autre objectif, et est donc nécessairement amené à saccager l’environnement
vital de notre espèce, à exploiter les industries fossiles tant qu’il y en a
sans pouvoir sérieusement se donner les moyens d’une transition, et si on le
laisse faire à mener toute notre civilisation à l’extinction. Le capitalisme ne
peut pas être « vert », pas plus qu’il ne peut être
« social ». Marx l’avait déjà dit clairement en son
temps : « La production capitaliste ne
développe donc la technique et la combinaison du processus de production
sociale qu’en épuisant en même temps les deux sources d’où jaillit toute
richesse : la terre et le travailleur ».
Si
l’on veut apporter des solutions dignes de ce nom aux problèmes écologiques
bien réels, et pas simplement jeter de la poudre aux yeux, si simplement on
veut que notre planète reste vivable pour nous pour longtemps encore, il faut
traiter les causes du problème et pas seulement ses symptômes. En un mot, il
faut rompre avec le capitalisme qui en est la source. C’est ce qu’Evo Morales,
président de Bolivie, qui a mené son pays sur un chemin de progrès social bien
réel, malgré les limites tout aussi réelles de ce processus, l’a dit clairement
dans le discours le plus intéressant à cette COP 21, modérément apprécié par
les représentants des pays capitalistes d’ailleurs : « Le
capitalisme est la source de tous les maux, il est à l’origine de la
destruction de la Pachamama par le consumérisme et l’individualisme
qui sape les communautés ». Il a appelé à « en finir avec lui
afin de sauver le climat ». « Vous, le Nord, ne pouvez continuer à
saccager la planète sans vergogne ni raison ! », a-t-il dit aux
puissances impérialistes. Dit autrement, apporter des solutions véritables aux
problèmes posés par la COP 21 exige de rompre avec le capitalisme, et de le
remplacer par le socialisme, qui s’il n’est certes pas une condition suffisante
pour cela, est au moins une condition nécessaire. En effet, seule une société
débarrassée des chaînes du pouvoir du capital et du profit de quelques uns à
tout prix, qui aura placé la production sociale sous le contrôle de la société
peut prendre les mesures radicales nécessaires pour construire une civilisation
nouvelle qui soit compatible avec notre existence sur cette Terre à long terme.
C’est aux communistes qu’il revient de remplir cette tâche, difficile, mais
vitale pour l’avenir de l’humanité.
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