02 février 2015

Dans les flammes de la guerre civile, la fascisation de l’Ukraine se poursuit



A Kiev, capitale de l’Ukraine, eut lieu le soir du nouvel an une marche aux flambeaux, rassemblant près de 5'000 personnes, à la gloire de Stepan Bandera, fondateur de l’OUN (Organisation des nationalistes ukrainiens) et collaborateur notoire avec l’occupant nazi, aux cris de : "l'Ukraine aux Ukrainiens", "Bandera reviens, et remets de l'ordre dans tout cela!", et "Gloire à l'Ukraine, gloire aux héros!". Et, parlant de la Grande Victoire de 1945, Arseni Iatseniouk, premier ministre ukrainien, avait déclaré à la télévision allemande : « Nous nous rappelons très bien de l’invasion soviétique de l’Allemagne et de l’Ukraine. Nous ne devons pas laisser de telles choses se reproduire ». Une telle déclaration se passe de commentaires.

Ces deux images illustrent de façons tristement saisissante la pente glissante qu’emprunte aujourd’hui l’Ukraine, enfoncée depuis des mois dans une guerre civile qui a déjà fait plus de 5'000 morts, une campagne de guerre criminelle de l’Etat central, soutenu ouvertement par les puissances impérialistes occidentales, contre deux républiques populaires autoproclamées dans l’Est du pays  celles de Lougansk et de Donetsk, plus ou moins soutenues par la Russie (qui toutefois ne les a pas officiellement reconnu).  Rappelons que le régime de Kiev a refusé d’ouvrir des négociations de paix, et a préféré donner l’ordre à ses troupes de bombarder à l’arme lourde des hôpitaux, des écoles et des quartiers d’habitations. Beaucoup d’informations contradictoires parviennent sur le déroulement des combats, mais on peut constater toutefois que la ligne de front a peu changé depuis un certain temps. Les forces des républiques insurrectionnelles n’ont pas réussi à étendre les zones qu’elles contrôlent, mais l’armée n’a pas réussi à les déloger des territoires sous juridiction de facto des deux républiques populaires (qui ne couvrent en fait qu’une partie des régions de Lougansk et de Donetsk). L’issue de la bataille est encore incertaine. D’un côté, le président-oligarque Porochenko décrète une nouvelle mobilisation dans le but avoué d’écraser l’insurrection ; de l’autre, les forces de la République populaire de Donetsk viennent de reprendre l’intégralité de l’aéroport de Donetsk (qui n’est plus en service, mais qui occupe une position stratégique), après de rudes combats.

Réhabilitation du nazisme et politique réactionnaire et antidémocratique

Mais si tout n’est pas clair sur le déroulement des combats à l’Est du pays, ça l’est en revanche pour ce qui se passe dans les zones contrôlées par Kiev, et c’est d’ailleurs la raison majeure pourquoi tant de personnes ont initialement pris fait et cause pour la rébellion : la réhabilitation ouverte du néonazisme, porté au rang d’idéologie d’Etat, et ce avec la bénédiction ouverte de l’Union Européenne et des Etats-Unis. Rappelons qu’au nom de l’anticommunisme, et du nationalisme ukrainien, les hommes de Bandera ont incendié des centaines de villages, massacré des milliers de Juifs, de communistes, de Russes, de tous ceux qui n’avaient pas leur place dans le Lebensraum hitlérien, commettant ainsi des crimes de guerre sans nombre, des crimes contre l’humanité, et apportant une contribution tristement importante à l’Holocauste. Or Bandera est aujourd’hui considéré comme un héros en Ukraine. Ses portraits étaient partout durant les manifestations de Maidan. Et c’est une réhabilitation du collaborationnisme avec les nazis que le soutient. Oleg Tyanhybok, leader du parti néo-nazi Svoboda (qui participe au gouvernement), avait déposé une motion à la Rada pour que Bandera soit officiellement promulgué « héros national ukrainien ». Avant le défilé, il confiait à la presse ukrainienne que "le gouvernement actuel est venu au pouvoir avec les slogans de Bandera, il doit maintenant suivre ses idées".


Et, très logiquement, la promotion du néonazisme s’accompagne de la même politique que celle de ses « héros » : une politique brutalement en faveur du capital et contre les classes populaires. Les oligarques au pouvoir en Ukraine, issus de la grande bourgeoisie compradore pro-occidentale, et parfois des mafieux déclarés, prennent prétexte de la situation catastrophique de l’économie ukrainienne (pays au bord de la faillite, dette abyssale, hyperinflation, chute du PIB de plus de 8% en une année) dont ils sont les seuls responsables, et de conditions auxquelles est assorti un prêt du FMI pour imposer une politique d’austérité brutale contre le peuple : baisses massives des retraites et des salaires des fonctionnaires, hausse de l’âge de départ à la retraite,suppression des bourses d’études, hausse importantes des tarifs du gaz pour la population, application de la TVA aux médicaments, coupes budgétaires dans les services publics…Depuis le putsch de Maidan l’Ukraine ne peut plus exporter ses produits manufacturés en Russie, le rapprochement avec l’UE n’a permis de trouver aucun nouveau marché, l’économie s’effondre, le chômage augmente de façon catastrophique, et la paupérisation relative et absolue du peuple ukrainien atteint de sinistres sommets. Pendant ce temps, les oligarques vainqueurs se battent, souvent par l’intermédiaires de bandes armes d’extrême-droite, payées par eux, pour le partage des biens du clan du président déchu.


La promotion de l’idéologie fasciste s’accompagne tout aussi logiquement de son application sur le plan politique : destruction de l’Etat de droit, négation des droits démocratiques, anticommunisme forcené. L’Ukraine connaît aujourd’hui une véritable chasse aux sorcières contre tous les opposants au nouveau régime, menée au détriment des règles les plus fondamentales de l’Etat de droit. Et, comme les chemises noires de Mussolini, les bandes néonazies font régner la terrer dans le pays, avec le soutien à peine dissimulé des forces de l’ordre. Les persécutions touchent en particulier le Parti communiste d’Ukraine (KPU) et ses militants. On ne compte plus les cas de responsables du KPU poursuivis en justice sous des prétextes fantaisistes, sauvagement battus par les néonazis ou torturés par les services secrets, de locaux du KPU saccagés par des hooligan d’extrême-droite, toujours en toute impunité. Par une propagande omniprésente et hystérique, par la terreur et par la fraude électorale, le régime Porochenko a réussi à empêcher le KPU de passer le quorum aux dernières élections à la Rada. Après avoir échoué à faire interdire le KPU sous des prétextes absurdes et ridicules, le président de la Rada, le fasciste Olexandre Tourtchinov, a déposé un projet de loi prévoyant l’interdiction de l’idéologie communiste en Ukraine, l’interdiction de tout parti se réclamant du « communisme », du « marxisme » ou du « léninisme », l’interdiction de l’utilisation de tout symbole communiste ou soviétique,  sous peine d’emprisonnement jusqu’à 5 ans.

Résistance et lutte du KPU

Malgré ce climat de persécutions et de terreur, le KPU a refusé de capituler devant le régime Porochenko et a envers et contre tout tenu son 49ème Congrès le samedi 27 décembre 2014, afin de faire un bilan du travail accompli, mais aussi des échecs et des erreurs commises, d’analyser la nouvelle situation politique et d’en tirer toutes les conclusions qui s’imposent sur la façon de mener la lutte contre le fascisme, contre les politiques d’austérité, contre le règne des oligarques, pour les intérêts légitimes des travailleurs et des classes populaires, pour le socialisme.

Petro Simonenko, secrétaire général du KPU, a déclaré en conclusion de son rapport : « Notre pays vit des temps difficiles. La guerre fratricide continue sous les déclarations mensongères du gouvernement sur l’aspiration à la paix et l’établissement de l’ordre. Des villes et des villages sont détruits. Le sang coule. Des millions de personnes en sont réduites à la fin et à la misère. Des centaines de milliers de réfugiés, ayant perdu leur toit, cherchent refuge dans d’autres régions de l’Ukraine et à l’étranger. La fracture dans la société s’approfondit. Le pays, déjà ouvertement placé sous domination étrangère, se trouve devant une menace réelle de démantèlement et de perte da sa souveraineté nationale.

La bourgeoisie compradore au pouvoir – les oligarques et les bandes armées payées par eux, agissant de manière bandériste, fasciste, ont imposé dans le pays une atmosphère de terreur psychologique et de terreur. Ils se débarrassent physiquement de tous ceux qui s’opposent à eux, frappant avant tout notre Parti communiste.

Dans ces conditions notre tâche principale est de renforcer le Parti. Dans tous les tournants possibles de conserver sa structure, ses cadres, serrer plus fortement les rangs autour du Comité Central. Apprendre et agir, renforcer autant que possible le travail auprès de travailleurs – auquel on ment chaque jour et chaque heure grâce à un lavage de cerveau à grande échelle de la part des mass médias aux mains des mêmes oligarques. Nous devons montrer au peuple la vérité, lui ouvrir les yeux sur les causes de la catastrophe, dans laquelle est plongée l’Ukraine !

Et ne pas oublier les leçons de l’histoire : ce n’est que quand les travailleurs, unis autour du Parti communiste, prendront le pouvoir au sein de leurs mains, seulement alors, comme l’a montré Vladimir Ilitch Lénine, le pays et le peuple connaîtront la liberté et la paix.

Soyons donc fidèles à l’enseignement de notre glorieux guide, et nous triompherons certainement ! »

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