05 novembre 2017

Octobre 1917, la Révolution en débat, un ouvrage indispensable




Le centenaire de la Révolution d’Octobre suscite un intérêt plus que justifié, notamment de la part des historiens, des éditeurs et des libraires. Qui voudrait lire quelque chose à ce sujet n’a ces temps que l’embarras du choix. Mais tous ces ouvrages ne sont pas bons, et souvent de la plume des professionnels de l’anticommunisme, dont l’honnêteté intellectuelle est plus que sujette à caution. Alors, quel livre choisir ?

S’il ne fallait lire qu’un livre sur la Révolution d’Octobre, nous conseillerions sans hésiter Octobre 1917, la Révolution en débat de Léo Figuères, paru aux Temps des Cerises en 1998, et réédité cette année. Léo Figuères, né en 1918 et décédé en 2011 et qui fut une figure incontournable de l’histoire du PCF – militant qui fut de tous les combats, résistant, engagé dans la lutte du Vietnam pour sa libération, membre de la direction du PCF, député, maire de Malakoff, auteur de nombreux ouvrages sur l’histoire du mouvement ouvrier et le socialisme, qui n’ont rien perdu de leur intérêt, ni de leur actualité – y retrace l’histoire de la Révolution d’Octobre et de l’Etat auquel elle donna naissance, depuis les dernières années de l’ancienne Russie des tsars, jusqu’à la restauration du capitalisme dans les années 90.

La première qualité de l’ouvrage est sans conteste son caractère synthétique. En un peu moins de 300 pages, Léo Figuères y retrace, avec une remarquable précision et clarté, la situation politique et sociale de la Russie prérévolutionnaire, la séquence entre la Révolution de Février et la Révolution d’Octobre, la Guerre civile, la NEP, la période stalinienne, la collectivisation et l’industrialisation, les répressions des années 30, la Deuxième Guerre mondiale, le tournant du XXème Congrès, les années Brejnev, entre succès, réformes et problèmes non-résolus, enfin la perestroïka et le désastre final. Pour qui ignore la complexe et discontinue histoire soviétique, mais voudrait l’apprendre, c’est un ouvrage tout indiqué.

Une qualité non moins importante est son aspect équilibré, son sérieux historique. Léo Figuères a le mérite de faire de l’expérience soviétique une histoire critique, à la fois des aspects les moins glorieux et des contradictions de cette expérience, et de la « pensée unique » anticommuniste, dont il dénonce à juste titre le caractère intéressé et malhonnête. L’analyse de Figuères, qui ne cède ni à l’apologie acritique ni au moindre reniement, toujours rigoureusement argumentée, et pour le moins utile pour nourrir la réflexion des militants communistes d’aujourd’hui.


L’ouvrage est accompagné d’un dossier sur l’intervention étrangère, en particulier française, lors de la Guerre civile, sans laquelle la contre-révolution blanche serait morte avec Kornilov et Kaledine, bien des destructions et des milliers de morts auraient été évités, et le premier Etat socialiste de l’histoire aurait pu commencer dans des conditions autrement plus favorables.

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