18 décembre 2019

Croissance infinie ou avenir vivable, il faut choisir




Les votations populaires du 24 novembre 2019 ont parlé. Sur presque tous les sujets le peuple s’est prononcé dans le même sens que celui préconisé par le Parti du Travail. Dans la majorité des cas, à une majorité très étroite. Nous pouvons penser en tout cas que le fait que la plupart des objets n’ont été tranchés qu’à une majorité serrée reflète la difficulté de la question qui s’est posée.

Car, à travers les objets des votations sur l’aéroport, les changements de limites de zone au Petit-Saconnex et au Grand-Saconnex, ainsi que sur la limitation drastique des produits phytosanitaires, c’est une même question que le peuple a été appelé à se poser : le développement, conçu en termes de croissance, peut-il se poursuivre, ou bien doit-il être maîtrisé, arrêté peut-être, voire partiellement inversé.

La réponse de la droite libérale était univoque : la croissance est une nécessité, une fatalité économique ; il serait illusoire de vouloir la contenir. Celle de l’extrême-droite était, comme d’habitude, démagogique et contradictoire. Celle du PS était en partie ambiguë, et influencée par la vision libérale quant au fond. La réponse du Parti du Travail était claire : le développement frénétique actuel conduit dans une impasse et ne peut continuer ainsi.

Pour reprendre le propos de l’économiste et philosophe étatsunien Kenneth E. Boulding, devenu depuis un adage : « Celui qui croit qu’une croissance infinie est possible dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste » (néoclassique), ou bien un capitaliste (dont les privilèges dépendent de cette croissance infinie, qu’elles qu’en puissent être les conséquences), ou encore un politicien de droite, au service de ce dernier.

Il faut aujourd’hui être fou, ou en tout cas obnubilé par ses intérêts de classe immédiats jusqu’à l’aveuglement, pour continuer à croire que la poursuite de la croissance économique est possible, qui plus est souhaitable. Il y a quelques jours le rapport annuel du Programme des Nations-Unies sur l’environnement a rappelé l’urgence absolue de la situation. D’après le PNUE chaque minute de perdu peut désormais avoir des conséquences catastrophiques.

Les températures ont d’ores et déjà augmenté de 1°C par rapport à l’ère préindustrielle, et les conséquences en sont visibles, et dévastatrices. Si l’on veut réussir à limiter la hausse des températures à 1,5°C, il faudrait réduire les émissions anthropiques de gaz à effet de serre de 55% d’ici à 2030. Tout retard après 2020 rendrait rapidement cet objectif inatteignable. Il faudrait tout de même réduire les émissions de 2,7% par an si on veut au moins réussir à ne pas dépasser 2°C de hausse. Le problème étant que les émissions continuent régulièrement à croître, et, au rythme actuel de l’inaction des pouvoirs politiques et de la soif de profit sans fin des entreprises, cela est bien parti pour continuer. Ce qui impliquerait une hausse des températures jusqu’à 3,9°C d’ici la fin du siècle, ouvrant la porte à des boucles de rétroaction incontrôlables, et rendant au final la planète inhabitable, ou peu s’en faut.

Par son soutien à un développement sans frein de l’aéroport, au bétonnage des terres agricoles, à la construction de nouveau bureaux, venant s’ajouter aux km2 de bureaux vides sur Genève, et destinés à attirer des multinationales supplémentaires de la finance et du trading, qui vont ensuite investir dans les énergies fossiles, en densifiant « à la tronçonneuse », la droite genevoise contribue à sa mesure au problème.


Ce « développement » là est délétère et il faut lui mettre un terme. Construire du logement est indispensable, mais de façon intelligente, respectueuse des espaces verts et de la zone agricole. Pas en bétonnant à tout va. Aussi en construisant des logements à prix abordables, pas de la PPE, ni des bureaux. Certes, le capitalisme ne peut exister sans croissance infinie. C’est pourquoi il doit céder sa place au socialisme. C’est une question de survie pour notre espèce désormais.

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