21 mai 2021

« Eau propre » : NON à une initiative mal conçue


 

L’initiative populaire « Pour une eau potable propre et une alimentation saine – Pas de subventions pour l’utilisation de pesticides et l’utilisation d’antibiotiques à titre prophylactique » part incontestablement d’une bonne intention et vise à apporter une solution à un problème réel.

 

Toutefois, si le Parti du Travail partage les objectifs des initiants, il ne peut soutenir leur texte. Rédigé par des militants urbains visiblement peu au fait des réalités de l’agriculture, et qui n’ont pris la peine de consulter aucune organisation paysanne avant de lancer leur initiative, celui-ci cible exclusivement les paysans pour un problème dont ils ne sont aucunement les seuls responsables, et ne prévoit que des mesures exclusivement punitives envers eux.

 

La pollution des eaux est un problème réel en Suisse. L’usage excessif de substances phytosanitaires et l’élevage intensif en sont des causes majeures. L’usage d’antibiotiques à titres préventif dans l’élevage est un grave problème également.

 

Quelle est la solution des initiants ? Réserver les paiements directs aux exploitations qui ne recourent pas aux pesticides, qui n’ont pas recours aux antibiotiques à titre prophylactique et dont le bétail est nourri exclusivement avec des aliments produits sur leur exploitation. 

 

Cette solution est excessive et serait insoutenable pour les paysans, surtout pour les petites exploitations.

 

Parler simplement de « pesticides », sans préciser « de synthèse », ni rien, reviendrait de facto d’interdire tout produit phytosanitaire, y compris ceux d’origine naturelle utilisés dans l’agriculture biologique.

 

Imposer de ne nourrir le bétail qu’avec des aliments produits dans l’exploitation – sans possibilité d’acheter du fourrage même en Suisse – revient de facto à rendre impossible pour des petites exploitations de continuer à avoir des animaux. Conscient de ce caractère excessif de leur texte, les initiants ont essayé de s’en sortir avec des pirouettes…comme proposer de l’appliquer « souplement », ou de permettre quand même d’acheter du fourrage en Suisse. Ce qui reviendrait à demander de ne pas appliquer leur initiative – qui ne laisse aucune marge de manœuvre en l’espèce – le cas échéant. Ou bien qu’ils ne comprennent pas eux-mêmes leur propre texte, ce qui n’est guère un gage de sérieux.

 

Surtout, ces conditions restrictives ne concernent que les paysans suisses qui travaillent dans le système des payements directs. L’initiative est muette sur les produits d’importation. Les conséquences pratiques seraient des faillites accrues de petites exploitations en Suisse, et une hausse des importations de denrées agricoles, produites dans des conditions écologiquement pires que l’agriculture conventionnelle dans notre pays. Les eaux seraient certes plus propres en Suisse, mais serait-ce vraiment un progrès ?

 

Le Parti du Travail est favorable à une agriculture paysanne, biologique et locale. Celle-ci ne peut advenir, en lieu et place de l’industrie agroalimentaire capitaliste, sans les paysans, encore moins contre eux. Le syndicat paysan progressiste Uniterre et Bio-Suisse appellent à voter NON. Le Parti du Travail fait de même.

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