10 juin 2014

Ukraine: un oligarque président d'un Etat en guerre contre son propre peuple

L’oligarque Petro Porochenko a donc été élu président de l’Ukraine, au terme d’un scrutin se déroulant en pleine guerre civile et massivement boycottée par les électeurs du Sud-Est du pays. C’est donc cela la triste issue de l’Euromaïdan ce mouvement qui se voulait démocratique, mais qui était noyauté par les fascistes, qui voulait en finir avec le pouvoir des oligarques et la corruption et qui se clôt par l’élection d’un oligarque à la magistrature suprême après que d’autres oligarques aient été nommés gouverneurs de régions. Le nouveau président a d’ores et déjà le ferme appui des Etats-Unis et de l’Union européenne, ses sponsors.

Pendant ce temps, le gouvernement intérimaire illégitime issu du coup d’Etat qui a renversé Ianoukovitch continue une opération de guerre criminelle contre les insurgés des régions de Lougansk et de Donetsk, dépêchant contre ces régions rebelles l’armée régulière, la milice néo-nazie Secteur droit et la Garde nationale, où sont massivement enrôlés les fascistes des divers groupuscules d’extrême-droite de Maïdan, et n’hésitant pas à tirer sur les civils et à bombarder à coups de mortier des hôpitaux, des écoles et des quartiers d’habitation. L’opération de guerre a déjà fait des centaines de morts et des milliers de déplacés.

La propagande gouvernementale ukrainienne, reprise sans aucun esprit critique par les médias bourgeois occidentaux, présente les insurgés du Sud-Est de l’Ukraine comme des séparatistes, des terroristes et par dessus tout des marionnettes de Moscou. Naturellement, l’histoire est un peu différente.

La révolte dans les régions du Sud-Est de l’Ukraine est partie de la protestation contre la fascisation du pays – le gouvernement illégitime formé après le coup d’Etat comprend des ministres issus du parti néo-nazi Svoboda, laisse les groupuscules néo-nazis semer impunément la terreur dans le pays, a voulu interdire la langue russe, qui est pourtant la langue maternelle de la moitié de la population du pays, et réhabilite les nationalistes ukrainiens qui ont combattu du côté des nazis durant la deuxième guerre mondiale – et d’une protestation sociale contre la hausse de 50% des tarifs du gaz et de la baisse des retraites décidées par le nouveau gouvernement. Il s’agit d’un authentique mouvement populaire anti-fasciste, qui s’est affiché pro-russe car il espérait le soutien de la Russie, mais qui n’est guère soutenu dans les faits par celle-ci et qui en tout cas n’est pas contrôlé par le Kremlin. Le gouvernement illégitime de Kiev ayant refusé de discuter de leur proposition légitime d’une fédéralisation du pays, les insurgés n’eurent d’autre choix que d’organiser des référendums pour l’autodétermination de leurs régions. Ces référendums ne furent certes pas organisés de façon tout à fait régulière – mais comment l’auraient-ils pu l’être dans les conditions de début de guerre civile ? – il est néanmoins clair que la majorité des habitant des régions de Lougansk et de Donetsk se sont exprimés pour l’indépendance. Et maintenant, au lieu de négocier avec les Républiques populaires de Lougansk et de Donetsk, le gouvernement putschiste de Kiev préfère mener une guerre sanglante et criminelle contre son propre peuple.

Et pendant ce temps, une demande d’interdiction du Parti communiste d’Ukraine (KPU), déposée par le président ad intérim Tourtchinov, est pendante devant la justice ukrainienne et c’est un procureur néo-nazi qui est chargé de l’instruire.


L’interdiction du Parti communiste est le premier pas vers l’instauration d’un régime fasciste, et la politique de guerre contre son propre peuple est une politique criminelle caractéristique d’un gouvernement fasciste. Le Parti du Travail exige l’arrêt de l’opération punitive menée par le gouvernement putschiste de Kiev et soutient le KPU qui doit lutter dans des conditions de plus en plus difficiles pour les seules solutions répondant effectivement aux intérêts et aspirations légitimes du peuples ukrainiens : la fédéralisation du pays, l’arrêt du démantèlement social, la nationalisation des biens des oligarques et le socialisme.

Nouvelle offensive de la droite pour une libéralisation des horaires d'ouverture des magasins

Il y a quelques jours, prenait fin le délai pour la consultation d’un projet de loi du Conseil fédéral faisant suite à une motion du conseiller aux Etats PDC tessinois Filippo Lombardi et prévoyant l’ouverture des commerces dans l’ensemble du pays entre 6h00 et 20h00 du lundi au vendredi et de 6h00 à 19h00 le samedi.

L’ouverture prolongée des magasins représente une vielle lubie de la droite et du patronat, qui n’ont cure du fait que le peuple a balayé pratiquement tous les projets allant dans ce sens et ce depuis des années.

Si ce projet devait se concrétiser, ce qui n’est pas certain vu  que tous les cantons sauf le Tessin s’y opposent car ils estiment que les horaires d’ouvertures des magasins sont une prérogative cantonale, cela représenterait une grave atteinte aux conditions de travail des employés de la vente – les heures d’ouvertures supplémentaires ne devraient déboucher sur aucune création d’emploi et seraient à la charge des employés actuels – et justifie que l’on se prépare d’ores et déjà au référendum.

Les arguments des partisans de cette extension des horaires d’ouverture des magasins sont en revanche des plus tenus. Cela augmenterait la consommation ? Comment les gens consommeraient-ils plus si leurs revenus n’augmentent pas ! Cela freinerait le tourisme d’achat ? Les gens vont faire leurs courses à l’étranger parce que les prix y sont moins élevés, pas à cause des horaires d’ouverture des magasins. Il faut s’adapter aux besoins, ou plutôt aux envies supposées des consommateurs ? Veut-on vraiment d’une société ou le temps libre serait dévolu exclusivement à la consommation ?



La bourgeoisie suisse contre la démocratie directe

Depuis que le nombre d’initiatives populaires a augmenté, et que leur acceptation est devenue plus fréquente, des représentants des cercles patronaux et libéraux, ainsi que des partis gouvernementaux envisagent de restreindre le droit d’initiative. Des voix appellent les chambres fédérales à user plus systématiquement de la possibilité d’invalider des initiatives pour non-respect de l’unité de la matière, unité de la forme ou non-conformité des engagements internationaux de la Suisse, voire d’augmenter le nombre de signatures requises. Beaucoup jureraient la main sur le cœur qu’ils en ont après les initiatives xénophobes et contraires aux droits humains de l’UDC, ou des initiatives émotionnelles et difficilement applicables. Mais il ne faut pas s’y laisser prendre. La classe dirigeante de ce pays s’accommode sans trop de problèmes de ce genre d’initiatives, quand elle n’en reprend pas l’esprit – les durcissements successifs de la Loi sur les étrangers et de la Loi sur l’asile furent votés avec les voix libérales-radicales et démocrates-chrétiennes.

Non, ce qui pose réellement problème aux représentants politiques du patronat, c’est l’usage que font la gauche et les syndicats du droit d’initiative pour mettre en avant un agenda de progrès social et de remise en cause de la toute-puissance du capital. Du reste, l’une des deux seules initiatives invalidées dans l’histoire de ce pays fut l’initiative du Parti Suisse du Travail « Contre la vie chère et l’inflation » en 1975, officiellement pour des raisons d’unité de matière, en réalité parce qu’elle menaçait les intérêts que la majorité de droite de l’Assemblée fédérale défend. C’est aussi ce que fait depuis longtemps le Grand Conseil genevois, essayant systématiquement d’invalider les initiatives progressistes pour des raisons politiques. Aucune initiative xénophobe, en revanche, ne fut jamais invalidée.

Le cercle de réflexion néolibéral Avenir Suisse a récemment mené une réflexion sur les restrictions à apporter au droit d’initiative, qui apparemment menacerait la stabilité politique et économique de la Suisse. Il en a clairement contre les initiatives qui demandent un peu plus de justice sociale dans ce pays. « Y compris quand elles ne passent pas, comme l’initiative 1 : 12 ou celle sur le salaire minimum, - déclare un économiste ayant souhaité rester anonyme. Le simple fait qu’elles soient lancées crée de l’incertitude ». (Le Temps du 31.05.14). L’ex directeur d’Avenir Suisse, Xavier Comtesse, est très explicite sur les intentions anti-démocratiques de son organisation : « L’idée, c’est qu’une autorité doit pouvoir accepter ou invalider les initiatives qui sont lancées. Au pays de la démocratie directe, le vote de mécontentement ne devrait pas exister ! »

Sitôt dit, sitôt mis en pratique. Le Conseil des Etats envisage d’invalider pour des prétextes juridiques tirés par les cheveux l’initiative du Parti évangélique, soutenue par le PS et par le Parti du Travail, pour l’imposition des successions et pour que les deux tiers des revenus de ce nouvel impôt aillent au financement de l’AVS. La vérité est simplement que les représentants politiques des possédants ne peuvent accepter que les héritages des multimillionnaires soient taxés.

Ces attaques contre le droit d’initiative sont inadmissibles et doivent être contrées. Le droit d’initiative représente en effet un acquis démocratique précieux et un indispensable contre-pouvoir populaire dans un pays où pour le reste tous les pouvoirs réels sont concentrés aux mains des représentants du grand capital. Les initiatives xénophobes et réactionnaires que le peuple suisse a récemment acceptées ne sont pas un argument. S’il n’y avait que le parlement bourgeois à majorité de droite comme seul rempart face à l’extrême-droite et à ses idées nauséabondes, il s’agirait d’un rempart bien mince. L’agenda xénophobe et rétrograde de l’UDC et de ses satellites doit être contré sur le terrain de la lutte politique et de la lutte de classe, pas par une remise en cause des droits démocratiques précieux et indispensables.










04 mai 2014

Ukraine : stop aux velléités de guerre civile du gouvernement illégitime !

Dmytro Yaroch, leader du mouvement néo-nazi ukrainien Pravyi Sektor (Secteur droit) a récemment déclaré lors d’une conférence de presse que le rêve des ukrainiens était réalisé, car « l’armée de Bandera a franchi le Dniepr » ; Stepan Bandera étant le fondateur de l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN), organisation ultranationaliste qui prit fait et cause pour l’occupant nazi durant la Deuxième Guerre mondiale, et se rendit coupable d’innombrables massacres de communistes, de Juifs et de Russes. Cette déclaration jette un éclairage sinistre sur la situation que vit aujourd’hui l’Ukraine, dirigée par un gouvernement illégitime issu d’un coup d’Etat comptant en son sein des ministres issus du parti néo-nazi Svoboda (Liberté), un Etat à la dérive, au bord de la faillite et où les bandes fascistes font la loi, un pays écartelé entre l’Est et l’Ouest et qui s’achemine dangereusement vers une guerre civile.

L’espoir qu’ont pu caresser certains manifestants de la place Maïdan de mettre fin au règne des oligarques et de la corruption est bien vite retombé. Le gouvernement est tenu par le parti Batkivtchina (Patrie), le parti, de droite, de Ioulia Timochenko, une ancienne oligarque qui a fait fortune dans le commerce du gaz et qui a allégrement trempé dans des affaires de corruption. Le candidat qui semble bien parti pour remporter l’élection présidentielle est l’oligarque Petro Porochenko. Et des oligarques ont été désignés comme gouverneurs dans les régions de l’Est du pays (en effet, en Ukraine les gouverneurs régionaux sont directement nommés depuis Kiev). Le nouveau gouvernement a ainsi clairement montré qu’il est quand au fond, exactement comme le précédent, à la solde des oligarques et des possédants. Non seulement aucune mesure n’a évidemment été prise pour mettre fin à l’accaparement des richesses nationales par quelques uns, mais le nouveau pouvoir n’a d’autre politique économique que de quémander des prêts de l’UE et du FMI avec pour contrepartie une politique d’austérité brutale dont souffrira avant tout le peuple ukrainien : baisse de retraites et hausse des tarifs du gaz pour les ménages de 50%.

Le régime actuel est parvenu au pouvoir en s’alliant avec une extrême-droite ouvertement néo-nazie et en jouant la carte d’un nationalisme forcené. La traditionnelle fête de la Victoire sur le nazisme du 9 mai est menacée d’interdiction pendant que Bandera est publiquement célébré comme héros national et que la division de la SS de Galicie est réhabilitée à Lviv, dans l’Ouest du pays…Pravyi Sektor et d’autres groupuscules d’extrême-droite font la loi dans le pays, agressent des responsables communistes et des opposants au régime putschiste en place et même des vétérans de le Deuxième Guerre mondiale. Des locaux du Parti communiste d’Ukraine (KPU), dont le siège central à Kiev, ont été saccagés et incendiés en toute impunité par les néo-nazis. Des responsables communistes ont été sauvagement battus et torturés. Certains candidats à l’élection présidentielle ne peuvent se déplacer dans certaines parties du pays sans être agressés par les fascistes. Le gouvernement a refusé de désarmer les milices néo-nazies, en violation flagrante des accords de Genève, et la police n’intervient pas, ce qui équivaut à un soutient ouvert à l’extrême-droite et à ses violences. Et le gouvernement envisage sérieusement d’interdire le KPU. Des opposants au nouveau régime, des partisans de la fédéralisation du pays sont arrêtés sous divers prétextes et poursuivis en justice pour atteinte à l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Dirigée par un gouvernement illégitime à la botte des oligarques et qui poursuit ses opposants en justice, livrée au violences d’extrême-droite sous le regard indifférent de la police, l’Ukraine n’est sans doute pas, encore, une dictature, mais ne peut guère plus prétendre au titre de démocratie…

Face à cette dérive antisociale et antidémocratique du gouvernement illégitime, face à un nationalisme antirusse exacerbé, face à la terreur exercée par les milices d’extrême-droite, les populations russophones de l’Est et du Sud de l’Ukraine se sont soulevées, avec le soutien moral, médiatique, et peut-être logistique de la Russie. Ils réclament un référendum sur l’autonomie de leurs régions, le droit d’élire eux-mêmes leurs gouverneurs, la libération de tous les prisonnier politiques et une fédéralisation de l’Ukraine. Pour se faire entendre, ils ont utilisé les mêmes méthodes quant au fond que les manifestants de Maïdan, les rassemblements et l’occupation des bâtiments administratifs. Mais le gouvernement illégitime n’a pas voulu entendre leur demandes, pourtant parfaitement raisonnables et justifiées, et pour seule réponse les a qualifié de séparatistes, ce qu’ils ne sont pas, et de terroristes. Visiblement, ce qui était parfaitement normal de la part des manifestants de Maïdan devient tout à coup inadmissible de la part des habitants de l’Est de l’Ukraine, exemple typique de la politique de deux poids deux mesures.

Les partisans de la fédéralisation du pays dans l’Est et le Sud de l’Ukraine ont alors décidé de ne plus obéir au gouvernement illégitime de Kiev et de prendre leur destin en main. Une République populaire du Donbass a été proclamée à Donetsk. Des bâtiments administratifs sont occupés. Des villes entières échappent au contrôle de Kiev. Des milices d’auto-défense populaires armées se sont organisées. Les activistes pro-fédéralisation tiennent à organiser un référendum le 25 mai, avec ou sans l’accord du gouvernement et de ses oligarques gouverneurs. Le gouvernement illégitime, au lieu de négocier, n’a d’autre réponse que la force et a commencé une opération « anti-terroriste », lançant contre les insurgés l’armée, les bandes néo-nazies, la garde nationale nouvellement formée et comprenant en son sein nombre de fascistes issus des milices d’autodéfense de Maïdan, ainsi que, d’après des rumeurs non dénues de crédibilité, des mercenaires de Blackwater. Les forces gouvernementales et des milices d’extrême-droite ont attaqué des check-points des militants pro-fédéralisation, faisant plusieurs morts, dont des citoyens désarmés. Cette politique criminelle du gouvernement putschiste menace de faire plonger le pays dans la guerre civile.

Les médias occidentaux présentent généralement les militants pro-fédéralisation comme des « pro-russes », voire comme des marionnettes de Moscou. C’est inexact. Il est vrai que l’on voit des drapeaux russes dans les manifestations des partisans de la fédéralisation de l’Ukraine. Mais les manifestants ont de très bonnes raisons de vouloir rechercher un rapprochement avec la Russie de leurs régions. En effet, l’économie de l’Est de l’Ukraine, fondée sur les mines de charbon et l’industrie lourde, dépend très fortement des exportations vers la Russie. Si le gouvernement illégitime, lui à la solde des USA et de l’UE et de leurs visées impérialistes, parvient à ses fins et coupe les ponts avec la Russie, des dizaines de milliers de personnes perdraient leurs emplois. Il est vrai aussi que la Russie soutient les mouvements populaires à l’Est et au Sud de l’Ukraine. Bien entendu, nous ne nous faisons pas d’illusion sur les motivations du Kremlin, qui défend avant tout ses intérêts stratégiques et veut éviter l’encerclement de la Russie par l’OTAN. Il faut aussi tenir compte du fait que la carte du patriotisme russe est la dernière qui reste à jouer à Poutine pour garder un semblant de légitimité aux yeux de son peuple et masquer le bilan catastrophique de son régime sur le plan social et économique. Mais cette carte, justement, il l’a jouée à un point tel qu’il ne pourrait désormais plus reculer, et si le gouvernement illégitime ukrainien devait vraiment commencer une opération militaire d’envergure contre ses opposants, la Russie serait amenée à intervenir pour les défendre, ce qui déboucherait sur une guerre entre l’Ukraine et la Russie.

Il n’est pas encore trop tard pour empêcher la guerre. Pour cela, il faut que le gouvernement putschiste ukrainien désarme les bandes néo-nazies, libère tous les prisonniers politiques et accède aux justes demandes des populations de l’Est et du Sud de l’Ukraine, une autonomie accrue pour les régions et une fédéralisation du pays.

Enfin, le Parti du Travail tient à exprimer sa solidarité avec le KPU, qui doit lutter dans des conditions très difficiles, en butte aux persécutions de l’extrême-droite, mais qui porte depuis longtemps avec courage la seule perspective qui réponde aux intérêts et aspirations du peuple ukrainien : la fédéralisation du pays, la nationalisation des biens mal acquis par les oligarques, le socialisme.


04 mars 2014

Solidarité avec le Parti communiste d’Ukraine, menacé d’interdiction !



Le désormais ex-président de l’Ukraine, Viktor Ianoukovitch, est en fuite, les députés de son parti, le Parti des régions, à la Verkhovnaya Rada, le parlement ukrainien, ont massivement tourné leurs vestes, l’opposition d’hier, qui a battu le pavé pendant des semaines sur le Maïdan Nezhalejnosti, la Place de l’Indépendance au centre de Kiev, est désormais aux commandes du pays, un président ad interim et un nouveau gouvernement ont été nommés, des élections présidentielles sont prévues pour bientôt (personne ne parle toutefois d’élections parlementaires anticipées). En même temps, la situation économique et financière du pays est catastrophique, et le nouveau gouvernement aura beaucoup de mal à éviter le défaut de payement.

C’est du moins la partie émergée de l’iceberg, celle que l’on apprend facilement à travers les médias mainstream. Du reste, comment en est-on arrivé là aujourd’hui ? Pourquoi ce mouvement de l’Euromaïdan ? La presse bourgeoise dirait qu’il s’agit d’une révolution démocratique contre un régime autoritaire et corrompu, et en faveur de l’Europe, incarnation comme on le sait des valeurs de démocratie, de liberté et d’Etat de droit. Certes, tout n’est pas entièrement faux dans cette vision. Il faut bien admettre que des milliers d’ukrainiens ont rejoint le Maïdan pour protester avec raison contre un régime mafieux et corrompu. Rappelons que le fils de Viktor Ianoukovitch, Alexandre, est devenu milliardaire durant la présidence de son père. Depuis le renversement du socialisme en 1991, l’Ukraine n’a connu que des régimes corrompus et liés aux clans oligarchiques du pays, dont les règnes successifs été synonymes de privatisations frauduleuses de biens publiques, de réformes néolibérales et de paupérisation relative et absolue pour l’immense majorité de la population. La présidence de Viktor Ianoukovitch ne fait pas exception à la règle. Le parti présidentiel, le Parti des Régions, n’est qu’un parti mafieux et clientéliste, sans véritable ligne politique. Alors, beaucoup de gens du peuple ont sans doute manifesté avec raison pour faire tomber un système corrompu et honni, et pour demander plus de justice et de démocratie. Il est vrai aussi que beaucoup d’Ukrainiens se font des illusions sur l’Union européenne et le bien supposé qu’elle pourrait apporter à leur pays, même si bien sûr il ne s’agit que d’une illusion que les faits les plus élémentaires démentent totalement.

Toutefois, sans être totalement fausse, cette vision véhiculée par la presse bourgeoise est pour le moins partielle et partiale et en reste à la surface des choses, surface que cette même presse crée de toutes pièces. Car l’Euromaïdan, s’il est en partie un mouvement populaire, n’est certes pas un mouvement spontané, et ne serait rien sans ceux qui l’organisent, le financent et le dirigent. Et derrière, il y a des forces politiques pour le moins peu recommandables. Le parti Batkivchtchina (Patrie), tout d’abord, le parti de l’ex premier ministre Ioulia Timochenko. Un parti de droite et à vrai dire tout aussi trouble que l’est la carrière de son égérie, ancienne femme d’affaire dans le secteur des hydrocarbures ayant allégrement trempé dans des affaires de corruption, puis premier ministre sous la présidence de Viktor Iouchtchenko ayant signé un contrat sur les importations de gaz avec la Russie très défavorable pour l’Ukraine. Une oligarque donc à la tête d’un parti lié aux clans oligarchiques de l’ouest du pays, très semblable quant au fond à Ianoukovitch et à son Parti des Régions. Le Parti Oudar (Frappe) de l’ancien champion de boxe et exilé fiscal aux USA Vitali Klitchko ensuite, un parti de droite, dont le programme comprend la hausse des tarifs sur le gaz pour les ménages et de nouvelles privatisations. Le Parti Svoboda (Liberté) d’Oleg Tyagnibok enfin, pudiquement présenté comme « nationaliste » par la presse occidentale, alors qu’il s’agit d’un parti ouvertement antisémite et néonazi, nostalgique de l’OUN (Organisation des nationalistes ukrainiens), une structure qui a combattue dans le camps des nazis pendant la Deuxième Guerre mondiale et qui s’est rendue coupable de massacres des Juifs d’Ukraine. Un parti qui vise à la suppression de la démocratie libérale et parle de « complot judéo-russe » contre l’Ukraine. Sans oublier les organisations néonazies plus radicales encore que Svoboda, comme Pravy Sektor (secteur droit). Ces forces politiques de droite ont réussi, avec le soutien de l’Union européenne et des USA qui poursuivent leurs propres intérêts géopolitiques, instrumentaliser la colère populaire et la canaliser au service de leurs propres objectifs qui n’ont rien d’idéaliste.

Essentiellement lutte entre clans oligarchiques pour le repartage du pouvoir, le mouvement de l’Euromaïdan a été entaché par de nombreux actes de violence commis par les bandes fascistes très implantées à l’intérieur, des destructions de bâtiments publics, des actes de pillage et d’agressions. Il a débouché sur ce qu’il faut bien appeler un coup d’Etat qui risque de couper le pays en deux, et sur le démantèlement des structures de l’Etat, fût-ce d’un Etat corrompu et injuste, qui a laissé le champ libre aux violences de l’extrême-droite, violences dirigées contre les monuments à l’effigie de Lénine, aux héros soviétiques de la Deuxième Guerre mondiales, mais aussi contre les locaux et les militants du Parti communiste d’Ukraine (KPU).

Car la presse bourgeoise fait l’omerta là-dessus, mais il y a en Ukraine un parti communiste très bien implanté dans les régions industrielles de l’Est du pays et présent à l’Ouest, qui compte 115'000 membres et qui a fait 13,4 % des voix aux élections parlementaires de 2012. C’est le seul parti représenté à la Rada à posséder une véritable idéologie et à défendre les travailleurs d’Ukraine et pas seulement tel ou tel clan oligarchique. Dès le début de la crise, il est le seul parti ukrainien à avoir proposé une solution raisonnable : un référendum pour que le peuple puisse choisir entre l’accord d’association avec l’UE ou l’union douanière avec la Russie, l’abolition de la présidence et l’établissement d’une république parlementaire, l’instauration d’une république fédérale pour éviter la scission du pays entre l’Est et l’Ouest. Mais ni le pouvoir, trop occupé à tergiverser à essayer de se maintenir à tout prix, ni l’opposition, décidée à l’épreuve de force, n’en ont voulu.

Le coup d’Etat de l’opposition a laissé le champ libre aux bandes fascistes et a débouché sur une véritable hystérie anticommuniste, à des persécutions contre le Parti communiste et ses militants. Interdit dans trois régions de l’Ouest du pays, en toute illégalité, le KPU en est réduit à une existence semi-clandestine à l’Ouest. La maison du secrétaire général du Parti, Petro Simonenko, a été incendiée par des néonazis qui y cherchaient des documents compromettants mais n’ont évidemment rien trouvé. Nombre de locaux du KPU ont été saccagés et pillés, dont le siège central du Parti à Kiev. Rostislav Vasilko, secrétaire de la section de Lviv (à l’Ouest), a été sauvagement battu et torturé par des néonazis. Il s’est retrouvé à l’hôpital avec trois côtes cassées et une commotion cérébrale. Les membres de sa famille ont été menacés de mort. Et un projet de loi visant à l’interdiction du KPU a été déposé à la Rada…

Malgré ce climat hostile, le KPU n’a pas cédé et continue sa lutte, à la Rada comme dans la rue, pour la défense des droits des travailleurs et pour le socialisme. Il arrive à engranger rapidement de nouveaux membres, en particulier dans ses bastions à l’Est. Dans un message aux membres du Parti, Petro Simonenko a déclaré : « Dans les circonstances qui ont surgi, notre tâche la plus importante est de maintenir la structure et les cadres du parti, être vigilant, ne pas succomber aux provocations.

Il est important de profiter de chaque occasion pour informer les travailleurs sur la nature du coup d'Etat et le danger de ses conséquences pour les citoyens ordinaires - une détérioration marquée de l’économie, la hausse du chômage et des retards dans le paiement des salaires et des pensions, l'augmentation des prix et les tarifs, la criminalité galopante, en outre appauvrissement de la population.

La direction du Parti et de notre groupe parlementaire à la Rada suprême de l'Ukraine fera tout son possible dans ces conditions très difficiles à défendre les intérêts des salariés, sauvegarder la partie, de préserver l'intégrité de l’Ukraine ».


Le Parti du Travail exprime sa solidarité avec ses camarades ukrainiens, et les soutient dans leur lutte contre l’hydre fasciste, contre le règne des oligarques et pour le socialisme.