Je constate que mon article intitulé « retour vers le futur » fut durement attaqué , ce à quoi je m’attendais. J’admets que mes propos étaient plutôt polémiques, ce qui était voulu. J’admets également qu’il était par trop optimiste, et donc erroné, d’estimer que la tendance marxiste-léniniste représente les deux tiers du PST. Elle est évidemment inférieure en nombre, mais pas ultra-minoritaire pour autant, étant tout de même forte à Genève et dominante Outre-Sarine. Par contre je m’étonne de la violence de certains arguments de mes contradicteurs. Je n’ai à aucune reprise, ni au congrès, ni dans les pages de Gauchebdo, qualifié les camarades dont les positions sont opposées aux miennes d’opportunistes; contrairement à ce qui a été parfois dit, je n’ai jamais souhaité attaquer qui que ce soit, ni surtout demandé à marginaliser quelque tendance que ce soit. Mon propos était simplement de présenter les positions d’une certaine tendance du Parti, et non point de me livrer à des attaques personnelles. Du reste, je ne comprends pas qu’un simple article polémique soulève de telles réactions. Il est après tout bien normal que le Parti démocratique que nous sommes possède des tendances divergentes et que ces diverses tendances aient entre elles un débat parfois dur.
Je voudrais aussi répondre à certains propos avec lesquels je ne saurais être d’accord. Je ne ferais pas une explication de texte, mais insisterai en particulier sur un aspect : le lien entre la théorie et la pratique. Je n’ai jamais présenté l’idéologie comme une production intellectuelle détachée de la réalité concrète de la lutte des classes. L’idéologie est dérivée de la réalité sociale, le marxisme est avant tout « l’analyse concrète d’une situation concrète » (Lénine), et celui qui dit le contraire n’est pas marxiste. Mais le marxisme n’est pas non plus le rejet de toute théorie au profit de la seule pratique. Etre marxiste c’est voir le monde de façon dialectique : la théorie est la conceptualisation des contradictions de la société réelle, et cette conceptualisation est en retour nécessaire pour agir sur la réalité. Marx et Lénine ont certes combattu le dogmatisme et le gauchisme, détachés de la pratique. Mais il ne faut pas faire l’erreur de tomber dans l’autre extrême, l’empirisme et le subjectivisme, le spontanéisme et le refus de la théorie que Lénine a combattu au moins autant que le dogmatisme.
Je voudrais aussi répondre à certains propos avec lesquels je ne saurais être d’accord. Je ne ferais pas une explication de texte, mais insisterai en particulier sur un aspect : le lien entre la théorie et la pratique. Je n’ai jamais présenté l’idéologie comme une production intellectuelle détachée de la réalité concrète de la lutte des classes. L’idéologie est dérivée de la réalité sociale, le marxisme est avant tout « l’analyse concrète d’une situation concrète » (Lénine), et celui qui dit le contraire n’est pas marxiste. Mais le marxisme n’est pas non plus le rejet de toute théorie au profit de la seule pratique. Etre marxiste c’est voir le monde de façon dialectique : la théorie est la conceptualisation des contradictions de la société réelle, et cette conceptualisation est en retour nécessaire pour agir sur la réalité. Marx et Lénine ont certes combattu le dogmatisme et le gauchisme, détachés de la pratique. Mais il ne faut pas faire l’erreur de tomber dans l’autre extrême, l’empirisme et le subjectivisme, le spontanéisme et le refus de la théorie que Lénine a combattu au moins autant que le dogmatisme.
Car Lénine a dit avant tout : « Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire… Seul un parti guidé par une théorie d’avant-garde peut remplir le rôle de combattant d’avant-garde. » Comment saurions-nous encore garder un but final si nous renions l’importance de l’idéologie ?. Car si la lutte de classe réelle est bien notre raison d’être, nous ne saurions nous contenter de porter les exigences immédiates du prolétariat, car un projet communiste ne peut naître de lui-même de cette somme de combats partiels. La lutte politique, c’est-à-dire la lutte pour le communisme, a nécessairement besoin d’un apport théorique provenant de l’extérieur, c'est-à-dire du marxisme-léninisme porté par le Parti communiste. Et puisque nous jusqu’à nouvel ordre nous vivons dans une société fondée sur des rapports de production capitalistes, le marxisme-léninisme, s’il doit être adapté aux conditions réelles de la lutte des classes en Suisse, demeure valide. Il ne s’agit donc pas d’une "pensée magique" mais d’un guide indispensable pour l’action.
Quelle crédibilité auraient nos revendications si nous ne pouvons les fonder sur une base théorique solide ? Comment pourrions-nous justifier qu’un monde plus juste est possible sans théorie révolutionnaire ? Et dans ce cas la droite aurait raison de nous traiter d’utopistes aux propositions farfelues, puisque nous nous serions privés de la simple possibilité de contre-argumenter sérieusement. Rassembler toutes les classes populaires, cela va de soi ! Adapter notre discours aux aspirations du peuple, évidemment ! Mais « les victoires idéologiques précédent toujours les victoires politiques » (Antonio Gramsci), et avant de pouvoir rassembler qui que ce soit, nous devons d’abord convaincre. Et pour cela précisément nous avons besoin de la théorie marxiste-léniniste. Car les mots que nous utilisons ont de l’importance. Car « la langue est la réalité première de la pensée » (Karl Marx), et si l’on dit « justice sociale » au lieu de « communisme », « lutte pour une société plus juste » plutôt que « lutte de classes », ou « Etat de tout le peuple » plutôt que «république populaire », ce n’est pas la même chose avec d’autres mots, mais bien autre chose que nous disons.
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