07 décembre 2008

Que penser de la victoire d'Obama?

source de l'image: civilisation socialista

« Je construirai une armée du XXIe siècle et un partenariat aussi puissant que l’alliance anticommuniste qui a remporté la guerre froide, afin que nous demeurions partout à l’offensive, de Djibouti à Kandahar. » Barack Obama

C'est un fait, Barack Obama sera le 44ème président des Etats-Unis d'Amérique. Pour une fois, l'opinion des analystes de droite comme de gauche est unanime pour saluer sa victoire. Les commentateurs de tous bords n'ont pas de mots assez élogieux pour décrire M. Obama. A les croire, c'est à peine s'il ne serait pas le nouveau messie venu tout droit du ciel pour mettre fin aux ténèbres de l'ère Bush et restaurer l'image des Etats-Unis tels que nous (qui est inclu dans ce "nous" d'ailleurs) les aimons, des States idéaux animés par un esprit de démocratie et de tolérance. Faut-il pour autant rejoindre cet enthousiasme béat et se réjouir de la victoire du candidat démocrate? Certes, il est incontestable que l'élection d'un noir à la présidence des USA est une première historique et un grand progrès dans le dépassement du racisme aux Etats-Unis (qui n'est pas vaicu pour autant) et qu'à tout prendre Obama est toujours moins pire, voire à certains égards plus progressiste, que McCain, et surtout que Sarah Palin si ce dernier devait décéder avant la fin de son hypothétique mandat. Mais cela suffit-il pour faire d'Obama un homme de gauche, ou du moins de centre-gauche?

La réponse est clairement non. Sans être, à l'image de Bush et McCain d'extrême-droite, Obama n'en est pas moins de droite, voire de droite dure. Du reste, le Parti radical genevois ne dit pas le contraire. Et ce n'est même pas qu'il ait fait des promesses qu'il ne voudra pas tenir, comme cela fut en partie le cas pour Bill Clinton. Car les promesses progressistes d'Obama n'existent que dans l'imagination de quelques journalistes et politiciens de gauche européens, qui n'ont visiblement pas pris la peine de lire un seul discours d'Obama, et en tout cas pas de s'informer sur son programme réel sur son site de campagne après sa victoires contre Hillary Clinton. Barck Obama est sans doute un orateur d'exception, maîtrisant brillamment la rhétorique classique et un homme charismatique qui sait donner à ses discours le ton de l'espoir, voire une certaine phraséologie progressiste. Mais cela ne veut pas dire pour autant qu'il ait fait la moindre promesse progressiste concrète. Le caractère "progressiste"de ses discours tient uniquement à des slogans creux martelés jour après jour dans des clips télévisés généreusement payés par de riches donateurs de Wall Street, des slogans tels que le celèbre "Yes, we can", qui n'a en fin de compte aucun sens. La seule chose qu'a promis Obama, c'est le "changement", dont le contenu ne fut à aucun moment précisé, ce qui fait du candidat démocrate tout au plus un habile démagogue.
Rappelon qu'Obama est contre une couverture de santé universelle, contrairement à Hillary Clinton, qui n'est pas exactement de gauche pourtant; cela alors que 46 millions d'Américains sont privés d'assurance maladie, qui est privée aux USA, faute de pouvoir payer, et qui donc ne sont pas soignés s'ils ne peuvent payer de leur poche, ce qui est presque toujours le cas. Et une majorité d'Américains qui ont une assurance maladie bon marché sont souvent non-soignés, sauf cas d'extrême nécessité, à cause de la volonté de leur caisse de payer le moins possible. C'est pourquoi l'espérence de vie est inférieure aux USA qu'à Cuba. Et quand on pense que c'est un tel système que Couchepin veut nous imposer! Obama est aussi pour la peine de mort. Et pour des réductions d'impôts aux "classes moyennes" dont il se fait le défenseur, alors que selon les tranches de revenus sur lesquels il se base se révèlent être les classes supérieures, ce qui supprime d'office tout espoir du moindre progrès social, ainsi que celui de résorber la dette du pays le plus endetté du monde (et le plus à droite...la droite hélvétique devrait y penser)
Et contrairement à ce que l'on pense souvent, l'un des volets les plus dangereux du programme d'Obama concerne la politique étrangère. La citation placée en tête de cet article le prouve, le nouveau président des Etats-Unis mènera une politique plus impérialiste que jamais. Il a d'ailleurs prévu de renforcer encore l'armée américaine, tenu des propos belliqueux face à l'Iran et à la Syrie, annoncé son intention de renforcée encore l'oppression impérialiste du peuple afgan, et devenu de plus en plus flou sur le calendrier réel du retrait d'Irak, avouant à demi-mot que l'armée étatsunienne y restera durablement. Il fermera peut-être Guantanamo, en tant que symbole par trop gênant, mais pas les innombrables prisons secrètes de la CIA (près de 400 en Irak), ni n'interdira la torture. Il est opposé aux régimes socialistes et anti-impérialistes de Bolivie et du Venezuela, critiquant d'ailleurs Bush d'avoir été "inéficace contre les démagogues" (démagogues? balayez devant votre porte M. Obama), et partisan d'une ligne dure face au peuple cubain. Ce développement est loin d'être exhaustif, j'y joins deux liens à lire absolument: un article de Gauchebdo et un de Mondialisation.ca.
En guise de conclusion nous pouvons dire à quel point sont mal inspirés ceux qui chantent des louanges à la démocratie américaine, ceux qui disent que les USA sont plus démocratique que ne l'était l'URSS ou ne l'est la Chine, ainsi que ceux qui disent que le bipartisme et l'alternance sont une bonne solution pour la démocratie. Car un Parti unique ou deux partis qui occupent à eux seuls tout le champs politique et empêchent les autres de faire entendre leur voix revient strictement au même. Les Etats-Unis d'aujourd'hui ne sont nullement une démocratie, mais une ploutocratie dirigée de facto par un Parti unique, les "républicrates", et où le soutient de Wall Street est la condition sine qua non pour être élu ou entendu, et où quelques lobbies du grand capital monopolistes règnent sans partage. D'ailleurs Barack Obama dit des Républicains « comprendre (leurs) motivations et reconnaître chez eux des valeurs [qu’il] partage », belle preuve de la stricte similitude entre les deux partis et des intérêts qu'ils défendent, confirmée par la composition du futur gouvernement Obama, mi-démocrate et mi-républicain (comptant notamment Colin Powell). Car l'alternance n'est pas la démocratie, ce n'en est qu'un triste simulacre, où les divergences les plus anecdotiques sont exagérées à mort, mais c'est toujours la même politique, celle des puissants, qui est appliquée. L'alternance vise essentiellement à simuler le jeu démocratique, et par le dangereux mensonge du "vote utile" à empêcher d'émerger tout troisième parti dont les buts pourraient être différents des deux, et ainsi à étouffer toute lutte des classes au niveau institutionnel. Car combien de candidats y avait-il aux élections présidentielles américaines? deux? Non, 10! Mais qui en parle? qui parle du socialiste Brian Moore? et l'écologiste de gauche Ralph Nader? et le trotskyste Roger Calero? Les démagogues comme Obama, ou les leaders de la pseudo-gauche officielle qui le soutiennent tels Walter Veltroni ou Ségolène Royal ne sont porteurs d'aucun espoir d'émancipation pour les peuples. Ils ne servent qu'à étouffer la voix de ceux qui représentent vraiment les travailleurs pour appliquer une politique au service du capital avec les votes des opprimés qui souffrent et qui se laissent tromper par leurs discours mensongers, à étouffer la voix des communistes qui seuls luttent pour une vraie alternative à l'injustice du marché et de la ploutocratie, qui seuls peuvent construire un monde meilleur où toute exploitation sera abolie, un monde communiste.

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