27 février 2010

Orlando Zapata: un mort útile?


Texte reçu par newsletter de l'Association Suisse-Cuba
Le manque absolu de martyres dont souffre la contre-révolution cubaine est proportionnel à son manque de scrupules. Il est difficile de mourir à Cuba, non pas parce que l’espérance de vie y est celle du Premier Monde – personne n’y meurt de faim malgré le manque de moyens, ni de maladies curables -, mais parce que la loi et l’honneur s’y imposent.

Les Dames en Blanc et Yoani peuvent être détenues et jugées selon les lois en vigueur – dans aucun pays les lois ne peuvent être violées: recevoir de l’argent et collaborer avec l’ambassade d’Iran (un pays ennemi) aux Etats-Unis, par exemple, peut entraîner la perte de tous les droits citoyens dans ce pays -, mais elles savent qu’à Cuba personne ne disparaît, ni est assassiné.

Par ailleurs, on offre sa vie pour un idéal qui priorise le bonheur des autres, et non pas pour un qui favorise le sien. Donc, la mort lamentable de Orlando Zapata, un prisonnier de droit commun – avec un long parcours de délinquant, en rien lié à la politique -, réjouit intimement ses soutiens « hypocrites » compatissants. Transformé en “activiste politique” après de nombreux aller et venir en prison, Zapata est devenu le parfait candidat pour l’auto exécution.

Pour les groupuscules c’était un homme « dont on pouvait se passer », et facile de convaincre pour qu’il poursuive une grève de la faim absurde, et fasse des demandes impossibles (cuisine et téléphone personnel dans sa cellule) qu’aucun des chefs de file réels avait eu le courage de maintenir.

Chaque grève antérieure des instigateurs avait été annoncée comme aboutissant à une mort probable, mais les grévistes renonçaient toujours en étant en bon état de santé. Harcelé et poussé à continuer jusqu’à la mort – ces mercenaires se frottaient les mains avec l’espoir qu’il meurt malgré les efforts soutenus des médecins -, le cadavre de Zapata est maintenant exposé avec cynisme comme étant un trophée collectif.

En maraudant autour du moribond, les médias – les mercenaires locaux et la droite internationale – étaient comme des vautours. Son décès est un festin. Le spectacle dégoute. Parce que ceux qui écrivent ne s’apitoient pas de la mort d’un être humain – dans un pays sans mort extrajudiciaire –;ils la brandissent presque avec joie, et l’utilisent à des fins politiques préméditées. Le cas de Zapata me rappelle celui de Pánfilo: les deux furent manipulés et d’une certaine manière poussés à l’autodestruction de façon préméditée afin de satisfaire des besoins politiques d’autrui : l’un, poussé à maintenir une grève de la faim de 85 jours (il en avait déjà fait d’autres qui malmenèrent sa santé) ; l’autre, au milieu d’un processus de désintoxication alcoolique, invité à boire pour qu’il dise face aux caméras ce qu’elles voulaient entendre.

Je me demande si cela n’est pas une accusation contre ceux qui maintenant s’approprient de sa “cause”. Ils ont raison de dire que ce fut un assassinat, mais les médias cachent le vrai assassin: les groupuscules cubains et leurs mentors internationaux. Zapata fut assassiné par la contre-révolution.

Source version espagnole:
http://www.cubadebate.cu/opinion/2010/02/24/zapata-un-muerto-util

Traduction : R. Muller


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