Si vous demandez à un
citoyen lambda ce qu’est le libéralisme, il vous répondra sûrement que c’est
une doctrine qui prône la liberté pour tous (peut-être même toutes et tous), la
démocratie politique, qui défend les droits inaliénables des individus face à
l’arbitraire étatique, ainsi que le libre marché avec le moins d’intervention
étatique possible. C’est la définition officielle, qu’une propagande
omniprésente enfonce dans la tête des gens, et qui est devenue absolument hégémonique,
au point d’infecter la gauche gouvernementale, et même certains pans de la
gauche qui se veut radicale. De fait, la social-démocratie officielle,
rose-verte, et la social-démocratie « rouge pale » qui ne s’avoue
pas, ne critique que le libéralisme économique ; et encore, elle le
fait au nom d’un économiste libéral, bien qu’hétérodoxe, qu’est John Maynard
Keynes. Le libéralisme politique,
lui, n’est pratiquement pas contesté…pour la bonne et simple raison qu’il est
admis par tous, exception faite des communistes qui n’ont pas oublié
l’enseignement des classiques du marxisme. De fait, à gauche, parfois même
assez loin à gauche, le libéralisme politique
a la réputation d’être une doctrine qui fut historiquement progressiste –
l’étendard de la liberté (pour tous) face à l’oppression féodale – et qui garde
encore des bons côtés. Du reste, souvent on croit que c’est au libéralisme que
nous devons la démocratie politique – fût-elle bourgeoise – , ainsi que les
droits d’expression, de réunion et d’association. Les « idées des
Lumières » sont en particulier fortement mythifiées et souvent invoquées à
titre quasi-incantatoire.
Or toute cette hégémonie du
libéralisme politique repose sur un mensonge éhonté. La liberté des libéraux
n’est pas la liberté pour tous (et certainement pas pour toutes et tous), mais
seulement celle des hommes libres (les femmes, même bourgeoises, ne faisaient à
l’origine absolument pas partie de cette catégorie), qui peuvent en fait n’être
qu’une toute petite minorité. Parallèlement, tout droit et toute liberté
peuvent être totalement déniés à l’immense majorité, sans aucune contradiction
avec les principes du libéralisme. C’est très clair dans le libéralisme
classique, et ça l’est aussi dans ce que l’on appelle couramment le néolibéralisme.
Et si nous bénéficions d’une certaine démocratie et de certains droits
aujourd’hui dans les pays occidentaux, le libéralisme n’y est pour rien, et
c’est malgré lui. Pour lire une autre histoire du libéralisme, différente de
celle, mensongère, que l’on apprend dans les écoles, nous conseillons
l’excellent livre Contre-histoire du
libéralisme de Domenico Losurdo.
Le libéralisme s’est
effectivement construit en lutte contre l’Etat féodal absolutiste, et l’a
critiqué au nom de la liberté. Mais qu’entendaient les fondateurs du
libéralisme par liberté, et quelle entrave à la liberté reprochaient-ils
exactement à la monarchie absolue ? La liberté la plus importante aux yeux
des libéraux d’hier et d’aujourd’hui est la seule liberté économique, la liberté
d’usage de sa propriété, le libre marché. Cette liberté-là est évidemment et
nécessairement réservée aux propriétaires. Tous les autres ne peuvent exercer
leur liberté sur rien et sont par conséquent exclus de la liberté. Les autres
libertés ne sont que d’une importance secondaire par rapport à l’unique liberté
de propriété. Et de la démocratie il n’était absolument pas question.
En effet, le grand reproche
que faisaient ceux qui ne se nommaient pas encore libéraux à la monarchie
féodale, c’était les restrictions qu’elle posait au droit de propriété, qui
dans une société féodale n’était pas absolue. Une fois qu’elle acquit le
pouvoir politique, la bourgeoisie anglaise, la première qui le fît durant la
« Glorieuse révolution », garantit le caractère absolu et inviolable
de la propriété…par les enclosures, en permettant aux propriétaires fonciers de
privatiser les terres communautaires de la paysannerie anglaise pour y faire
paître des moutons, et jeter les paysans démunis sur les routes, tout cela au nom
de la liberté, une liberté que le féodalisme leur avait refusé. Et c’est au nom
de la liberté que l’Etat bourgeois anglais laissa les propriétaires fonciers
britanniques en Irlande gonfler les prix sur le blé et l’exporter en masse,
dépeuplant l’Irlande par la famine, l’exode et la réduction d’une partie de sa
population en esclavage : la liberté pour les riches de s’enrichir au delà de toute mesure, et de
mourir de faim pour les autres. Oh, et la liberté que voulaient obtenir les
pères de l’indépendance américaine, presque tous des propriétaires d’esclaves,
c’était la liberté d’importer des esclaves sans restrictions, ainsi que celle
de s’étendre vers l’Ouest en massacrant les Indiens, libertés que pour
différentes raisons la couronne britannique leur refusait.
Quelques uns de nos lecteurs
risquent d’être étonnés par ces propos. Il est vrai que c’est très différent de
l’histoire que l’on a l’habitude d’entendre. Mais il faut savoir que les
fondateurs du libéralisme ne voyaient aucun problème dans l’esclavage, ni dans
la réduction des travailleurs à un état proche de l’esclavage. C’est du moins
très clair dans les textes de Locke. Il est vrai que c’est un aspect
aujourd’hui quelque peu occulté de sa pensée. On comprend pourquoi. Voltaire,
non plus, n’a pas eu le moindre scrupule d’investir une partie de sa fortune
dans le commerce d’esclaves. Et les Girondins, l’aile libérale de la Révolution
française, étaient pratiquement tous actifs dans la traite. Et il ne s’agissait
pas encore essentiellement de racisme. Aux débuts de l’ère libérale, il y avait
aussi beaucoup d’esclaves blancs, des pauvres réduits en esclavages. La
justification idéologique de l’oppression coloniale et esclavagiste au nom du
racisme ne sera inventée que plus tard, lorsque, pour se maintenir au pouvoir,
la bourgeoisie libérale européenne et nord-américaine dut bien reconnaître le
statut d’hommes libres à tous les blancs, au prix toutefois d’une négation
totale des droits de tous les autres. Mais à l’origine, l’esclavage se
justifiait pour les libéraux par le seul fait que c’était là aussi une forme de
propriété. Interdire l’esclavage reviendrait donc à restreindre de façon indue
le droit de propriété et donc d’être contre la liberté. C’était là
l’argumentaire libéral standard contre l’abolition de l’esclavage. La liberté
libérale apparaît d’emblée comme la liberté des maîtres d’esclaves. Et d’eux
seuls.
Quand à ceux qui étaient
dépourvus de propriété, le plus souvent les paysans jetés sur les routes car
privés de tout par leurs propriétaires terriens, la bourgeoisie libérale, pour
les asservir au travail salarié, avec des horaires de travail extrêmement longs
et des salaires de misère, inventa tout un dispositif répressif extrêmement
violent et sans équivalent à l’ère féodale : lois extrêmement dures
contres les vagabonds, allant jusqu’à la peine de mort en cas de récidive dans
la « libre Angleterre », ainsi que astreintes au travail dans des
conditions proches de l’esclavage, que ce soit dans les workhouses régis par
une discipline carcérale, les navires, la réduction à un statut
d’ « esclavage temporaire » dans la métropole ou dans les
colonies, ou bien la réduction en esclavage pure et simple. Quant aux
syndicats, ils ont longtemps été strictement interdits, puisque la moindre
union des travailleurs pour leurs droits constituerait une atteinte
inacceptable pour la liberté…des propriétaires des moyens de productions. Entre
parenthèse, le baratin que l’on entend actuellement sur les « profiteurs
du système social », alors que l’on ferme les yeux sur la fraude fiscale
qui concerne des montants autrement plus importants, ainsi que les mesures pour
« réapprendre à travailler » à ceux qui soi-disant ne le font plus
par paresse, à coups de contre-prestations exigées et d’emplois soi-disant de
« solidarité », il ne s’agit là nullement de quelque chose de
« moderne » à quelque titre que ce soit, mais de la remise au goût du
jour d’une sinistre vieillerie libérale, qui, au nom de la liberté d’une toute
petite minorité de propriétaires, condamne à l’asservissement le plus grand
nombre.
Pour ce qui de la
démocratie, le programme libéral ne prévoyait nullement de l’accorder, bien au
contraire même. Tous les pays libéraux ont connu pendant très longtemps un
suffrage censitaire, avec un cens très élevé, qui réservait les droits
politiques aux plus riches. Du reste, les penseurs libéraux ont souvent estimé
préférable la monarchie constitutionnelle à la république. Pour ce qui est du
suffrage universel, il n’en était surtout pas question, et cela pour des
raisons de principe : la liberté doit rester réservée aux hommes libres,
c’est-à-dire aux propriétaires, les autres ne sauraient exercer leur liberté
sur rien, et sont juste bons à se faire mater par le bras armé de l’Etat
bourgeois. De fait, durant le XIXème siècle, le cens électoral ne
fut abaissé qu’au compte goutte, et toujours avec réticence. Certains pays
d’Europe parmi les plus libéraux n’introduisirent le suffrage universel
qu’après la Première Guerre mondiale.
Il est intéressant de
signaler que ceux qui, durant la Révolution française, se sont engagés
clairement pour la république, pour une vision démocratique de la liberté, pour
le suffrage universel, c’est-à-dire les montagnards, Robespierre, Saint-Just,
n’étaient certainement pas des libéraux, mais faisaient partie de ceux qui
avaient les premiers lutté contre la nouvelle oppression du peuple que
représentaient le libéralisme, étant donné qu’ils représentaient politiquement
la petite bourgeoisie et surtout les artisans parisiens, plutôt que la grande
bourgeoisie, présente chez les feuillants, les girondins et au marais.
« Toute spéculation mercantile que je fais aux dépens de mon semblable
n’est point un trafic, c’est un brigandage et un fratricide » disait par
exemple Robespierre. D’ailleurs, Robespierre avait aboli l’esclavage dans les
colonies françaises, avant que Napoléon ne le rétablisse. C’est pour cela que
Robespierre fut renversé, et envoyé à la guillotine, par le putsch libéral de
thermidor, et qu’il est toujours autant calomnié de nos jours par tous les
libéraux et ceux qui subissent leur influence idéologique.
Si nous possédons
aujourd’hui certains droits démocratiques, le suffrage universel, une certaine
sécurité sociale, ce n’est nullement du fait du libéralisme, mais malgré lui.
Dès la seconde moitié du XIXème siècle, les bourgeoisies européennes
ont commencé progressivement à faire des concessions aux travailleurs de leurs
pays, élargissant peu à peu le cens électoral et instaurant pour finir le
suffrage universel, acceptant d’entrer en matière sur la limitation de la
journée de travail, des hausses de salaires, et même quelques droits sociaux.
Mais elles n’acceptèrent cela qu’à leur cœur défendant, sous la pression de
luttes ouvrières très dures, de grèves générales de grande ampleur. Car les
droits démocratiques étaient exigés par le mouvement ouvrier, et son
incarnation politique, les partis socialistes avant la Première Guerre mondiale
et les partis communistes ensuite. Le moindre droit dont nous disposons, nous
le devons à la lutte de classe, une lutte qui s’est faite dans la violence,
tant il est vrai que la bourgeoisie libérale n’hésitait pas alors de faire
tirer à balles réelles sur le peuple en lutte. Du reste, ces concessions que la
bourgeoisies dut bien faire à sa classe ouvrière dans les métropoles allèrent
de pair avec l’expansion coloniale, une oppression brutale des populations
non-européennes, leur réduction au travail forcé et des massacres sans
nombre…crimes coloniaux cautionnés sans sourcillés par tous les libéraux. La
Révolution d’octobre, qui accorda sans attendre les droits politiques à tous
les soviétiques majeurs, hommes et femmes, et qui abolit toute discrimination
raciale, ainsi que la grande victoire de 1945 sur ce champion de la bourgeoisie
anticommuniste qu’était Hitler, apporta une impulsion majeure aux luttes
démocratiques et de libération nationale. Sans l’URSS, les empires coloniaux
existeraient sans doute encore, la ségrégation raciale serait toujours réalité,
et les métropoles impérialistes ne seraient sans doute guère des démocraties.
Le néolibéralisme, la revanche de la grande bourgeoisie
Après la Deuxième Guerre
mondiale, bien qu’étant restée au pouvoir dans les métropoles impérialistes et
leurs colonies, la grande bourgeoisie impérialiste avait dû céder beaucoup du
terrain au camp socialiste. Elle avait surtout subi une défaite majeure au
niveau idéologique. Les peuples n’oubliaient combien de ses représentants
avaient pris fait et cause pour les nazis. L’URSS et les communistes jouissaient
en revanche d’un prestige inégalé. Les représentants politiques de la grande
bourgeoisie durent alors faire des concessions aux travailleurs qu’elles
n’auraient jamais envisagé auparavant, ce qui n’allait pas sans remise en cause
de larges pans du libéralisme. Oh certes elles ne le faisaient pas de bon cœur,
mais pour éviter la révolution. Néanmoins, cette dynamique était significative,
d’autant qu’au plan mondial c’était plutôt le camp socialiste qui était à
l’offensive et en progression jusqu’à la fin des années 70, tandis que le camp
impérialiste apparaissait comme sur la défensive et décadent.
C’est en ces temps que des
penseurs issus de la bourgeoisie décidèrent de passer à la contre-offensive
idéologique. Ils s’adressèrent en premier lieu aux représentants de leur classe
pour les convaincre de renoncer à toute concession à la classe ouvrière, et à
passer à la contre-attaque idéologique, à revenir au libéralisme sous sa forme
pure et dure. C’est ce qu’on appelle couramment le néolibéralisme, terme
quelque peu impropre, ses représentants n’ayant jamais rien dire faire ni fait
que de revenir aux sources du libéralisme. Friedrich Von Hayek et Milton
Friedman sont les représentants les plus notables, et les plus connus de ce
courant. Le combat idéologique que ces auteurs ont livré fut couronné de
succès, d’abord au sein de leur propre classe, puis au sein du grand public,
grâce à une offensive idéologique effrénée menée par les médias bourgeois
depuis Reagan et Thatcher, offensive idéologique d’autant plus facilitée que la
plupart des partis communistes au pouvoir dans les pays socialistes s’étaient,
pour différentes raisons, affaiblis idéologiquement, et n’étaient plus de
taille à relever ce défi.
Les écrits des auteurs
néolibéraux sont les livres de chevets de la classe dirigeante, à laquelle ils
fournissent son idéologie. Par contre, à l’exception de Milton Friedman, ils
avaient plutôt tendance à fuir les projecteurs, et sont plutôt peu mis en avant
publiquement. On comprend pourquoi, leur vision de la liberté est bien toujours
la vision libérale : la liberté pour l’élite et elle seule. On oublie
souvent que la première expérience néolibérale fut la dictature de Pinochet au
Chili, que Friedman et Hayek n’ont eu aucun scrupule à soutenir, et à proposer
à la classe dirigeante étatsunienne comme exemple à suivre dans le cas de
Friedman. La sinistre tyrannie de Pinochet allait donc être le modèle sur
lequel fut bâti le programme économique de Reagan. Mais, disait Hayek, il y a
plus de liberté dans le Chili sous Pinochet non seulement que dans les pays
socialistes, mais même que, par exemple dans la France gaulliste, qui limitait
quelque peu la liberté de son oligarchie. Car il ne faut pas oublier qu’il
s’agit de la liberté dans le sens dans lequel l’entendent les libéraux, c’est à
dire, seulement, la liberté pour l’élite.
Ce soutien à une dictature
libérale ne devrait pas surprendre. Le libéralisme, quant au fond, n’a jamais
été pour la démocratie et ne l’est toujours pas de nos jours. Ecoutons Von
Hayek, dans son livre La constitution de
la liberté : « Le libéralisme (au sens où le mot était pris au
XIXème siècle en Europe, et auquel nous adhérons tout au long de ce chapitre)
vise essentiellement à limiter les pouvoirs coercitifs de tout gouvernement,
qu’il soit ou non démocratique, tandis que le démocrate dogmatique, ne connaît
qu’une seule borne au gouvernement : l’opinion majoritaire courante. La
différence entre les deux idéaux ressort encore plus nettement si on évoque
leurs contraires : pour la démocratie, c’est le gouvernement
autoritaire ; pour le libéralisme, c’est le totalitarisme. Ni l’un ni
l’autre système n’exclut nécessairement ce que récuse l’autre : une
démocratie peut effectivement disposer de pouvoirs totalitaires, et il est
concevable qu’un gouvernement autoritaire puisse agir selon les principes libéraux. »
Ou plus clairement :
« Je préfère une dictature libérale à un gouvernement démocratique dont le
libéralisme est absent ». C’est en effet assez clair.
Pour ce qui est de la
justice sociale, les néolibéraux en rejettent l’idée même. Ainsi que le déclare
Hayek : « Une exigence d’égalité des positions matérielles ne peut
être atteinte que par un gouvernement aux pouvoirs totalitaires ». Il
s’agit là d’une idée de combat libérale : toute exigence de justice
sociale, d’un minimum de redistribution, le programme social-démocrate le plus
timoré, le moins revendicatif, est déjà potentiellement totalitaire. Que les
pauvres meurent de faim s’il le faut. Prendre la moindre mesure là contre
serait une restriction inadmissible de la liberté (celle de l’élite bien entendu).
Quant aux privilèges des riches, ils ne doivent être restreints d’aucune façon,
quoiqu’il en coûte, puisque toute la société en profiterait, même ceux qui en
sont réduits à l’extrême misère apparemment : « On doit rappeler
à ce sujet que ce qui permet à un pays d’être en tête du développement au
niveau mondial, ce sont ses classes économiquement les plus développées, et que
quand ce pays se met à pratiquer le nivellement des avantages, il renonce en
réalité à ce qui faisait sa prééminence ».
Quant à la liberté, il
s’agit seulement de celle de l’élite, et ceux qui n’en font pas partie
devraient accepter de bon cœur d’en être privés, vu que c’est aussi,
apparemment, pour leur bien : « Il ne fait pas de doute que,
dans l’histoire, des minorités assujetties ont profité de l’existence de
minorités libres, ni qu’aujourd’hui des sociétés non libres profitent de ce
qu’elles reçoivent et apprennent de celles qui sont libres ».
Oh, et pour le libéral qu’est
Hayek, les hommes ne sont pas égaux, même formellement : « Il a
été courant à l’époque moderne de minimiser l’importance des différences
congénitales entre les hommes, et d’imputer toutes les différences importantes
à l’influence du milieu. Si cruciale que celle-ci puisse être, nous ne devons
pas négliger le fait que les hommes sont très différents dès le départ.
L’importance des différences individuelles ne pourrait guère diminuer si tous
les individus étaient élevés dans des milieux très semblables. Pour qui regarde
les faits, dire que « tous les hommes naissent égaux » est tout
simplement faux ».
En ce sens, l’Union
européenne, cette dictature technocratique, est une construction strictement
libérale : une structure qui protège la seule liberté qui vaille, celle
des hommes libres, c’est-à-dire de la toute petite élite des maîtres du grand
capital monopoliste, qui impose le caractère absolu et illimité de leur liberté
à eux sur leur propriété, qui est dirigée par des technocrates non-élus cooptés
au sein de l’élite, et surtout qui la soustrait à la volonté démocratique de
ceux qui ne font pas partie de l’élite, et leur impose le libéralisme dont ils
ne veulent pas. La façon dont les technocrates non-élus de l’UE ont brisé la
protestation démocratique du peuple grec contre leur oppression, l’affirmation
arrogante de Jean-Claude Juncker « Il n’y a pas de choix démocratique
possible contre les traités européens », n’illustrent que trop bien cette
logique libérale.
L’idéologie de la classe
dirigeante forme un ensemble cohérent, dont les différentes parties se
tiennent. On comprend en revanche qu’elle ne veuille pas trop la mettre en
avant publiquement. Afin de renverser l’hégémonie quasi-totale acquise par la
grande bourgeoisie à la fin des années 80 et de reprendre l’offensive, il
importe de combattre son idéologie dans tous ses aspects, et ne se limiter aux
questions socio-économiques. Pour ce qui est du libéralisme, nous n’avons
aucune leçon à recevoir de lui, ni aucune concession à lui faire sur aucun
point. S’il y a bien une idéologie dont l’histoire est gorgée de sang, et de
morts sans nombre, c’est la sienne. Il importe le contraire de critiquer
l’idéologie libérale dans tous ses aspects, de la combattre au nom d’une autre
pensée, celle de Marx, Engels et Lénine, afin de mettre enfin un terme à des
siècles d’oppression sous différentes bannières, et d’ouvrir le chemin du
socialisme.
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