Le Parti du Travail exprime un soutien total aux luttes nécessaires et entièrement justifiées des travailleurs de la construction comme de ceux de la fonction publique, et salue la convergence de ces luttes. Ses militants seront présents aux manifestations du 10 et du 11 novembre. Il s’agit en effet de deux manifestations d’une même lutte de classe, d’une même lutte des travailleurs pour leurs droits, contre l’accaparement par une infime minorité des richesses qu’ils produisent, que ce soit directement dans le cas des travailleurs de la construction, ou contre le démantèlement de ce minimum de redistribution des richesses à travers les prestations sociales et les services publics, démantèlement dans le but exclusif d’accorder de nouveaux cadeaux fiscaux aux plus riches et aux grandes entreprises, qui n’en n’ont absolument pas besoin.
Malgré ses profits mirobolants, le patronat de la construction refuse d’entrer en matière sur toute augmentation des salaires, même minime, sur toute négociation concernant le financement de la préretraite à partir de 60 ans (qui est dans une profession difficile comme l’est la construction un droit indispensable), comme sur toute discussion pour ce qui du renouvellement de la convention collective, qui arrive bientôt à échéance. L’arrogance du patronat pourrait déboucher sur un vide conventionnel dès 2016. Et c’est ce même patronat, représenté par la Société suisse des entrepreneurs (SSE), qui se prétend champion du partenariat social ?! Partenariat social à sens unique, servant uniquement à réduire les travailleurs au silence, à les faire taire à coups de menaces et de chantages, voire à envisager des démarches judicaires contre ceux qui résistent. Nous saluons le courage et la détermination des travailleurs, qui ont décidé de ne pas céder à la démagogie sur la soi-disant « paix du travail », qui n’est qu’un euphémisme pour « collaboration de classe », et de lutter pour leurs droits. Car on n’obtient rien autrement que par la lutte. Ainsi que l’avait dit Henri Krasucki, ancien secrétaire général de la CGT : « Rien ne fait plus de mal aux travailleurs que la collaboration de classe. Elle les désarme dans la défense de leurs intérêts et provoque la division. La lutte de classe, au contraire, est la base de l’unité, son motif le plus puissant. C’est pour la mener avec succès en rassemblant l’ensemble des travailleurs que fut fondée la CGT. Or la lutte des classes n’est pas une invention, c’est un fait. Il ne suffit pas de la nier pour qu’elle cesse : renoncer à la mener équivaut pour la classe ouvrière à se livrer pieds et poings liés à l’exploitation et à l’écrasement ».
Cette lutte est d’autant plus juste et nécessaire que le secteur de la construction est touché par un dumping salarial massif, toutes sortes de montages opaques afin de contourner les contrôles et de recourir de facto au travail au noir, de cadences de plus en plus tendues, à une exploitation brutale, et des accidents, parfois mortel, en nombre élevé, dus uniquement à la volonté des patrons de ne pas appliquer les normes de sécurité qui s’imposeraient au nom de leurs profits. Il ne s’agit pas là des agissements de quelques « patrons voyous », comme le veut une propagande officielle désireuse de brosser le tableau mensonger d’un capitalisme globalement « moral », mais d’une réalité structurelle et largement généralisée. Ce n’est du reste que très logique pour le capitalisme, système fondé sur la seule recherche du profit maximum à tout prix, quel qu’en soit le prix. Ainsi que Marx l’avait dit : « Le capital abhorre l’absence de profit ou un profit minime, comme la nature a horreur du vide. Que le profit soit convenable, et le capital devient courageux : 10% d’assurés, et on peut l’employer partout ; 20%, il s’échauffe ; 50%, il est d’une témérité folle, à 100%, il foule aux pieds toutes les lois humaines ; à 300%, et il n’est pas de crime qu’il n’ose commettre, même au risque de la potence. Quand le désordre et la discorde portent profit, il les encourage tous deux ». Si nous comprenons le choix fait par le syndicat Unia de signer une convention collective qui interdit le recours à la grève en échange de quelques avantages non-négligeables, nous estimons qu’un tel marché ne devrait pas avoir cours dans un pays démocratique. La limitation du droit de grève que la Constitution fédérale pose, et que la Constitution genevoise reprend, est une clause scélérate pour le seul avantage du patronat. Nous exigeons que le droit de grève soit garanti et inaliénable, ainsi que le droit international du reste le veut.
La lutte des travailleurs de la fonction publique contre un budget qui est objectivement un budget d’austérité, quoiqu’en disent la droite et le Conseil d’Etat, est une lutte tout aussi juste et nécessaire. Non pas un combat corporatiste de fonctionnaires désireux de préserver quelques avantages, comme le prétendent des sophistes à la solde de la bourgeoisie, trop heureux de diviser les travailleurs, mais d’une lutte de classe qui concerne les classes populaires du canton dans leur ensemble. Ce qui est en jeu en effet, ce sont les services publics, les prestations sociales, toute la redistribution des richesses qui existe à travers l’action publique pour laquelle nous nous sommes battus pendant des dizaines d’années, dont chaque parcelle fut durement gagnée. C’est à ce peu de redistribution de richesses que la majorité de droite s’attaque au travers d’un budget d’austérité brutal, et des budgets d’austérité encore plus brutaux prévus pour les années à venir. Le Conseil d’Etat et la droite s’époumonent pour prétendre qu’il ne s’agit en rien d’un budget d’austérité, qu’il s’agit simplement d’une « maîtrise » des coûts liés à la fonction publique pour faire face à une dette devenue menaçante. C’est un mensonge éhonté. L’objectif de compression des coûts de 5% sur 3 ans, qu’est-ce sinon de l’austérité ? Les coupes linéaires et les mesures d’économie prévues cette année déjà sur le dos du personnel et des usagers, qu’est d’autre que de l’austérité ? Une réduction du nombre de travailleurs de la fonction publique alors que la population augmente, qu’est-ce sinon de l’austérité ? Du reste, chacun peut se rendre compte des effets de cette politique depuis des années déjà sur des services publics aussi vitaux que l’hôpital cantonal et l’école, qui en sont arrivés à l’extrême limite de ce qui est simplement tolérable du fait des mesures d’économie successives, voire l’ont dépassée. Où en sera la situation si les mesures d’austérité prévues sont adoptées ?
Quant à la dette, parlons en. Est-ce les travailleurs de la fonction publique qui en sont responsables ? Est-ce une gauche depuis toujours minoritaire, sauf deux brèves semi-exceptions, et qui n’a jamais disposé de la double majorité Grand Conseil – Conseil d’Etat ? Non, c’est l’Entente, aux commandes depuis toujours, qui en est la seule et unique responsable. Ce sont ses cadeaux fiscaux aux plus riches à répétition qui ont creusé le déficit de l’Etat : un milliard de francs par année au bas mot ! Et ce sont ces partis qui nous donnent maintenant des leçons de bonne gestion des finances publiques ? Une telle arrogance frise l’indécence ! Aujourd’hui, cette même droite prépare de nouvelles coupes sombres dans les dépenses publiques afin de préparer la RIE III, même si le Conseil d’Etat prétend hypocritement qu’il n’y a aucun rapport : de nouveaux cadeaux fiscaux pour des entreprises qui n’en demandent pas tant. Et cela alors que la RIE III n’a même pas passé le cap du parlement, que le peuple ne s’est pas encore prononcé. Veut-on décider d’avance à sa place que la RIE III sera mise en place quoi qu’il arrive ? Il s’agit d’un véritable déni de démocratie qu’il faut résolument combattre.
Le Parti du Travail soutient la juste lutte des travailleurs de la construction comme de ceux de la fonction publique et sera à leurs côtés.
Pour le Parti du Travail
Alexander Eniline
Président
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire