22 février 2019

De l’aveuglement libéral

Pendant que beaucoup de jeunes déterminés et lucides manifestent pour que l’on prenne enfin conscience de l’urgence du problème climatique, d’autres écrivent, se croyant « pragmatiques » et intelligents, des choses d’une stupidité confondante. Nous voulons parler en l’occurrence de Philippe Nantermod, jeune prodige (paraît-il) et vice-président du PLR, qui a signé dans Le Temps du 12.02.19 une chronique intitulée « Climat : paniquer moins, réfléchir davantage ». Il aurait été plus honnête de l’appeler : « Pas envie de réfléchir, que les autres fassent tout à notre place.

Philippe Nantermod s’énerve en effet, non de l’inaction des politiciens face à la catastrophe imminente, mais face à « l’esprit culpabilisateur et catastrophiste », celui de Greta Thunberg, qu’il qualifie avec élégance de « jeune ferrovipathe », et des solutions radicales que les « extrémistes », surfant sur ce catastrophisme ambiant, voudraient que la Suisse adopte.

Or, lesdits extrémistes auraient doublement tort, d’une part parce que la Suisse en fait déjà bien assez, et d’autre part, parce que les émissions de gaz à effet de serre produits par la Suisse sont infimes en proportion mondiale. Les mesures radicales sont donc insoutenables, et n’auraient de toute manière qu’un impact négligeable si les autres pays du monde n’en font pas autant. Et les solutions moins radicales ne servent de toute façon à rien. Conclusion : que les grands pays se débrouillent pour trouver la solution, inutile d’exiger quoique ce soit du parlement suisse. De toute manière, il en fait déjà bien assez.

C’est consternant de bêtise. On savait l’UDC ouvertement climatosceptique. Le PLR peut l’être tout autant, avec un discours plus subtil, mais les mêmes conséquences en pratique. Ce n’est pas incompréhensible : les libéraux ont toutes les raisons de minimiser la réalité du réchauffement climatique, puisque les solutions qui s’imposent iraient inévitablement à l’encontre de leur idéologie du libre marché, à l’accumulation sans fin du capital, dans le seul but d’enrichir toujours plus une infime minorité. On ne peut s’empêcher en revanche de trouver surprenante leur capacité à fermer les yeux sur des faits, pourtant scientifiquement établis,  de ne pas s’intéresser à une menace extrêmement grave et immédiate, par attachement à quelques privilèges et à un dogme absurde.


Il faut en tout cas constater que Philippe Nantermod et les intérêts qu’il représente font partie du problème, un problème qu’il faut impérativement résoudre si l’on veut que notre civilisation survive. La lutte écologique est de fait une lutte de classe, une lutte qu’il nous faut gagner, et vite, ou se résoudre à être peut-être la dernière génération qui aura connu une civilisation humaine sur notre planète.

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