03 mai 2022

Premier mai 2022 : contre les régressions sociales et la guerre

 


Le Premier mai, son cortège, sa fête populaire, son ruban…tout cela fait partie des traditions de la gauche et du mouvement syndical. C’est même l’événement le plus important de l’année qui nous rassemble toutes et tous. Mais quel est son vrai sens ?

 

Il n’est pas inutile de le rappeler, dans la mesure où ce sens peut ne pas être clair pour tout le monde, voire avoir été un peu dilué au fil du temps et par une certaine routine. Le Premier mai n’est ni la célébration annuelle de l’unité de la gauche et de tout ce qu’il peut y avoir de plus ou moins progressiste, ni la « fête du travail » – combien de gens de droite vont encore refaire la blague débile « comment ça se fait que la fête du travail ces feignants de gauchistes ne travaillent pas ? » – mais la Journée internationale des travailleuses et des travailleurs, une journée de grève et de lutte. La création de cette journée fut décidée par le Congrès fondateur de la IIème Internationale, en 1889, à Paris. La date du premier fut choisie en mémoire du massacre de Haymarket Square, à Chicago, lorsque la police réprima brutalement une grève générale qui commença le 1er mai 1886, et dont l’objectif était d’obtenir la limitation de la journée de travail à 8 heures. La revendication initiale du 1er mai fut logiquement la journée de 8 heures, chose qui n’est toujours pas réalisée en Suisse. Symbole de l’unité du mouvement ouvrier, qui cristallisa ses luttes, ses espoirs et ses aspirations, le 1er mai est la grande journée du mouvement ouvrier. C’est cela qui constitue son essence, même si des organisations et des mouvements sans lien direct avec le mouvement ouvrier y participent désormais. Toutes les traditions du 1er mai se sont cristallisées au fil du temps, de la succession des générations qui ont lutté pour la justice sociale et rêvé d’un avenir meilleur. Elles font partie du patrimoine de notre mouvement, qui est irremplaçable. 


A ce titre, on ne peut que regretter les changements décidés par le comité d’organisation du premier mai cette année : pas de rassemblement devant le Monument aux Brigadistes et remplacement de la traditionnelle fête populaire au Parc des Bastions par une fête à l’intérieur, dont la dynamique est différente. Car les traditions du mouvement ouvrier ont leur raison d’être, et doivent être respectées et préservées. On ne devrait pas se sentir trop facilement autorisés à y changer quoi que ce soit, surtout pas dans le but discutable de faire du nouveau pour faire du nouveau. Autrement, c’est à chaque fois un pan de notre histoire que nous risquons de perdre.

 

Mais avant que d’être une fête populaire, le Premier mai est avant tout une journée de lutte.

 

Le slogan du traditionnel ruban de cette année 2022 est « Contre les régressions sociales et la guerre ». Slogan qui est détaillés dans le tract unitaire, en 4 volets : 1) Solidarité avec le peuple ukrainien, condamnation de l’invasion russe, soutien au mouvement anti-guerre – et non hystérie militariste et atlantiste pour la prolonger, ce qui est à saluer – accueil inconditionnel de tous les réfugiés, d’où qu’ils viennent, et NON au financement additionnel de Frontex, la meurtrière police des étrangers de l’UE ; 2) Pour la justice sociale et la transition écologique : pendant la pandémie, les inégalités se sont encore accrues ; il faut donc renforces les luttes pour la hausse des salaires et une imposition plus progressive, pour plus de redistribution des richesses ; soutien à l’initiative 1000 emplois, pour lutter contre le chômage, pour la réduction du temps de travail, pour la transition écologique ; écologie sociale à la hauteur des enjeux, plutôt qu’écologie punitive basée sur des taxes ; 3) Défendons nos retraites : NON au scandaleux vol des rentes, fait de surcroît sur le dos des femmes, qu’est AVS21 ; et non à la réforme en préparation de la LPP, qui voudrait nous faire travailler jusqu’à 67 ans ; 4) Des droits démocratiques pour toutes et tous : le droit de manifester est de plus en plus abusivement entravé à Genève, et c’est inacceptable ! Un droit démocratique fondamental n’a pas à être soumis à autorisation, soit au bon vouloir des autorités ! C’est un droit qui doit se prendre, et non se quémander auprès du pouvoir en place ! OUI à l’initiative « Une vie ici, une voix ici », pour le droit de vote et d’éligibilité pour les étrangers établis en Suisse, car il n’est pas normal que des personnes qui vivent et travaillent ici soient privées de droits politiques, parce qu’il n’est pas dans l’intérêt de la classe ouvrière qu’une partie d’elle ne dispose pas de ces droits.

 

C’est n’est certes pas tout le programme de lutte dont nous aurions besoin aujourd’hui, mais c’est somme toute un programme de classe et anti-impérialiste, qui répond à la véritable tradition du 1er mai. Un programme qui mérite que l’on se batte pour sa réalisation.

 

Que vive le 1er mai !

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