03 mai 2022

« Recréer du consensus populaire » ou lutte pour changer la société ?


 

Pierre Yves-Maillard, conseiller national socialiste et président de l’USS, a donné une interview au journal Le Temps, parue le 22 avril et portant sur l’augmentation de l’imposition de certaines entreprises multinationales à 15% exigée par l’OCDE. Cette interview est intéressante, parce qu’elle montre bien la différence de nature, et non de degré, qu’il y a entre le PSS et nous. Fait important, ce ne sont pas les propos d’un quelconque représentant de l’aile droite du PS, mais ceux d’un homme qui a la réputation d’être « de gauche », et qui est à la tête de la plus grande organisation de la classe ouvrière de notre pays.

 

Pierre Yves-Maillard propose d’affecter les recettes fiscales que cette réforme apportera à réduire la charge de plus en plus insoutenable que représentent les primes d’assurance maladie sur le budget des ménages modestes. Fort bien, c’est un combat indispensable en effet. La question est : dans quel but ? Et c’est là que la différence d’approche devient irréversible.

 

C’est, dit-il, pour « recréer du consensus populaire sur les grandes orientations du pays », car « la majorité politique de ce pays a besoin de travailler sur l’acceptabilité de sa politique économique globale ». Pour être absolument clair, « dans les moments charnières de l’histoire, sur les questions économiques et sociales, le centre, le PLR et la gauche ont su trouver des compromis qui ont fait la force du pays, bâti sur ces grands équilibres ». Une incarnation pratique de ce principe est qu’une réforme fiscale ne peut être acceptable politiquement que si elle est assortie d’une « compensation sociale », soit, en termes clairs, un modeste lot de consolation, pour faire accepter aux classes populaires un paquet ficelé qu’elles auraient toutes les raisons de refuser sans cela.

 

Une telle démarche politique n’est pas seulement plus modérée, mais diamétralement opposée à la nôtre. Le PSS fut créé à l’origine comme parti de la classe ouvrière, ayant pour vocation de défendre ses intérêts, contre la bourgeoisie et ses partis, et dont le but final était la rupture avec le capitalisme, la construction d’une société socialiste. Le réformisme avait pour vocation d’utiliser les instruments légaux inscrits dans le système pour le changer. Il ne reste plus désormais à une certaine social-démocratie totalement intégrée au système comme pensée politique que de le rendre acceptable aux yeux de celles et ceux qu’il écrase en négociant des « compensations sociales ».

 

Le résultat décevant obtenu par le PS vaudois aux dernières élections cantonales n’est d’ailleurs pas sans rapport avec l’enthousiasme plus que modéré que ressent un électorat populaire envers la « méthode Maillard », qui consiste à mener une politique néolibérale en commun avec la droite, et de la faire passer avec quelques « compensations sociales ».

 

C’est à notre Parti qu’il revient d’incarner une gauche différente du PSS, dont la vocation est de changer de système, pas de le rendre acceptable.

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