Il y a cent ans, le monde
était plongé dans les ténèbres de la réaction la plus absolue. Le sang coulait
à flots dans la grande boucherie impérialiste qu’était la Première Guerre
mondiale. La quasi-totalité des peuples de la planète étouffait dans les chaînes
de l’impérialisme et de l’oppression coloniale. La social-démocratie, qui avait
naguère incarné l’espoir d’un avenir meilleur, avait irrémédiablement trahi
tous ses principes, et n’était plus qu’une opposition de sa majesté au service
de la bourgeoisie. Ses illustres chefs de naguère devenus des ministres sans
portefeuille obéissants des gouvernements belligérants.
Mais même les ténèbres les
plus absolues recèlent comme une étincelle de clarté. Du 24 au 30 avril de
cette sombre année, se réunirent à Kienthal, dans l’Oberland bernois, les
représentants de tout ce qu’il restait de sain et d’honnête dans le mouvement
socialiste international. Là, sous l’impulsion de la délégation bolchévique,
conduite par Lénine, fut posée de front la nécessité de la rupture avec tout ce
qui avait conduit à la faillite la IIème Internationale, et de la
reconstruction de l’Internationale sur des bases nouvelles. Et l’année
suivante, la tyrannie séculaire des tsars était renversée, puis la bourgeoisie
russe tombait à son tour sous les coups de la Grande Révolution socialiste
d’octobre. Le premier Etat socialiste de l’histoire voyait le jour. Et les
discussions en cercle restreint qui eurent lieu à Kienthal avaient jeté les
prémisses de la IIIème Internationale, du mouvement communiste
international, dont notre Parti est héritier à part entière. Ce qui semblait
être une ère de ténèbres ouvrait de fait un cycle révolutionnaire glorieux, et
qui changea le monde à jamais.
Aujourd’hui, il est
impossible de ne pas remarquer de frappantes analogies avec ce qui fut cent ans
plus tôt. Ne serait-ce que parce que nous vivons également une sombre époque.
La contre-révolution dans la plupart des pays socialistes à la fin des années
80 ne fut que la victoire de la bourgeoisie, et une défaite atroce pour les
travailleurs de par le monde, ouvrant une ère de réaction brutale sur toute la
ligne, une destruction méthodique de toutes les réalisations remarquables
obtenues de haute lutte par les communistes, que ce soit dans les pays
socialistes, ou dans les pays capitaliste, où la bourgeoisie au pouvoir dut
reculer dans bien des domaines pour ne pas tomber. Si les empires coloniaux
sont largement démantelés – la Révolution d’octobre n’y est pas pour rien – les
pays que l’on appelle hypocritement « en voie de développement »
gémissent dans les chaînes du néocolonialisme, qui, si elles ne sont pas
toujours visibles à l’œil nu, n’en sont pas moins lourdes pour autant. S’il n’y
a pas à ce jour de guerre globale à proprement parler, la lutte entre puissances
impérialistes pour le contrôle des ressources et des marchés conduit à
intensification des expéditions guerrières, et dont la multiplication est
lourde de menaces à ne pas sous-estimer.
Mais voilà, le capitalisme
est enlisé dans une crise systémique. Tous les efforts des puissances
impérialistes et de leurs banques centrales pour en sortir n’ont fait que l’aggraver.
Malgré tous les milliers de milliards injectés dans les banques privées, la
reprise économique est au mieux volatile, en réalité éphémère, et de fait
quasiment terminée. Ce qui du reste est logique. Nul ne pourrait résoudre un
problème avec les mêmes mécanismes que
ceux qui l’ont créé. La crise que nous vivons est structurelle au capitalisme,
et ne peut être durablement résolue en son sein.
Et c’est là que, au plus
profond des ténèbres, apparaît une lueur d’espoir. S’il n’y a pas à ce jour de
véritable dynamique révolutionnaire, il devient de plus en plus clair que les
choses ne peuvent durer ainsi. C’est l’histoire elle-même qui place aujourd’hui
les communistes devant leurs responsabilités. Si le monde a changé, ce n’est
qu’en restant fidèles à notre héritage révolutionnaire, celui qui fut réaffirmé
à Kienthal il y a 100 ans, ce n’est qu’en brandissant le drapeau rouge qui y
fut brandi, qu’il est possible de comprendre ce monde changé, et surtout de le
transformer. L’année 2017, marquera le centenaire de la
Révolution d’octobre. Il est de notre responsabilité de faire en sorte que
cette année, à défaut d’une année de révolution, soit au moins une année de
rupture avec la désespérante réaction que nous subissons depuis trop longtemps.
Car cette rupture n’a jamais été aussi nécessaire.
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