On ne sait toujours pas à ce jour si et quand le
canton de Genève disposera d’un budget pour l’année 2016. Le Conseil d’Etat
avait pourtant présenté en temps et en heure un projet de budget austéritaire à
souhait, prévoyant un certain nombre de mesures d’économies dans la fonction
publique et de coupes linéaires dans les
subventions. Ce projet de budget fut énergiquement combattu par un mouvement de
lutte exemplaire des travailleurs de la
fonction publique, soutenus par les syndicats et les forces de gauche, dont le
Parti du Travail. Finalement, le budget 2016 ne put être voté par le parlement,
faute de majorité. On en est pour l’instant aux douzièmes provisionnels.
Ce n’est là toutefois pas l’essentiel. Le budget
2016 fut précédé par un budget 2015 brutalement austéritaire. Trois des sujets
cantonaux sur lesquels nous votons le 28 février sont d’ailleurs des émanations
de cette politique d’austérité. Nous voterons probablement cette année aussi
sur la loi dite « Personnal stop », contre laquelle un référendum a
été déposé. Une loi votée par la majorité de droite et qui stipule le
plafonnement de la masse salariale de la fonction publique. Impossible dès lors
d’engager le moindre fonctionnaire sans supprimer un poste ailleurs. On imagine
déjà l’arithmétique sordide à laquelle il faudra se livrer pour satisfaire à
ces exigences : supprimer quelques postes d’enseignants pour pourvoir de
nouvelles prisons en personnel par exemple. Et la droite promet bien pire pour
le budget 2017.
C’est que pour les forces politiques au service du
capital, l’austérité est un projet politique en soi. La droite affirme qu’il ne
s’agit que d’une inévitable maîtrise des coûts pour réduire la dette quasiment
insoutenable de notre canton. Mais cette dette, qui en est responsable, si ce
n’est ces mêmes partis de l’Entente, au pouvoir depuis toujours, et qui ont
systématiquement creusé le déficit de l’Etat à coup de cadeaux fiscaux à
répétition aux plus riches et aux grandes entreprises ? Les pertes
fiscales dues à ces mesures représentent au bas mot un milliard de francs par
année ! Il serait dès lors plus que logique de revenir sur quelques unes
au moins de ces mesures. Les députés d’Ensemble à Gauche ont fait des
propositions dans ce sens. Mais pour la majorité du Grand Conseil, il n’est pas
même question d’entrer en matière.
Une politique qui ne va que s’aggraver avec la RIE
III, qui devrait passer sans doute au mois de juin déjà au parlement fédéral,
et qui sera suivie peu après d’une réforme cantonale correspondante. L’idée de
cette réforme est simple : les entreprises étrangères installées en
Suisse, dans quelques cantons en particulier, bénéficient de privilèges fiscaux
absolument indécents ; l’UE ne tolère plus cette concurrence
déloyale ; donc, puisqu’on ne peut plus maintenir ce dispositif, alors
baissons l’imposition de toutes les entreprises à un taux très bas pour que les
dites « sociétés à statut consentent à rester. Ce qui causera
inévitablement des pertes fiscales colossales pour les collectivités publiques.
La RIE III cantonale a déjà été adoptée par le Grand Conseil dans le canton de
Vaud. Un référendum a été déposé contre, notamment avec la participation de la
section vaudoise de notre Parti. Le cas de figure est instructif : le PS
vaudois soutient cette réforme d’inspiration néolibérale, en échange de
quelques maigres concessions…
C’est un combat que nous devons préparer à Genève.
Un combat difficile. Nous aurons l’idéologie dominante contre nous, qui pèsera
d’un poids écrasant. On nous dit que, aussi regrettable que cela soit, ces
baisses d’impôts à répétition pour les privilégiés seraient une nécessité
absolue, afin de rester concurrentiel au plan international, afin que les
entreprises et les riches contribuables restent en Suisse. Sans cela,
voyez-vous, c’en serait fait de notre prospérité. On nous promet déjà la
catastrophe si jamais la RIE III ne passe pas et que les sociétés à statut
partent. Argument persuasif, qui manipule habilement la peur des gens. Et qui
pourtant se base sur un sophisme éculé : l’effet de ruissellement. Pour
faire simple, laisser le capitalisme entièrement libre, baisser les impôts des
riches et des entreprises, finit par bénéficier à tous, ou en tout cas au plus
grand nombre. Or, ce soi-disant « effet » est toujours et partout
démenti par les faits. Le modèle de développement néolibéral amène avant tout
une société extrêmement inégalitaire, qui devient de moins en moins
hospitalière pour les classes populaires, et n’est accueillante que pour une
toute petite minorité. Au niveau mondial, les 62 personnes les plus riches
possèdent autant que la moitié de la population du globe ! A Genève, on
n’en est certes pas là, mais cette loi générale se vérifie, et se vérifiera
d’autant plus si la RIE III est mise en place.
Mais pour rompre avec les politiques d’austérité,
qui n’apportent que le malheur au plus grand nombre, il est nécessaire de
rompre avec la logique libérale, et in
fine avec la logique capitaliste. Le PS a déjà prouvé, dans le canton de
Vaud du moins, qu’il n’en n’est pas capable, et finit donc par cautionner la
régression. Seul le Parti du Travail, peut porter ce combat de façon
conséquente.
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