13 février 2016

Les budgets d’austérité et comment les combattre

  

 On ne sait toujours pas à ce jour si et quand le canton de Genève disposera d’un budget pour l’année 2016. Le Conseil d’Etat avait pourtant présenté en temps et en heure un projet de budget austéritaire à souhait, prévoyant un certain nombre de mesures d’économies dans la fonction publique  et de coupes linéaires dans les subventions. Ce projet de budget fut énergiquement combattu par un mouvement de lutte exemplaire des  travailleurs de la fonction publique, soutenus par les syndicats et les forces de gauche, dont le Parti du Travail. Finalement, le budget 2016 ne put être voté par le parlement, faute de majorité. On en est pour l’instant aux douzièmes provisionnels.

Ce n’est là toutefois pas l’essentiel. Le budget 2016 fut précédé par un budget 2015 brutalement austéritaire. Trois des sujets cantonaux sur lesquels nous votons le 28 février sont d’ailleurs des émanations de cette politique d’austérité. Nous voterons probablement cette année aussi sur la loi dite « Personnal stop », contre laquelle un référendum a été déposé. Une loi votée par la majorité de droite et qui stipule le plafonnement de la masse salariale de la fonction publique. Impossible dès lors d’engager le moindre fonctionnaire sans supprimer un poste ailleurs. On imagine déjà l’arithmétique sordide à laquelle il faudra se livrer pour satisfaire à ces exigences : supprimer quelques postes d’enseignants pour pourvoir de nouvelles prisons en personnel par exemple. Et la droite promet bien pire pour le budget 2017.

C’est que pour les forces politiques au service du capital, l’austérité est un projet politique en soi. La droite affirme qu’il ne s’agit que d’une inévitable maîtrise des coûts pour réduire la dette quasiment insoutenable de notre canton. Mais cette dette, qui en est responsable, si ce n’est ces mêmes partis de l’Entente, au pouvoir depuis toujours, et qui ont systématiquement creusé le déficit de l’Etat à coup de cadeaux fiscaux à répétition aux plus riches et aux grandes entreprises ? Les pertes fiscales dues à ces mesures représentent au bas mot un milliard de francs par année ! Il serait dès lors plus que logique de revenir sur quelques unes au moins de ces mesures. Les députés d’Ensemble à Gauche ont fait des propositions dans ce sens. Mais pour la majorité du Grand Conseil, il n’est pas même question d’entrer en matière.

Une politique qui ne va que s’aggraver avec la RIE III, qui devrait passer sans doute au mois de juin déjà au parlement fédéral, et qui sera suivie peu après d’une réforme cantonale correspondante. L’idée de cette réforme est simple : les entreprises étrangères installées en Suisse, dans quelques cantons en particulier, bénéficient de privilèges fiscaux absolument indécents ; l’UE ne tolère plus cette concurrence déloyale ; donc, puisqu’on ne peut plus maintenir ce dispositif, alors baissons l’imposition de toutes les entreprises à un taux très bas pour que les dites « sociétés à statut consentent à rester. Ce qui causera inévitablement des pertes fiscales colossales pour les collectivités publiques. La RIE III cantonale a déjà été adoptée par le Grand Conseil dans le canton de Vaud. Un référendum a été déposé contre, notamment avec la participation de la section vaudoise de notre Parti. Le cas de figure est instructif : le PS vaudois soutient cette réforme d’inspiration néolibérale, en échange de quelques maigres concessions…

C’est un combat que nous devons préparer à Genève. Un combat difficile. Nous aurons l’idéologie dominante contre nous, qui pèsera d’un poids écrasant. On nous dit que, aussi regrettable que cela soit, ces baisses d’impôts à répétition pour les privilégiés seraient une nécessité absolue, afin de rester concurrentiel au plan international, afin que les entreprises et les riches contribuables restent en Suisse. Sans cela, voyez-vous, c’en serait fait de notre prospérité. On nous promet déjà la catastrophe si jamais la RIE III ne passe pas et que les sociétés à statut partent. Argument persuasif, qui manipule habilement la peur des gens. Et qui pourtant se base sur un sophisme éculé : l’effet de ruissellement. Pour faire simple, laisser le capitalisme entièrement libre, baisser les impôts des riches et des entreprises, finit par bénéficier à tous, ou en tout cas au plus grand nombre. Or, ce soi-disant « effet » est toujours et partout démenti par les faits. Le modèle de développement néolibéral amène avant tout une société extrêmement inégalitaire, qui devient de moins en moins hospitalière pour les classes populaires, et n’est accueillante que pour une toute petite minorité. Au niveau mondial, les 62 personnes les plus riches possèdent autant que la moitié de la population du globe ! A Genève, on n’en est certes pas là, mais cette loi générale se vérifie, et se vérifiera d’autant plus si la RIE III est mise en place.


Mais pour rompre avec les politiques d’austérité, qui n’apportent que le malheur au plus grand nombre, il est nécessaire de rompre avec la logique libérale, et in fine avec la logique capitaliste. Le PS a déjà prouvé, dans le canton de Vaud du moins, qu’il n’en n’est pas capable, et finit donc par cautionner la régression. Seul le Parti du Travail, peut porter ce combat de façon conséquente.

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