Le deux décembre 2007, les Russes se sont rendus aux urnes pour élire la Douma, la chambre basse du parlement. Sans surprise, le parti du président sortant Vladimir Poutine, «Russie Unie», parti officiellement de centre-droit mais sans idéologie et dont le seul programme est de soutenir un président dont le discours peut librement changer plusieurs fois par jour selon la conjoncture, remporte la majorité absolue avec 64,1% des voix et 315 sièges sur les 450 que compte l’hémicycle. Des fraudes massives furent constatées, et il pourrait presque être étonnant que ce parti n’ait pas les deux tiers des sièges qui lui permettraient de changer la constitution à sa guise.
Mais il faut savoir que «Russie Juste», l’aile officiellement sociale-démocrate du pouvoir, parti entièrement fidèle à Poutine, remporte 7,8% des voix et 38 sièges… deux tiers donc au pouvoir, et la possibilité de jouer à la coalition centriste pour les médias en plus ! Parmi les partis proches du pouvoir qui remportent des sièges à la Douma figure également le « Parti Libéral-Démocrate», avec 8,2% des voix et 40 élus, en fait plutôt un conglomérat d’anonymes rassemblés autour d’un leader démagogue, ultranationaliste, populiste au point que comparé à lui Eric Stauffer ferait figure de grand philosophe, Vladimir Jirinovski. Cet homme participa à moult bagarres au sein même de la Douma, et joue à peu près le rôle de clown de service du parlement, il sert également à séduire les couches les plus déracinées et les moins cultivées de la population. Son parti obéit fidèlement au président.
Le seul parti d’opposition sera le «Parti Communiste de la Fédération de Russie», dirigé par Guennadi Ziouganov, avec 11,6% des voix et 57 sièges, ce qui en fait la deuxième force au parlement. Le Parti Communiste n’a quasiment aucune possibilité de manœuvres face à un pouvoir détenu par un clan mafieux, celui du président, dictatorial et néolibéral. Néanmoins, les communistes, à présent que tous les carriéristes sont partis dans les structures gouvernementales ou criminelles et que seuls les militants intègres dévoués à la cause des opprimés y sont restés, ont tiré la leçon de leurs erreurs passées, ont admis que leur gestion de l'ex URSS fut à bien des égards catastrophiques, ont corrigé leur programme en conséquence dans le sens d'une véritable démocratie socialiste et ont pu acquérir une certaine crédibilité grâce à leur opposition systématique aux réformes néolibérales du pouvoir, ce qui les rend capables d’organiser des manifestations de masse contre les décisions les plus scandaleuses.
Les autres partis qui s'étaient présentés à ces élections totalisaient tous ensemble un peu moins de 7%, donc même si les divers partis libéraux s'étaient présentés sur une liste unitaire, ils n'auraient pas atteint le quorum. En effet, les partis de droite, libéraux prétendument "démocrates", dont les médias occidentaux parlèrent tant, sont parfaitement marginaux en Russie, pâle reflet de ce qu'ils furent dans les années nonante. Car ces partis avaient dirigé le pays juste après la chute de l'URSS. Aujourd'hui ils payent pour avoir vendu leur patrie à l'impérialisme nord-américain, pour avoir démantelé, pour avoir privatisé toute l'industrie soviétique qu'ils vendirent à bas prix à des gangsters devenus ainsi "oligarques", pour avoir fait disparaître une grande partie de l'industrie nationale et avoir réduit la Russie à n'être qu'un pays dévasté exportateur de matières premières, pour avoir condamné la population au chômage, à la criminalité généralisée et à la misère endèmique.
Reste une inconnue, selon la constitution, la présidence de Poutine prendra fin début 2008, plus de deux mandats consécutifs étant interdits. Or celui-ci a à peine 50 ans et souhaite rester maître du pays pour longtemps. Alors que fera-t-il? Le parti «Russie Unie», avec le soutient de «Russie Juste », et sous le patronage de Poutine bien entendu, a d’ors et déjà annoncé la candidature de Dmitry Medvedev, imbécile notoire et plus mauvais orateur dans sa langue maternelle que Blocher ne l’est en Français, au poste de président. On peut en déduire que Poutine a décidé de placer un président fantoche sur le trône, tout en devenant premier ministre et restant le véritable tsar de toutes les Russies, peut-être avec une modification de la constitution concentrant tous les pouvoirs entre les mains du chef de l’exécutif.
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