Article de: Jean-Jacques Candelier, député PCF
Votre député, favorable à la dénucléarisation mondiale, comprend cependant l'attitude de ce pays souverain et l'explique surtout par le dédain des grandes puissances et le non-respect de leurs engagements. Afin d'éviter une escalade de tensions dramatique, il interroge M. le Premier ministre pour réclamer, dans un esprit d'apaisement, l'installation rapide d'une ambassade de République populaire démocratique de Corée (RPDC) à Paris. Il ne s'agit en aucun cas d'apporter un soutien politique à la Corée du Nord mais de comprendre les raisons de son attitude afin d'éviter le pire.
Les grandes puissances rivalisent de virulence pour réprouver les opérations militaires et l’attitude de la République Populaire Démocratique de Corée (RPDC).
Ces grandes puissances omettent cependant de dire que la RPDC est favorable, depuis longtemps, à la dénucléarisation de la péninsule, ce qui impliquerait le démantèlement de la base militaire américaine en Corée du Sud, ainsi que des armements nucléaires mobiles transportés par la flotte et l’aviation américaine.
Elles oublient d’indiquer que la RPDC est favorable, depuis longtemps, à la transformation de l’Accord d’armistice de 1953 en un véritable Traité de paix, ce qui impliquerait une négociation directe RPDC-États-Unis.
Elles oublient, enfin, de rappeler à l’ordre le Japon, qui est en cours de remilitarisation, en dépit des obligations de sa propre Constitution.
Ce « deux poids, deux mesures » est tout bonnement insupportable. En réalité, la politique actuelle de la RPDC est une réaction naturelle suite au rejet de ses multiples propositions, que les grands médias occultent systématiquement.
Il faut aussi rappeler que, malgré les accords conclus sous la présidence Clinton, la RPDC n’a jamais obtenu, en échange de sa renonciation à l’arme nucléaire, les contreparties promises. Celles-ci concernent la livraison de réacteurs à eau légère, de pétrole et l’arrêt de l’embargo unilatéralement imposé. Ces contreparties étaient pourtant vitales pour le peuple coréen.
La France qui, à travers la future Loi de Programmation Militaire, entend axer notre stratégie de défense sur la dissuasion nucléaire, au détriment de la nécessaire lutte contre la prolifération nucléaire mondiale, devrait comprendre la position de l’État souverain nord-coréen. L’épisode sanglant de l’envahissement de l’Irak a d’ailleurs démontré, si besoin était, que le droit international va toujours dans le même sens, celui des puissants. Dans le rapport de forces actuel, c’est la RPDC qui est sous la menace internationale ; elle l’est d’ailleurs depuis sa naissance !
J’estime que le peuple coréen n’a que trop souffert de la guerre et des tentatives hégémoniques de l’étranger. La RPDC ne s’est pas mise au ban de la communauté internationale toute seule, par plaisir ! C’est pourquoi, en lieu et place de nouvelles sanctions néfastes et inefficaces, rétablir le dialogue et la confiance passe :
Par la fin de l’embargo américain, installé depuis plus de 50 ans maintenant,
Par l’ouverture de négociations avec les États-Unis,
Par l’arrêt des tentatives de dénigrement et de déstabilisation,
Par le respect de la souveraineté du peuple coréen, conformément à la Charte des Nations Unies, en vue de favoriser le rapprochement des deux Corées, ce qui serait source de détente et de développement partagé.
Alors que la France, mauvais élève de l’Union européenne, continue à se refuser de reconnaître officiellement jusqu’à l’existence même de ce pays, l’établissement d’une ambassade de RPDC à Paris serait un premier geste.
J’interroge immédiatement M. le Premier ministre en ce sens.
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