Chapitre fiscalité du programme électoral du Parti du Travail, rédigé par mes soins
Depuis plus de deux décennies, les forces de la bourgeoisie, à l’appui d’une campagne médiatique délirante, reposant sur le matraquage et le catastrophisme sans autre argument, ont réussi à imposer le dogme néolibéral en matière de fiscalité. Les impôts ont été systématiquement baissés et rebaissés, soi-disant pour tout le monde selon la démagogie libérale, alors que seuls les plus fortunés en profitent réellement ; les baisses les plus notables ayant été la réduction linéaire de 12% sur l’impôt cantonal direct obtenue par le Parti libéral ; ainsi que la récente suppression de la prétendue « double imposition », c’est-à-dire suppression de l’imposition des dividendes des actionnaires, parce que soi-disant le profit du capital a déjà été imposé, donc une suppression pure et simple de l’imposition sur le revenu de ceux qui s’enrichissent sur le travail d’autrui. Evidemment, cette politique ne pouvait que mener à des déficits à répétition et à l’endettement pour l’Etat, déficits encore accrus par la hausse des dépenses de services sociaux due à l’augmentation de la pauvreté du fait justement des politiques néolibérales. Plutôt que de revenir sur ces baisses d'impôts, la droite dit que s'il y a déficit, c'est que l'Etat coûte trop cher et coupe encore et encore dans les prestations sociales, supprimant ainsi l'un après l'autre les maigres acquis des travailleurs suisses. Pour aller encore plus loin, les milieux de droite projettent de démanteler la progressivité des impôts, sans laquelle il ne peut y avoir de redistribution, pour la remplacer par la « flate rate taxe », soit le même taux d’imposition pour tout le monde quel que soit le revenu, voire la suppression pure et simple de l’impôt direct au profit des impôts indirects, tels que la TVA, impôts antisociaux au possible, car taxant la consommation au même taux pour tout le monde, ruinant les pauvres et ne prenant que fort modiquement aux riches.
Or ce manège a un but précis : supprimer progressivement la fonction redistributive de l’impôt afin de changer la répartition du produit social entre le travail et le capital, au profit de ce dernier. Les classes populaires souffrent de cette politique, car pour quelques francs gagnés en baisse d’impôts, elles perdent plusieurs fois plus en prestations sociales, prestations qui loin d’être du « gaspillage » sont absolument vitales. Des couches de plus en plus larges de la population s’enfoncent ainsi dans la misère la plus noire. Ce qui a pour conséquence immédiate d’augmenter encore les revenus plus que confortables des seigneurs du capital. Mais cette politique n’est pas que le fruit d’une avidité démesurée des actionnaires et qui pourrait donc être corrigée en « moralisant » le capitalisme ; elle est absolument nécessaire au capital. En effet, étant donné que les entreprises ont l’obligation de produire toujours plus et à moindre coût et en même temps ne pas augmenter, voire baisser les salaires réels, afin d’assurer sans cesse plus de profits à leurs actionnaires et rembourser leurs prêts auprès des banques avec intérêts, la croissance de la production dépasse toujours celle des revenus, ce qui condamne le capitalisme à des crises de surproduction répétitives et de plus en plus brutales. Les baisses d’impôts, parmi d’autres volets de la politique néolibérale, étaient un moyen d’essayer de retarder la crise. Les « experts » néolibéraux autoproclamés prétendaient que leurs recettes allaient assurer une croissance perpétuelle sans plus jamais de crise, or on a vu qu’elles n’ont fait qu’un peu repousser celle-ci, la rendant par contre encore plus brutale.
A présent, les milieux bourgeois voudraient baisser les impôts encore plus, afin de faire payer aux travailleurs leur crise et essayer de sauver au moins en parti leurs intérêts égoïstes. Cette politique ne saurait être la nôtre. La crise que nous traversons rappelle plus que jamais que les intérêts de l’immense majorité de la population et ceux des puissants de ce monde sont strictement antagoniques, ce qui pose la nécessité pour toutes les classes que le capitalisme opprime de s’organiser politiquement pour arracher le pouvoir au patronat et à ses pseudo-experts et de construire une société socialiste qui seule peut correspondre à leurs aspirations. Et il n’y a aucune raison de sauver le capitalisme, et à fortiori pas en faisant payer ce sauvetage aux masses populaires. Il n’y a donc pas plus de raison de continuer de baisser les impôts, au contraire il faut massivement les augmenter pour les hauts revenus, car non seulement une imposition fortement progressive est nécessaire pour assurer une redistribution, même limitée, des richesses à travers les prestations sociale, mais elle est aussi pour assurer les investissements socialement indispensables, comme l’école publique et gratuite, les infrastructures et logements publics, les services publics qui pour être de qualité ne peuvent parfois qu’être déficitaires…dépenses que les partis bourgeois ont tendance à négliger et à privatiser si possible, ce qui signifie délabrement, mauvaise qualité et inaccessibilité pour une large partie de la population
Le Parti du Travail propose donc :
1. D’augmenter fortement les impôts directs pour les hauts revenus afin de revenir sur les baisses d’impôts successives tout en accentuant la progressivité de la fiscalité.
2. De taxer fortement les profits spéculatifs, les dividendes et les holdings.
3. De fixer le centime additionnel des communes au même taux (proche de celui des communes urbaines) et d’établir une péréquation intercommunale avec le versement des excédents communaux dans une caisse commune afin de supprimer les paradis fiscaux pour hauts revenus tels que Cologny ou Vandoeuvre et de financer ainsi les indispensables dépenses sociales, d’infrastructures et culturelles des communes urbaines.
4. De taxer fortement les entreprises qui licencient tout en faisant des bénéfices.
5.De mettre en pratique le principe de la Taxe Tobin afin d’imposer fortement les capitaux purement spéculatifs.
6. De s’opposer à toute hausse de la TVA et d’autres taxes indirectes, il faut au contraire les remplacer par l’imposition directe.
7. D’abolir les forfaits fiscaux.
8. De supprimer le secret bancaire pour pouvoir poursuivre sévèrement la fraude et la soustraction fiscale qui font perdre de milliards aux pays pauvres, mais aussi à la Suisse car des riches contribuables helvétiques en abusent massivement aussi.
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