27 décembre 2009

Face à la contre-réforme de Bologne, la lutte des étudiants



Il y a de cela 20 ans, le 19 juin 1999, 30 ministres européens de l’éducation, dont un conseiller fédéral suisse, signaient la Déclaration de Bologne, préparée par la Commission européenne et ayant pour but officiel « l’harmonisation de l’enseignement supérieur en Europe » afin de « permettre la mobilité des étudiants ». Rien de bien dangereux à première vue. Sauf qu’aujourd’hui que les réformes visant à appliquer concrètement la dite déclaration commencent à devenir réalité un peu partout, un mouvement étudiant d’ampleur européenne d’occupation d’universités, parti de Vienne, touche une centaine d’universités dont les étudiants sont unis par une lutte commune : la lutte contre les réformes de Bologne. C’est une première historique depuis 40 ans, la salle MR080 (le plus grand amphithéâtre de l’Université de Genève) est occupé le jeudi 26 octobre par le mouvement étudiant «Education is not for $A£€ ! », avatar genevois du grand mouvement européen, avant d’être évacué manu-militari avec prise de photos des étudiants concernés (sans doute pour fichage) sur ordre du rectorat de façon scandaleusement anti-démocratique. Malgré cette répression policière le mouvement étudiant n’a pas cessé sa lutte après l’évacuation et a continué ses réunions et ses activités visant à la prise de conscience des étudiants. Un effort est même fait en vue de diversifier les activités du mouvement. La prochaine Assemblée générale est fixée au 23 février. Les universités de Lausanne, de Zürich, de Bâle et de Berne ont également connu des occupations. A Genève et ailleurs en Suisse les étudiants membres du Parti Suisse du Travail ont joué un rôle actif dans ce mouvement.


Le Parti du Travail avait fait un communiqué de presse pour dénoncer la répression policière et apporter un soutient inconditionnel aux revendications du mouvement étudiant, qui sont, pour ne citer que les principales : la gratuité totale des études, l’augmentation des bourses et plus de facilité à accéder à celles-ci (actuellement elles sont réservées aux étudiants ni trop riches NI trop pauvres, soit aux seules classes moyennes), le rétablissement de la démocratie universitaire en lieu et place de la toute-puissance du rectorat mise en place par le Grand Conseil, la non-privatisation de l’université, plus de logement étudiant, un meilleur encadrement, l’indépendance de la recherche et la non-fermeture de filières. Dans un discours en langue de bois qu’il fit pour essayer de convaincre les étudiants de cesser l’occupation, le recteur Jean-Dominique Vassali a prétendu qu’il partage l’essentiel des revendications, sauf qu’il ne peut soi-disant disant rien faire pour les satisfaire mais qu’il s’engage quand même à faire tout son possible pour qu’elles soient satisfaites…mais que de toute façon les revendications de l’indépendance de la recherche et de la non-privatisation de l’Université n’ont pas lieu d’être car elles seraient déjà réalisées.


Sauf qu’il utilise contre les étudiants des méthodes qui ressemblent à celles que le pouvoir bourgeois a utilisé contre les militants du Parti du Travail au temps de la Guerre Froide ; preuve que son beau discours ne correspond en rien à la réalité et qu’en fait, loin de partager les revendications du mouvement étudiant, le pouvoir d’Etat bourgeois qu’il représente ne peut tolérer non seulement les exigences mais même l’existence d’un tel mouvement de lutte. Car il existe une chose qui réduit à néant les belles promesses de M. le recteur, et ce quelque chose est la déclaration de Bologne. En effet l’harmonisation de l’enseignement supérieur au niveau européen a pour but non pas l’harmonisation pour l’harmonisation, mais de rendre comparable l’enseignement dispensé par les différentes universités avec des critères quantitatifs afin de les mettre en concurrence. La mobilité facilitée des étudiants vise à rendre cette concurrence réelle. Et la concurrence est prévue en vue de la privatisation des universités. En effet, la déclaration de Bologne prévoit de donner aux universités « l’autonomie », soit la possibilité pour le rectorat de récolter des fonds privés un peu comme il le veut et de gérer son université à sa guise, comme une société anonyme servant les intérêts de ses « généreux donateur » (la présence de représentants de multinationales dans les conseils d’administration est une réalité dans beaucoup d’universités européennes). Le rectorat aurait aussi la possibilité d’augmenter les taxes universitaires à sa guise. Le but final étant d’arriver à un système à l’américaine, avec quelques universités de top niveau accessibles uniquement à l’élite, des universités de deuxième et troisième zone, avec des diplômes de deuxième et troisième zone, pour les autres étudiants…et un quasi-analphabétisme pour les enfants des travailleurs (ce qui n’est pas loin de la réalité aux USA). Un tel système vise à renforcer les privilèges de l’élite, il est fondamentalement réactionnaire et opposé aux intérêts d’une large majorité de la population ; le Parti du Travail luttera contre le système de Bologne pour un enseignement égalitaire et démocratique, au service de l’ensemble de la société et non d’une petite élite, un système qui ne peut être pleinement réalisé que dans une société socialiste.

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