14 octobre 2010

Criminalisation des syndicats en Guadeloupe !


Au royaume de Sarkozie, la démocratie bourgeoise de façade s’effrite de plus en plus pour faire apparaître au grand jour la véritable nature de tout régime capitaliste, celle d’une impitoyable dictature de classe, et ce d’autant plus dans les dernières colonies de la France, par euphémisme appelées Domaines d’Outre-mer. Il y a deux ans de cela, en janvier et février 2009 sur l’île de Guadeloupe dans les Antilles, une grève générale de 44 jours conduite par le vaste mouvement populaire et syndical LKP (Liyannaj Kont Pwofitasyon, Unis contre l’exploitation à outrance en créole guadeloupéen), composé d’une cinqantaine d’organisations syndicales, politiques et sociales (dont le Parti communiste de Guadeloupe) et dirigé par le secrétaire générale du principal syndicat de l’île, l’Union Générale des Travailleurs de Guadeloupe (UGTG), Elie Domota, a réussi à faire plier l’Etat français et l’arrogant patronat local, les pwofitan.

Le LKP a ainsi pu obtenir un accord avantageux pour le peuple guadeloupéen, écrasé par des prix abusifs sur les produits de base, comme l’alimentation et l’essence, qui sont pratiquement tous importés de métropole selon la volonté de quelques entreprises monopolistes, qui empêchent le développement d’une production locale et peuvent ainsi s’enrichir à outrance, selon un procédé hérité de l’ère coloniale ; écrasé par un chômage de masse qui dépasse les 59% chez les 18-25 ans, et par la surexploitation pratiquée par le patronat local. Face à cette situation, le LKP a réussi à imposer à l’Etat et au patronat une augmentation mensuelle des salaires de 200 €, une limitation des prix pour les produits de base, des instruments de contrôle pour cette limitation des prix, un gel des loyers, des mesures à mêmes de contribuer au développement de la production locale au détriment des groupes métropolitains, et beaucoup d’autres choses qui correspondent aux intérêts des travailleurs guadeloupéens.

Or, ni les pwofitan ni l’Etat n’avaient et n’ont pas l’intention d’applique un accord qu’ils n’avaient jamais voulu signer. Après la temporisation, les violations directes se sont faites de plus en plus massives…le prix de l’essence a été augmenté trois fois pour une baisse minime, les prix des articles courants et de l’électricité ont continué leur flambée, la hausse des salaires a été à géométrie plus que variable, les impôts ont été augmentés sous plusieurs formes, l’Etat a continué à faire des économies scandaleuses sur l’éducation et la santé…tout en donnant 175 millions d’euros aux compagnies pétrolières Total et la SARA pour compenser leurs soi-disant pertes. Pour lutter contre ces violations massives des accords de mars 2009, ainsi que contre la réforme des retraites que combattent tous les travailleurs de France, le LKP a lancé un appel à la grève générale pour ce 26 octobre, appel relayé aussi en Martinique et en Guyane.

Sauf que l’Etat sarkoziste, montrant par là sans ambigüités sa nature de dictature de la classe bourgeoise, entreprit de faire ce qu’il n’avait pas réussi au moment de la grève générale de 2009 : criminaliser la lutte syndicale. Dans l’indifférence totale des élites politiques et de la presse métropolitaine, l’administration française imposa aux responsables syndicaux dans les Antilles et en Corse des prélèvements d’ADN en vue de leur fichage, les traitant ainsi ouvertement en criminels. En effet, il n’y a pas si longtemps, le prélèvement d’ADN était réservé aux crimes graves…avec la dérive autoritaire du gouvernement Sarkozy, le fichage officiel concerne désormais près de 2% de la population française. Or il est tout à fait inacceptable de traiter la lutte syndicale comme une activité criminelle, aussi les responsables syndicaux refusèrent-ils de se soumettre à ce scandaleux fichage…suite à quoi l’Etat les poursuivit en justice, avec à la clé des peines d’un mois de prison ferme et de lourdes amendes. Actuellement, les procès sont en cours d’instruction et les syndicats concernés s’organisent pour défendre leurs membres et s’opposer à cette politique de criminalisation de la lutte de classe, des appels ont été lancés à toute la communauté progressiste et démocratique de France. Le régime sarkoziste n’en est pas à son coup d’essai en matière de négation des droits démocratiques et de dérive répressive et autoritaire, et il vire de plus en plus en dictature policière ouverte au service de la bourgeoisie, qui espère mater par la force les masses populaires qui se dressent de plus en plus contre sa tyrannie. Mais ni le fichage, ni les matraques, ni les balles ne permettront à la bourgeoisie de briser la volonté du peuple. Son régime injuste et arbitraire est condamné de par ses propres contradictions, et toutes les mesures répressives qu’elle prend ne peuvent au mieux qu’en retarder l’inévitable chute.

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