Le 25
novembre, à 22h29, le mouvement communiste international a perdu l’un de ses
membres les plus éminents. Fidel Alejandro Castro Ruz, leader historique de la
Révolution cubaine, ancien Premier secrétaire du Parti Communiste de Cuba, nous
a quitté. L’Empire aura tenté de l’assassiner à plus de 600 reprises. C’est à
l’âge vénérable de 90 ans qu’il aura finalement quitté ce monde, invaincu. La
Révolution cubaine qu’il avait dirigé et incarné avec honneur se dresse
toujours inébranlable. Une petite île aura réussi à tenir bon, seule où
presque, à 150 km à peine au large des côtes du plus puissant et despotique
empire que la planète ait jamais connu. Toutes les tentatives des Etats-Unis de
briser la Révolution cubaine, que ce soit par l’invasion, par le terrorisme,
par un blocus criminel et assassin, par des manœuvres de déstabilisation, par
la propagande, par des tentatives d’infiltration…se seront révélées
infructueuses.
Les
réactionnaires du monde entier se sont empressés de se réjouir de la mort de
Fidel, montrant une fois de plus toute leur abjection et leur immoralité. Les
médias bourgeois rivalisent de propagande mensongère et de spéculations
ridicules sur la supposée chute prochaine du « régime » (bizarrement,
on n’en n’a pas entendu la moitié du quart de semblables propos à la mort du
défunt roi Abdallah…). Mais tous les communistes, et tous les progressistes
authentiques, tous les peuples épris de liberté (qui ne peut se limiter aux
libertés formelles bourgeoises si elle veut être une liberté authentique) et de
justice sociale savent qui était Fidel et quels étaient ses incontestables
mérites révolutionnaires. Partout sur la planète, toute l’humanité progressiste
lui a rendu un digne hommage. A Genève aussi, une soirée en la mémoire de Fidel
– et ce n’était pas leu seul événement qui lui fût consacré – eut lieu dans les
locaux du Parti du Travail, dans la salle du Cercle du Mail, qui était pleine à
craquer.
Une vie au service de la Révolution
Fidel Castro est né à Biran,
le 13 août 1926 et étudie le droit à l’université de la Havane. Durant ses
études, il commence à participer au mouvement révolutionnaire contre la
dictature de Fulgencio Batista, à la botte les Etats-Unis. C’était une sombre
époque, où Cuba vivait, depuis qu’elle s’était libérée de la couronne
espagnole, sous une domination néocoloniale implacable des USA. Le pays était
sous la coupe de régimes mafieux et compradore, où une petite minorité de
collabos de l’Empire s’enrichissaient honteusement sous le dos d’une population
condamnée à la misère la plus absolue. Le joug néocolonial n’aura pas été moins
écrasant que celui de l’Espagne coloniale. Cuba ne connut aucun développement
économique avant la Révolution. En cette sombre époque, la future Île de la
liberté pouvait être hélas qualifiée de « bordel des Etats-Unis».
Le 26 juillet 1953, il
dirige un groupe de révolutionnaires qui lance une attaque sur la caserne de
Moncada avec l’objectif d’inciter le peuple cubain à se soulever contre la
dictature. La tentative échoue et, ainsi que ses camarades, il est arrêté,
faisant du 26 juillet le début du grand soulèvement populaire contre le régime
dictatorial de Fulgencio Batista.
Face à ses accusateurs, le 6
octobre 1953, dans la salle d’audience du tribunal de Santiago-de-Cuba, Fidel
Castro déclare : « Je sais que l’emprisonnement sera plus difficile
pour moi qu’il ne l’a jamais été pour quiconque, rempli de lâches menaces et
d’une cruauté hideuse. Mais je ne crains pas la prison, comme je ne crains pas
le tyran qui a pris la vie de 70 de mes camarades. Condamnez-moi ! Cela
n’a pas d’intérêt ! L’histoire m’acquittera ! ». Le tribunal le
condamne à 15 ans de prison.
Le 15 mai 1955, Castro est
libéré et au début du mois de juillet il part pour Mexico où il organise et
entraîne militairement un groupe de révolutionnaires. De ces rangs émergent les
futurs grands leaders de la révolutionne cubaine, comme Camillo Cienfuegos,
Juan Almeida et Ernesto Che Guevara.
Les révolutionnaires
débutent leurs actions dans les montagnes de la Sierra Maestra. L’armée
révolutionnaire s’appuie sur le travail politique réalisé par des organisations
comme le Mouvement du 26 juillet, le Parti Populaire Socialiste ainsi que
l’Organisation Révolutionnaire Etudiante. Ces organisations peuvent compter sur
des forces organisées dans les villes ainsi que sur l’intervention clandestine
des communistes dans les entreprises, dans les exploitations agricoles ainsi
que dans la jeunesse. Cette préparation de la classe ouvrière et des autres
couches populaires a contribué de façon décisive à l’issue victorieuse de la
lutte révolutionnaire. Toutes ces forces se sont ensuite réunies dans les Organisations
Révolutionnaires Intégrées (ORI), ce qui mènera à la reconstitution du Parti
Communiste de Cuba en 1965.
Le 1er janvier
1959, la guérilla populaire cubaine entre triomphalement dans La Havane après
la longue lutte du peuple cubain contre la dictature de Batista soutenue par
les Etats-Unis. La révolution cubaine fait la démonstration que l’impérialisme
n’est pas invincible. Elle reçoit immédiatement le soutien de l’Union
Soviétique et des autres pays socialistes. En Suisse, le Parti du Travail fut
le seul parti du pays à soutenir immédiatement la Révolution cubaine, alors que
tous les partis gouvernementaux étaient totalement alignés sur la position des
impérialistes. Nos camarades ont courageusement bravé la bourgeoisie et sa
police, comme ils l’ont toujours fait au nom de la solidarité internationale
avec tous les peuples en lutte pour leur libération et pour le socialisme.
Deux ans et quatre mois
après la révolution, le peuple cubain, sous le commandement de Fidel lui-même,
repousse l’invasion de 1 400 mercenaires envoyés par le gouvernement
américain dans la Baie des Cochons.
Lors de l’immense
manifestation du 16 avril 1961, à l’occasion des funérailles des victimes des
raids aériens (juste avant le débarquement des mercenaires de la CIA), Fidel
Castro proclame pour la première fois le caractère socialiste de la révolution.
Pendant les décennies qui suivent, en tant que président de Cuba et dirigeant
du Parti communiste, Fidel Castro dirige la lutte du peuple pour la
construction du socialisme, dans le contexte difficile des agressions
impérialistes et du blocus, aggravé après la contre-révolution en Union
soviétique et dans les autres pays socialistes, dans les années 1989-1991.
La Révolution cubaine
résiste lors de la grande débâcle de la fin des années 80, mais traverse une
période difficile lorsqu’elle se retrouve isolée, privée du soutien d’un camp
socialiste désormais disparu – la « période spéciale ». Mais, malgré
des tentatives désespérées et délirantes de l’Empire de l’étouffer, elle tient
bon. Actuellement, Cuba procède à un complexe ajustement de son modèle économique,
dans le but d’améliorer son système socialiste et améliorer les conditions de
vie de son peuple. Cet ajustement suppose la mise en place d’un
« socialisme avec le marché », mais nullement d’un « socialisme
de marché ». Quoiqu’en pensent les forces de la réaction qui prennent
leurs désirs pour des réalités, Cuba n’a nullement l’intention de renoncer à sa
révolution ni au socialisme.
Un héritage au service de la révolution
La Révolution
cubaine, sous la direction de Fidel, a su construire une authentique société
socialiste, qui a apporté à Cuba non seulement l’indépendance et la dignité,
mais aussi des réalisations sociales extraordinaires étant données les
circonstances : des conditions de vie garanties et correctes pour toutes
et tous, une éducation et des soins médicaux gratuits et de qualité. Les
agences onusiennes reconnaissent régulièrement ces réalisations remarquables.
Il convient de rappeler que la mortalité infantile est moindre à Cuba qu’aux
USA, et que l’espérance de vie y est supérieure. La Révolution cubaine a aussi
toujours été à l’avant-garde de la solidarité internationale, avec attachement
ferme aux principes internationalistes et abnégation. La conscience écologique
est aussi bien plus réelle à Cuba que dans la plupart des pays où elle ne sert
que de vernis verdâtre pour le système en place. Les réalisations pratiques de
la Révolution cubaine, l’œuvre politique de Fidel, mais aussi ses écrits,
restent pour nous une source d’inspiration. Ainsi que Fidel Castro l’a dit, le
1er mai 2000 :
« Révolution, cela veut dire avoir le sens du moment
historique ; cela veut dire changer tout ce qui doit être changé ;
cela veut dire l’égalité et la liberté pleines ; cela veut dire être
traité soi-même et traiter autrui comme un être humain ; cela veut dire
nous libérer par nous-mêmes et par nos propres efforts ; cela veut dire
défier de puissantes forces dominantes dans l’arène sociale et nationale et
au-dehors ; cela veut dire défendre des valeurs auxquelles on croit au
prix de n’importe quel sacrifice ; cela veut dire modestie,
désintéressement, altruisme, solidarité et héroïsme ; cela veut dire
lutter avec audace, intelligence et réalisme ; cela veut dire ne jamais
mentir, ne jamais violer de principes moraux ; cela veut dire conviction profonde
qu’il n’existe pas de force au monde capable d’écraser la force de la vérité et
des idées. Révolution, cela veut dire unité, cela veut dire indépendance, cela
veut dire lutter pour nos rêves de justice en faveur de Cuba et en faveur du
monde, qui est la base de notre patriotisme, de notre socialisme et de notre
internationalisme. »
La force de la Révolution
cubaine tient à ce qu’elle est toujours restée fermement fidèle à l’esprit
révolutionnaire du marxisme, toujours mis en avant le dévouement aux idées communistes
et valorisé l’élément moral ainsi que la mobilisation populaire, et n’a jamais
sombré dans une torpeur révisionniste et technocratique qui a fini par avoir
raison du PCUS. De ce fait, le socialisme et plus puissamment et plus
profondément implanté à Cuba et y a des racines populaires plus solides que
dans tant de pays socialistes qui ont sombré.
La mort d’un révolutionnaire constitue toujours une
perte douloureuse et irremplaçable, mais elle ne signifie pas pour autant la
mort de la révolution. La Révolution cubaine a su tenir bon, avec l’appui de
son peuple, dans les pires épreuves. La disparition de son leader historique ne
signifie nullement sa fin. La révolution va continuer à Cuba, et nous
continuerons à la soutenir avec une détermination sans failles. Et l’œuvre et
la pensée de Fidel seront toujours pour nous source d’inspiration.
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