Il y a trois ans de cela déjà, le Parti du Travail avait déposé son initiative pour le remboursement des soins dentaires, avec plus de 18'000,- signatures à l’appui, récoltées par les seules forces de ses militants (il faut compter toutefois également dans ce chiffre un millier de signatures apportées par un encartage de l’initiative dans le journal de l’AVIVO). Il s’agit donc, et il faut le rappeler, d’une initiative – inspirée de celle déposée en commun par le POP et solidaritéS dans le canton de Vaud, et reprise également dans le cantons de Neuchâtel, Valais et Tessin – qui, à Genève, est celle du Parti du Travail, et de personne d’autre.
Pendant trois
ans, le Grand Conseil a étudié notre initiative, comme la loi le prévoit, et s’est,
sans surprise, prononcé contre celle-ci, de par sa majorité de droite et
d’extrême-droite (PLR, PDC, UDC, MCG) – la gauche (EàG, PS, Verts) ayant au
contraire voté pour. Mais il a aussi décidé d’opposer un contre-projet à notre
initiative, de peur que celle-ci soit acceptée par le peuple si elle lui est
soumise seule. Difficile exercice pour des gens si viscéralement opposés à tout
ce qui ressemble à la moidre ombre du moindre soupçon de progrès social, qui
regardent avec un mépris aussi souverain ce qu’il n’osent pas publiquement
qualifier comme la vile populace des sans-dents. La commission de la santé du
Grand Conseil a malgré tout pu finalement élaborer contre-projet. Leur
contreprojet ? Inscrire dans la Constitution genevoise que « l’Etat
met en place un dispositif cantonal gratuit de prévention et de dépistage en
matière de santé buccodentaire ». Ca valait bien la peine de passer des
mois de travail parlementaire pour ça…
Rappelons quelle
est la situation actuelle en matière de santé bucco-dentaire à Genève. Selon
une étude pilotée par les HUG en 2012, une personne sur cinq renonce à se faire
soigner les dents. Cette proportion monte à une personne sur trois dans les
ménages les plus pauvres. Une corrélation forte est observée entre la capacité
financière des ménages et la santé dentaire en l’absence d’une prise en charge
des soins par une assurance. Dans ces circonstances, le dit contre-projet aurait
au mieux tenu de la plaisanterie. Est-il besoin de rappeler que le brossage de
dents n’est pas un vaccin contre la carie ? La prévention est certes
indispensable – du reste notre initiative la prévoit explicitement – mais ne
saurait remplacer la nécessité des soins lorsqu’ils se révèlent nécessaires, ni
ne peut raisonnablement servir de prétexte pour éluder le problème urgent du
remboursement des soins dentaires, hors de prix pour une très large partie de
la population.
Mais même cela,
c’était trop pour la majorité de droite et d’extrême-droite du plénum du Grand
Conseil, qui a rejeté le contre-projet élaboré par la commission de la santé,
ce qui implique que notre initative sera soumise au peuple telle quelle, sans
contre-projet.
Cela signifie
également que notre initiative sera soumise très bientôt au suffrage populaire,
peut-être même cette année encore.
Nous sommes
prêts à cette échéance, et y ferons face avec détermination. Ne serait-ce que
parce que notre initiative répond à une nécessité criante. Au problème, très
grave, de l’accès de toutes et tous aux soins bucco-dentaires l’assurance
publique et obligatoire, financée par des cotisations paritaires en fonction du
revenu, pour le remboursement des soins dentaires, tel que la prévoie notre
initiative constitue une solution incontournable ; solution du reste
massivement plébescitée par les plus de 18’000 Genevoises et Genevois qui ont
signé notre texte avec enthousiasme.
Le rejet, à une
majorité qui n’était pourtant pas écrasante, de l’initiative qui a inspiré la
nôtre dans le canton de Vaud constitue certes un douloureux échec. Par leurs
millions et leurs mensonges éhontés, la droite vaudoise et le lobby des
dentistes ont su faire prévaloir leurs intérêts bassement égoïstes et leur
mépris des classes populaires sur une indispensable revendication de justice
sociale. Mais à Genève la cause n’est pas pour autant perdue, et nous croyons
que la cause du peuple peut l’emporter sur celle de quelques privilégiés, qui
semblent, paraît-il, avoir plus en commun avec les princes des pétromonarchies
qu’avec la majorité de leurs concitoyens.
Aussi, nous partons confiants pour la campagne de votations, et
appelons la population à soutenir clairement notre initiative.
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