« L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de la lutte des classes ». L’incipit du Manifeste du Parti communiste est bien connu. On n’en tire pas toujours toutes les conséquences : dès la désagrégation de la commune primitive et la division de la société en classes, la lutte de classes est une dynamique structurante et fondamentale de toute société. Mais si cette dimension est évidente pour l’époque moderne, plus on recule loin dans l’histoire, moins il devient simple d’étudier l’histoire sous cet angle.
C’est que, pour l’étude du passé nous avons un biais difficile à surmonter : jusqu’à une époque récente, les classes dominantes possédaient le monopole des moyens de diffusion idéologiques, en particulier de l’expression écrite. Si bien que toutes les sources écrites ou presque dont nous disposons émanent de l’élite, et reflètent son seul point de vue. Mais cela ne constitue qu’une connaissance partielle et partiale de l’histoire. L’historien et théoricien du libéralisme Alexis de Tocqueville s’était déjà rendu compte de ce biais de perspective :
Nous croyons très bien connaître la société française de ce temps-là [XVIIIème siècle, ndlr.], parce que nous voyons clairement ce qui brillait à sa surface, que nous possédons jusque dans les détails l’histoire des personnages les plus célèbres qui y ont vécu, et que des critiques ingénieuses ou éloquentes ont achevé de nous rendre familières les œuvres des grands écrivains qui l’ont illustrée. Mais quant à la manière dont se conduisaient les affaires, à la pratique vraie des institutions, à la position exacte des classes vis-à-vis les unes des autres, à la condition et aux sentiments de celles qui ne se faisaient encore ni entendre ni voir, au fond même des opinions et des mœurs, nous n’en avons que des idées confuses et souvent fautives.
(Alexis de Tocqueville, L’Ancien Régime et la Révolution)
Ce qui est vrai pour le XVIIIème siècle l’est a fortiori pour des temps plus reculés. Nous connaissons les affrontements de classes qui ont ébranlé la République romaine – de la révolte de Spartacus aux nombreuses luttes de la plèbe – mais tous les historiens qui les racontent sont des patriciens. Ce que les plébéiens et les esclaves révoltés eux-mêmes pensaient, ce pour quoi ils luttaient, les changements auxquels ils aspiraient, nous ne le savons guère. Leur vision de l’histoire n’a jamais été mise par écrit. De ce récit unilatéralement patricien vient la mauvaise réputation de la plèbe romaine, persistante jusqu’à une époque récente…
Il est toutefois possible de faire parler les sources dont nous disposons. Encore faut-il le souhaiter. Les historiens qui ne sont pas marxistes ne s’intéressent pas forcément à cet aspect. On découvre alors des sociétés moins « archaïques » qu’on ne pourrait le penser, régies par des dynamiques complexes, et où les classes subalternes luttaient – et ce dès les tout premiers temps de la division de la société en classes – pour secouer le joug de l’oppression de classe, et pouvaient combattre pour leur émancipation, avec des idéaux révolutionnaires, et parfois remporter quelques succès, fussent-ils éphémères.
La Première période intermédiaire de l’ancienne Égypte, première révolution populaire connue
La représentation commune de l’ancienne Égypte est à peu près le contraire de celle d’une société dont le développement fût structuré par ses contradictions internes et l’affrontement entre classes rivales. L’Égypte antique semble plutôt, prima facie, une société quasi-immobile, à la stabilité pratiquement anhistorique ; structurée en castes certes, mais d’une structuration statique plutôt que conflictuelle. Les lettrés issus de l’élite égyptienne ont sans doute aimé présenter ce visage idéalisé là de leur pays. Mais si on y regarde de plus près, la réalité est un peu plus complexe.
Unifiée autour de l’an 3'000 avant notre ère, l’Égypte connut alors l’émergence d’une des premières grandes civilisations de l’histoire. Mais cette époque glorieuse – la Période Thinite, suivie de l’Ancien Empire – fut non seulement celle du progrès des arts et des lettres, mais également celle d’un développement continu d’un État monarchique extrêmement centralisé, avec une bureaucratie de plus en plus complexe et tentaculaire. C’est à cette époque que furent édifiées les grandes pyramides.
Si ce pouvoir monarchique se justifiait par son rôle d’administrateur d’un système d’irrigation centralisé, sans lequel les rendements agricoles ne pourraient plus être assuré, il concentrait aussi de plus en plus la richesse entre les mains de l’élite dirigeante. Car l’Égypte de ce temps était naturellement une société divisée en classes. La famille royale et l’aristocratie (dont les privilèges venaient de ses fonctions au sein de l’État) au sommet, les scribes (indispensables au fonctionnement de la machine étatique) juste en-dessous, les classes moyennes de villes (sorte de pro-bourgeoisie commerçante) et les artisans spécialisés…et la grande majorité des paysans, soumis à la corvée et à l’impôt en nature pour soutenir toute cette superstructure.
Or, les privilèges sans cesse croissants de l’élite, et les dépenses improductives démesurées (sens tout à fait juste de l’adjectif « pharaonique ») – usage immodéré de métaux précieux, de pierres précieuses, de bois (importé), grandes pyramides, tombeaux en pierre pour les dignitaires – n’étaient possibles que par une exploitation de plus en plus lourde de la masse des paysans. En outre, ces dépenses improductives ne pouvaient qu’étouffer le potentiel de progrès économique et de développement des techniques (l’Égypte n’avait pratiquement pas fait de progrès sur ce plan depuis son unification).
Le fait est que, vers l’an -2'200, l’Ancien Empire s’effondre, le pouvoir central disparaît de facto, et s’ouvre le temps de troubles appelé la Première période intermédiaire. Les circonstances exactes de cet effondrement son assez mal connues. Parmi les causes possibles on cite généralement une lutte de succession après le trop long règne du dernier pharaon de l’Ancien Empire, Pépy II (94 ans), la montée en puissance des nomarques, les gouverneurs provinciaux, qui auraient fini par s’émanciper du pouvoir central, ainsi que des années de sécheresse, qui ont causé une famine (événement climatique semble-t-il bien attesté). Il y a sans doute du vrai dans toutes ces explications, mais l’essentiel est ailleurs. Cet effondrement devait survenir, tôt ou tard, car le tribut prélevé par les classes dirigeantes et leur superstructure étatique était devenu trop lourd, insoutenable pour la société. Ce qui était normalement insoutenable devenait totalement intolérable en cas de mauvaises récoltes. Et, à la mort de Pépy II, la monarchie fut renversée par une révolution des classes subalternes.
Le plus ancien des écrits contre-révolutionnaires
Sur cette révolution, nous n’avons pas de sources historiques précises, encore moins de témoignages des révolutionnaires eux-mêmes. Mais elle est attestée du moins par des textes littéraires. La source la plus remarquable est la lamentation d’Ipou-Our, officier du trésor royal, conservée dans un unique manuscrit, datant du Nouvel Empire, mais qui est, semble-t-il, la copie d’un texte contemporain des faits qu’il décrit. Nous vous présentons sans tarder, à défaut d’un écrit révolutionnaire de l’antiquité, le plus ancien (à notre connaissance) texte contre-révolutionnaire conservé :
Voyez donc, le visage est blême, ce qu’avaient prédit les ancêtres est atteint ; le pays est affligé de bandes de voleurs, et l’homme doit aller labourer avec un bouclier.
Voyez donc, le visage est blême et l’archer est en armes, car le crime est partout ; l’homme d’hier n’existe plus…
Voyez donc, le Nil frappe ses rives, et pourtant on ne laboure plus ; chacun dit : “Nous ne savons pas ce qui est arrivé à travers le pays. “
Voyez donc, les femmes sont stériles, car on ne conçoit plus ; et Khnoum ne crée plus à cause de l’état du pays.
Voyez donc, les hommes démunis sont devenus propriétaires de richesses et celui qui ne pouvait faire pour lui-même une paire de sandales en possède des monceaux…
Voyez donc, beaucoup de morts sont jetés au fleuve ; le flot est une tombe, et la Place Pure est maintenant dans le flot.
Voyez donc, les riches se lamentent, les miséreux dans la joie, et chaque ville dit : “laissez-nous chasser les puissants de chez nous…“
Voyez donc, le pays tourne comme le tour du potier ; le voleur possède des richesses…
Voyez donc, les hommes sont moins nombreux ; et celui qui met en terre son frère, on le rencontre en tout lieu.
Voyez donc, on ne reconnaît plus le fils de l’homme bien-né, car l’enfant de la maîtresse est maintenant l’enfant de la servante.
Voyez donc, le désert se répand dans le pays, les nomes sont saccagés et des Asiatiques sont venus en Égypte…
Voyez donc, l’or et le lapis-lazuli, l’argent et la turquoise, la cornaline et le bronze, la pierre de Nubie entourent le cou des servantes, tandis que les nobles dames errent à travers le pays et que les maîtresses de maison d’autrefois disent : “Ah ! puissions-nous avoir quelque chose à manger. “
Voyez donc, ces dames nobles, leurs corps souffrent des guenilles qu’elles portent, et leurs cœurs sont affligés quand on les salue… On ne navigue plus vers Byblos… L’or manque, les matériaux pour tous les travaux également ; ce qui appartenait au palais royal Vie-Force-Santé est pillé. Aussi est-ce chose d’importance quand les gens des Oasis viennent, chargés de leurs offrandes, de leurs nattes, leurs peaux, leurs plantes fraîches, leurs boissons et leurs volailles…
Voyez donc, les citoyens d’autrefois sont maintenant penchés au-dessus de la pierre à moudre le grain, ceux qui étaient vêtus du lin le plus fin sont battus avec. Mais ceux qui n’avaient jamais vu la lumière sortent. Celles qui étaient sur le lit de leurs nobles époux, on répète à leur encontre : “Qu’elles passent maintenant la nuit sur une planche ! “ Si l’une dit “La planche chargée de myrrhe est trop pesante pour moi“, alors on la chargera de jarres pleines. Elles ne connaîtront plus le palanquin, et leur sommelier a disparu. Il n’y a pas de remède à cela. Désormais les nobles dames d’antan souffriront comme autrefois souffraient les servantes…
Voyez donc, on court et on se bat pour s’approvisionner…
Voyez donc, le cœur des animaux pleure aussi, et les troupeaux sont plongés dans les lamentations à cause de l’état du pays…
Voyez donc, la puissance étant assurée à tous, l’homme frappe son frère né de sa mère. Mais qu’arrive-t-il ? dit-on…
Voyez, en vérité, une chose a été faite qui n’était pas arrivée auparavant ; on est tombé assez bas pour que des misérables enlèvent le roi.
Voyez, en vérité, celui qui avait été enterré en Faucon divin est maintenant sur une civière, et la pyramide est désormais vide.
Voyez, en vérité, on est tombé assez bas pour que le pays ait été dépouillé de la royauté par un petit nombre de gens sans raison.
Voyez, en vérité, on est tombé assez bas pour se rebeller contre l’uroeus qui avait pacifié les Deux Terres…
Voyez, l’homme riche d’autrefois dort assoiffé maintenant ; mais celui qui auparavant mendiait pour de la lie, a désormais de la bière à profusion.
Voyez, ceux qui autrefois possédaient des vêtements de lin sont désormais en guenilles ; celui qui ne pouvait tisser pour lui-même est propriétaire du lin le plus fin.
Voyez, celui qui n’avait jamais fabriqué pour lui un bateau, maintenant en possède ; leur ancien possesseur les regarde, ils ne sont plus à lui.
Voyez, qui n’avait pas d’ombre, désormais en dispose ; ceux qui en avaient autrefois sont jetés dans la tempête…
Voyez, aucune fonction n’est plus à sa place, tel un troupeau qui s’égare sans son berger.
(traduction in : Claire Lalouette, Au royaume d’Égypte, Le temps des rois-dieux, Flammarion, 1995, pp. 156-158)
L’historienne Claire Lalouette, du premier volume de l’Histoire de la civilisation pharaonique de laquelle nous tirons le texte que nous avons reproduit ci-dessus, a comme principal défaut méthodologique, à notre sens, de s’identifier pour ainsi dire sans réserve au point de vue des auteurs issus de l’élite égyptienne, qui sont son objet d’étude. Avec des résultats parfois cocasses. Comme de présenter comme une sagesse « humaniste » et « éternelle » ce qui est d’une façon flagrante une idéologie de classe (des conseils dont le sens principal est de savoir rester à sa place dans une société hiérarchisée). Ou comme de décrire comme un plaisir simple et champêtre le petit spectacle organisé par le pharaon Snéfrou pour se divertir : un défilé de barques, toute en bois importé, piloté par de jeunes et jolies servantes, portant des bijoux en pierres précieuses, avec des rames plaquées or, ce sur un lac artificiel…
Aussi, elle adopte le même point de vue qu’Ipou-Our, et décrit la révolution survenue à la mort de Pépy II comme une catastrophe, une pure destruction nihiliste de l’ordre social, la rupture du cadre rassurant de l’État pharaonique (était-il en vérité si rassurant pour les paysans écrasés d’impôts ?), et comme un véritable chaos moral. Elle cite le texte d’un autre auteur de ce temps-là, en proie au désespoir, et songeant au suicide comme seule échappatoire aux malheurs du temps. Sans doute des lettrés appartenant à l’élite ont-ils vécu les choses ainsi. Ipou-Our, rappelons-le, était officier du trésor royal. De son point de vue, la fin de son ordre social, de la monarchie qu’il servait, était presque équivalente à la fin du monde. Mais, si on veut étudier l’histoire du point de vue de la lutte des classes et des classes subalternes (perspective qui n’est pas celle de Claire Lalouette), on peut apprendre beaucoup plus de sa lamentation.
Une lecture littérale de poème permet de conclure avec une certitude raisonnable un certain nombre de choses sur les troubles sociaux survenus aux débuts de la Première période intermédiaire. Le fait est que la lamentation d’Ipou-Our est si remarquablement évocatrice de la prose contre-révolutionnaire de l’époque moderne – de royalistes de France jusqu’à l’émigration russe blanche – qu’on peut en déduire beaucoup, « en négatif », sur la révolution qu’il déplore.
L’Ancien Empire fut renversé par une révolution conduite par des classes subalternes. Les passages « on est tombé assez bas pour que le pays ait été dépouillé de la royauté par un petit nombre de gens sans raison », et « les riches se lamentent, les miséreux dans la dans la joie, et chaque ville dit : “laissez-nous chasser les puissants de chez nous… » ne permettent guère une autre interprétation. Il semble que cette révolution fut conduite par les habitants des villes, et ait eu parmi ses objectifs une autonomie locale. Mais cette révolution n’aboutit pas à une société égalitaire, si tant est qu’elle ait jamais eu un tel but. Les anciens possédants, l’aristocratie liée au pouvoir royal, furent expropriés, pour être remplacés par de nouveaux riches. Une proto révolution bourgeoise ? Malheureusement, nous n’en savons pas assez sur les rapports de forces entre classes à cette période, ni sur la structure de classe des pouvoirs révolutionnaires qui ont provisoirement émergé à la chute de l’Ancien Empire, et Ipou-Our se lamente, et n’analyse pas…
C’est ce renversement des hiérarchies traditionnelles qui scandalise d’ailleurs par-dessus tout Ipou-Our. Écrivant à une époque où les classes possédantes avaient le monopole de la parole écrite, il peut se permettre une franchise que les réactionnaires de l’ère moderne atténueront avec des mots choisis : que la maîtresse de maison souffre comme souffrait la servante, c’est un scandale ; que la servante avait souffert, c’est dans l’ordre des choses.
Ipou-Our parle d’une montée de l’insécurité, ce qui est logique pour une période de troubles civils. Peut-on pour autant en inférer qu’il s’est créé une situation de guerre de tous contre tous, à la Hobbes, comme sa lamentation l’affirme ? On peut en douter, tant c’est un invariant de la pensée réactionnaire à travers les âges de présenter la fin de son ordre social, comme la fin de l’ordre tout court, comme le chaos pur et simple ; déniant par principe aux révolutionnaires la capacité de fonder un ordre alternatif. On sait bien que ce n’est pas le cas…
Qu’un frère son retourne contre son frère, c’est le drame si souvent déploré de toutes les guerres civiles. Les invasions étrangères sont également attestées durant cette période. Que les animaux même se lamentent de l’état de la société, c’est là par contre un topos de la rhétorique contre-révolutionnaire, qui élève trop volontiers l’effondrement de son ordre social au rang de catastrophe cosmique.
S’agissait-il pour autant d’une catastrophe absolue, telle que la dépeint Ipou-Our, et comme Claire Lalouette semble le penser ? Peut-être pas. La page Wikipédia dédiée à la Première période intermédiaire dit ainsi que ce fut, malgré les apparences, une période de progrès économique. La disparition du pouvoir central rompit la concentration des richesses entre les mains d’une petite élite, et permit sa plus grande diffusion. Ce qui favorisa le développement des villes, dont certaines s’agrandirent même considérablement (ce qui confirmerait l’hypothèse d’une proto-révolution bourgeoise). L’archéologie ne confirme ni l’effondrement démographique, ni la disparition du commerce – les villes commerçantes restèrent dynamiques – dont se plaint Ipou-Our. Simplement, le commerce international n’irriguait plus le palais royal…
Ces « gens sans raison » qui renversèrent la monarchie et voulurent « chasser les riches de leur villes » auraient sans doute raconté une autre histoire qu’Ipou-Our, et, on peut le penser, auraient donné une image autrement plus positive de ces temps troublés. Quelles furent leurs motivations ? De quelles idées se réclamaient-ils ? Pour quoi luttaient-ils ? Quels idéaux ils poursuivaient ? Nous ne le saurons, hélas, probablement jamais. Leur version de l’histoire n’a sans doute jamais été mise par écrit, et a disparu dans les sables.
Toujours est-il que les révolutionnaires des débuts de la Première période intermédiaire ne parvinrent pas à incarner une alternative crédible à l’ordre antérieur des choses, puisque bientôt nous n’en entendons plus parler. Très vite, l’histoire égyptienne se résumera à une lutte entre plusieurs prétendants locaux, aspirant à rétablir la monarchie unifiée à leur profit. Ce furent finalement les nomarques de Thèbes qui remportèrent cette lutte, devenant les pharaons du Moyen Empire.
Cette « restauration » ne fut toutefois pas un retour simpliciter au statu quo ante. La révolution, bien qu’avortée, ne resta pas sans conséquences. Si les nouveaux souverains bridèrent les nomarques, ils laissèrent plus d’autonomie aux villes, et plus de liberté à la classe marchande. Les temps de crise permirent une amélioration des techniques agricoles et de l’outillage, améliorant les rendements, et rendant la superstructure étatique proportionnellement moins lourde.
La gabegie des dépenses improductive de l’Ancien Empire fut ramenée à plus de mesure. Si les pharaons du Moyen Empire se font encore bâtir des pyramides, celles-ci sont en briques séchées, seulement recouvertes d’un revêtement de pierre, et de dimensions sensiblement plus modestes que celles de leurs prédécesseurs. Ensuite, les pyramides disparaissent tout à fait.
A défaut de bâtir une nouvelle société, la révolution permit au moins à l’ancienne de progresser suffisamment pour pouvoir atteindre une stabilité et une longévité étonnante. Lorsque la formation socio-économique de l’Égypte ancienne finit par disparaître, ce ne fut pas du fait de ses contradictions internes, mais parce que cette stabilité même la rendit incapable de résister efficacement à des puissances rivales, dotées de structures sociales nouvelles, plus dynamiques et plus agressives.
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