La loi sur l’indemnisation pour pertes de revenus liée aux mesures de lutte contre le coronavirus, votée par le Grand Conseil le 25 juin 2020, visait à apporter un soutien vitalement nécessaire aux oubliés de la première vague, ces travailleurs précarisés – majoritairement des travailleuses – qui pour une raison ou une autre, passaient entre les mailles du filet social mis en place par la Confédération, et n’étaient éligibles ni au chômage partiel ni à l’assurance pour perte de gains. Principalement des travailleurs indépendants, ou qui n’ont pas cotisé suffisamment longtemps à l’assurance-chômage, ou des travailleurs dépourvus de contrat de travail stable (travail temporaire, contrats atypiques).
Pour éviter une catastrophe sociale, le Grand Conseil a voté la création d’un fond de 15 millions, destiné à indemniser les travailleurs en question. Pour pouvoir toucher 4'000,- par mois, pour la période allant du 17 mars au 16 mai – versement unique et non répétable – la condition était de séjourner à Genève depuis mars 2019, d’être en emploi sur la période concernée, de pouvoir attester d’une perte de revenu et de n’avoir touché aucune autre aide.
Si nous votons aussi tardivement sur cette loi, c’est à cause du référendum de la honte – le plus infâme jamais lancé à Genève – de l’UDC et du MCG. C’est que, même si les conditions pour toucher cette aide étaient stricte, et qu’il ne s’agissait que d’une mesure ponctuelle, elle n’était pourtant pas conditionnée à la légalité du statut de séjour. Il n’en fallait pas plus à l’extrême-droite pour hurler à la « prime au travail illégal ». Ils récoltèrent des signatures sous des slogans mensongers – prétendant faire signer « contre le travail au noir », plutôt que contre l’aide aux plus précaires – et auraient payé une entreprise pour récolter des signatures à leur place.
Voter OUI est une évidence, et une question de justice sociale. Des travailleurs qui ont subi une perte de revenu du fait de la politique sanitaire des autorités doivent pouvoir être indemnisés par ces mêmes autorités. Une indemnisation qui doit être un droit, pas de la charité. La gestion de la pandémie par les autorités a été une gestion de classe, beaucoup plus empressées qu’elles étaient de répondre aux exigences du patronat que des travailleurs. Il est temps de changer cela.
Et il n’est que normal que tous les travailleurs puissent être justement indemnisés, qu’ils aient ou pas les bons papiers. Les travailleurs qui n’ont pas de statut de séjour légal sont des travailleurs comme les autres, qui accomplissent un travail indispensable pour notre canton. La meilleure solution face au travail au noir est la légalisation. Quant à la démagogie xénophobe de l’extrême-droite, à quoi conduit-elle, si ce n’est de diviser les travailleurs entre Suisses et étrangers, entre ceux qui ont les bons papiers et ceux qui ne les ont pas, pour au final refuser une indemnisation indispensable à tout le monde, pour le seul bénéfice d’une mince couche de possédants, qui profite du travail au noir et de son exploitation ? Plus que jamais, la solidarité de classe est indispensable aux travailleurs, une solidarité de classe inconditionnelle, qui ne se laisse contaminer par aucune démagogie xénophobe.
Par son honteux référendum, l’extrême-droite aura forcé des travailleurs précarisés à attendre des mois avant de pouvoir toucher une indemnisation dont ils avaient vitalement et urgemment besoin. On parle de gens qui n’ont pas d’économies, et pour qui une perte de revenu implique de s’endetter, le risque d’être expulsé de leur logement faute de pouvoir payer leur loyer, de devoir renoncer à se soigner pour des raisons financières. La crise ouverte par la pandémie a révélé une précarité de masse en Suisse, une précarité qui n’a fait que croître. Le nombre de personnes contraintes de faire la queue pour recevoir une aide alimentaire est en hausse constante. Par son scandaleux référendum, l’extrême-droite rappelle qu’elle est le pire ennemi des travailleurs et des classes populaires, et que sa démagogie xénophobe ne vise qu’à s’attaquer à toute redistribution des richesses, même minimale, au seul bénéfice des plus riches dont ces forces défendent en pratique les intérêts. Ce n’est pas un hasard si l’UDC est le parti le plus réticent en Suisse à une politique ambitieuse face à la crise. L’essentiel serait de ne pas creuser trop la dette, quant au reste, il suffit de laisser faire le marché. Que la conséquence en soit une cascade de faillites de PME et une catastrophe sociale garantie, tant pis. A qui profiterait une telle politique, si ce n’est aux monopoles ?
Une indemnisation unique et ponctuelle n’est pas une réponse suffisante à l’urgence sociale. Elle est néanmoins indispensable. C’est pourquoi, il faut voter OUI.
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