07 février 2022

Pourquoi le débat sur les pénuries annoncées d’énergie ?

 



Depuis quelque temps, un débat agite l’espace médiatique suisse, soulevé souvent d’une façon anxiogène : la Suisse risque prochainement une pénurie d’électricité, jusqu’à plusieurs jours de black-out.

 

Jusque-là, c’est la droite qui s’est profilée sur ces enjeux. L’UDC, qui a violemment reproché à la stratégie actuelle du Conseil fédéral de n’être pas à la hauteur des besoins de sécurité énergétique du pays, s’est livré à une diatribe grotesque contre la « gauche rose-verte » qui « détruit la Suisse », et a exigé la relance du nucléaire, ainsi que l’extension de l’hydraulique. Le PLR s’est prononcé pour rouvrir le débat sur le nucléaire, et d’envisager positivement la construction de nouvelles centrales, de ne pas fermer la porte au développement de la fusion nucléaire ou de la filière du thorium – des technologies qui en sont à l’état théorique pour l’instant.

 

Pourquoi ce débat maintenant ? La Suisse ne risque pourtant pas de pénurie d’électricité à court terme. Et si l’on voulait remplacer toutes les énergies fossiles par de l’électrique, une hausse de la production d’électricité de quelques 20% suffirait. La relance du nucléaire ne saurait être une solution. Outre toutes les critiques que l’on peut adresser à cette technologie, la faisabilité politique de nouvelles centrales est égale à zéro, et cela prendrait au moins vingt ans. L’UDC et le PLR ne peuvent l’ignorer. Mais ces partis ont ainsi l’occasion de reprendre la main sur des thématiques où leurs idées étaient discréditées.

 

Mais le capitalisme bute aujourd’hui sur les limites naturelles de la planète. Pas seulement celles du climat, mais aussi sur celles des ressources naturelles, qu’il a exploitées sans songer à leur finitude. Énergies fossiles, terres arables, métaux, dont certains sont rares, et dont il faut une quantité délirante pour les nouvelles technologies, dont certaines estampillées « vertes ». En quelques décennies, il a été extrait plus de métaux que durant toute l’histoire de l’humanité. Personne de sensé ne pouvait douter qu’une telle gabegie indescriptible puisse continuer longtemps. De fait, les prix de l’énergie et des matières premières flambent, d’où l’inflation qu’on peut observer actuellement.

 

Ces problèmes, le capitalisme ne peut leur apporter de solution rationnelle et pour le bien de toutes et tous. Parce qu’il ne peut pas, par définition, se limiter, étant contraint par le seul impératif d’accumulation du capital. Parce qu’il est contraire à sa nature de répartir des biens rares de façon équitable, de ne pas les concentrer entre les mains de quelques-uns.

 

C’est un enjeu fondamental auquel il revient aux communistes que nous sommes d’apporter des solutions conformes au bien commun ; qui ne pourraient être complètement mises en place que sous le socialisme. Autrement, la droite détournera dans un sens nationaliste et technocratique une problématique qui devrait être traitée sous un angle social et écologique.

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