La liberticide, néolibérale
et antisyndicale Loi sur la police (LPol), confectionnée par le Conseiller
d’Etat Pierre Maudet, avait passé la rampe du suffrage populaire à seulement 42
voix de différence. Dans un communiqué de presse diffusé le jour même, nous
avions exprimé notre préoccupation par rapport à la dangereuse dérive
sécuritaire à laquelle cette LPol participe, et qui logiquement pourrait nous
amener à nous réveiller un matin en dictature policière de droite déclarée.
Nous avions également souligné la très faible valeur de ce résultat, étant
donné le score on ne peut plus serré, mais aussi et surtout étant donnée la
procédure de vote et de comptage des votes en vigueur à Genève et qui ne
présente aucune fiabilité. Une fois n’est pas coutume, la presse bourgeoise a
repris assez largement notre communiqué de presse. La chancellerie décida de
procéder à un recomptage des voix, bien qu’elle n’y était juridiquement pas
obligée, admettant par là implicitement que nos critiques sont tout à fait
fondées et qu’il y a véritablement un problème avec la procédure de vote à
Genève. Le recomptage a donné quelques 12 voix supplémentaire pour le oui ;
une impressionnante victoire pour Maudet, il faut reconnaître…
Au-delà même du caractère
foncièrement liberticide de la nouvelle LPol, au-delà du fait qu’elle contienne
trois articles que le Tribunal fédéral avait jugé contraires aux principes les
plus fondamentaux de l’Etat de droit (!), nous insisterons quant à nous sur un
problème peut-être bien plus grave : la procédure de vote et de comptage
de votes en vigueur à Genève et qui n’est absolument pas fiable. Rappelons en
effet que le Parti du Travail s’était opposé dans le temps à la généralisation
du vote par correspondance ainsi qu’à l’introduction du vote électronique. En
effet, si dans la plupart des pays du monde la seule façon de voter possible,
ou presque, soit dans l’isoloir, avec le bulletin de vote déposée dans une urne
scellée, où toutes les étapes du dépouillement se font en présence
d’observateurs internationaux ou nommés par les partis, ce n’est pas là une
question d’archaïsme, de survivance d’une méthode dépassée, mais bien parce que
c’est la seule façon de se prémunir contre la fraude électorale, du moins dans
un régime démocratique et sous certaines conditions.
Or ce n’est pas du tout
ainsi que les choses se passent à Genève. A peine un citoyen sur dix vote
effectivement dans l’urne, et le rôle des jurés électoraux au local de vote est
réduit à peu de choses : ni dépouillement, ni rien, juste vérifier les papiers
d’identité et empiler les enveloppes reçues par piles de 100 ou de 50. Près de
90% de ceux qui votent effectivement le font par correspondance. Admettons que
ce moyen est démocratique et fiable, même si nous nous y étions opposés
autrefois et pour de bonnes raisons. Nous pourrions encore admettre que cette
façon de faire est correcte si les enveloppes n’étaient ouvertes qu’en présence
d’observateurs nommés par les partis politiques. Mais ce n’est pas cela qui se
passe. Le dépouillement se fait certes en présence d’observateurs. Mais le
prédépouillement, soit la séparation des cartes de vote et des enveloppes
bleues, contenant le bulletin de vote, lui, se fait avant et sans observateurs.
Or cette façon de faire crée la possibilité technique d’une fraude à grande
échelle. Qui nous dit que des bulletins ne sont pas détruits parce qu’ils sont
associés à un certain nom ou viennent d’un certain quartier, pour être
remplacés par un nombre équivalent de faux bulletins ? Certes nous
n’affirmons pas que ce genre de pratique existe. Rien ne nous permet de le
penser. Mais rien ne nous prouve le contraire non plus. Et n’oublions pas non
plus l’absence totale de fiabilité que présente le vote électronique, qui ne
permet aucun contrôle a posteriori du
fait qu’il n’y ait pas eu de piratage de nature à changer les votes. Un hacker
a même prouvé empiriquement que le système utilisé par l’Etat peut être piraté
sans trop de problèmes… Genève, république bananière ? Est-il si incongru
de se poser cette question après tout ?
On pourrait nous rétorquer que
nous sommes en Suisse, pays indiscutablement démocratique, et que donc nous
devrions faire confiance à nos autorités. Nous rejetons totalement cette façon
de penser. Le simple fait que la possibilité technique de fraude existe est
inadmissible dans une démocratie, puisque après tout cette possibilité pourrait
bien finir par être utilisée, et laisse planer une suspicion légitime sur le
résultat des votes. C’est la démocratie elle-même qui est mise par là en
question. C’est pourquoi nous exigeons que soit implémentée une procédure de
vote entièrement fiable, qui garantisse dans les faits le respect de la volonté
des citoyens.
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