Chères et chers camarades,
Il y 75 ans de cela, les 14 et 15 octobre
1944 le Parti Suisse du Travail tenait son premier Congrès à Zürich, en
présence de 357 délégués, issus de 12 cantons et 36 sections, représentant près
de 10’000 membres, issus de l’ancien Parti communiste suisse (PCS), interdit en
1939, de la Fédération socialiste suisse, composée de membres de l’aile gauche
du Parti socialiste suisse (PSS), exclus du PSS, et de communistes, et qui fut
interdite peu après le PCS, mais aussi et surtout de camarades qui n’avaient
jamais milité auparavant dans un parti (les effectifs du PCS et de la FSS
d’avant la Guerre atteignaient tout au plus 4'000 personnes). Si on compte les
invités et le public qui s’était déplacé pour l’occasion, c’était plus de 1'000
personnes qui étaient présentes au Congrès. La salle était pleine à craquer. Il
faut savoir en effet quel enthousiasme a pu susciter notre Parti au sein de la
classe ouvrière à ses débuts. A Genève, ce fut un véritable parti de masse.
Dans ses toutes premières années, les dirigeants de notre Parti se faisaient en
permanence arrêter dans la rue par des travailleurs qui demandaient comment
faire pour adhérer au Parti du Travail. C’était l’acte de naissance officielle
de notre Parti. Même si cet enthousiasme initial s’expliquait par le contexte
historique de la fin de la Deuxième guerre mondial et les espoirs d’un monde
nouveau qui étaient très fort alors, et qu’il ne dura pas et que l’histoire fut
plus compliquée par la suite, c’est quelque chose qu’il ne faut pas oublier.
Notre Parti avait été créé pour apporter un
nouveau souffle au mouvement ouvrier suisse, pour rompre avec la collaboration
de classe caractéristique de la social-démocratie, pour organiser politiquement
les classes populaires, dans une optique de lutte de classe, pour lutter pour
le progrès social et démocratique, pour une nouvelle société socialiste.
Notre Parti s’inscrivait clairement dans l’héritage du
« marxisme vivant, celui de Lénine », à l’encontre du réformisme, et
appelait à briser la paix du travail, dans une optique de lutte de classe. Une
perspective qui n’a jamais cessé d’être la nôtre.
Et notre Parti avait formulé à son congrès
fondateur un programme politique immédiat, avec, en premier lieu, le
rétablissement intégral de la démocratie et la levée de toutes les mesures
répressives instaurées dans le cadre du régime des pleins pouvoirs du Conseil
fédéral, pour l’instauration d’une Assurance vieillesse (aucun système de
retraite universel n’existait avait 1947 en Suisse), pour la hausse des
salaires, pour la semaine de 40 heures de travail, pour deux à quatre semaines
au moins de congés payés, pour le droit de vote des femmes, pour l’égalité
hommes-femmes et à travail égal salaire égal, pour la nationalisation des
banques, des assurances privées, et des secteurs stratégiques de l’économie,
pour une société socialiste comme horizon. Certaines de ces mesures furent
réalisées, et n’auraient pas pu l’être sans l’engagement résolu de notre Parti.
D’autres ne l’ont jamais été, ou pas complétement. D’autres encore n’ont jamais
pu être même approchées en pratique, et demeurent des objectifs de lutte,
dignes qu’on se batte pour les faire devenir réalité.
C’est cet anniversaire que nous célébrons
lors de la 12ème édition de notre traditionnelle Fête des peuples
sans frontières, fête populaire et internationaliste, dédiée à la solidarité
internationale, aux luttes sociales et révolutionnaires de tous les peuples du
monde contre l’oppression capitaliste, pour leur autodétermination, pour la
démocratie, pour une nouvelle société socialiste.
La Fête des peuples c’est une grande fête
populaire, sur trois jours. Une fête avec des stands d’associations
progressistes issues de différents pays du monde, pour incarner matériellement
notre internationalisme, la réalisation à une échelle réduite en quelque sorte
du slogan conclusif du Manifeste du parti
communiste, auquel nous sommes toujours demeurés fidèles :
« Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! ». Une fête aussi
avec une programmation musicale variée et de qualité.
La Fête des peuples, c’est aussi une fête
politique, un espace de réflexion et de discussion au service des luttes, avec
des débats sur la grève des femmes* du 14 juin – une mobilisation sociale
impressionnante s’il en est – et des suites à y donner ; sur les médias et
l’extrême-droite ; sur les impératifs pour un nouveau mouvement
anti-impérialiste ; sur les articulation entre partis communistes et
syndicats ; sur la lutte du Rojava ; sans oublier la projection de
courts-métrages palestiniens et l’exposition sur le réalisme socialiste.
Nous célébrons les 75 ans de notre Parti pour
nous rappeler, et rappeler à toutes et tous, les combats passés de notre Parti,
le rôle irremplaçable qu’il a joué dans l’histoire de notre pays, au service
des classes populaires et du progrès social. Beaucoup de progrès sociaux qui
ont pu être obtenus dans notre pays – comme l’AVS, les congés payés et d’autres
– n’auraient jamais été possibles sans la lutte de notre Parti. Mais aussi et
surtout parce qu’il ne peut y avoir d’avenir sans passé et sans mémoire du
passé, et parce que, justement, les principes sur lesquels notre Parti fut
fondé, l’histoire du mouvement ouvrier et communiste dont il est l’héritier,
sont plus que jamais indispensables pour éclairer la voie de l’avenir, pour
tracer le chemin du changement radical que nous estimons indispensable et pour
lequel nous sommes déterminés à lutter.
Un changement radical, aussi parce que c’est
le slogan choisi par le Parti Suisse du Travail pour les prochaines élections
fédérales, parce que nous voulons proposer aux classes populaires de notre pays
un vrai choix, une vraie perspective politique. Pas une perspective de simple
aménagement du système capitaliste, d’ajustement à la marge, celle de la fausse
gauche de M. Berset, et de M. Levrat qui prétend que la RFFA serait une grande
victoire pour le progrès social…Nous, nous voulons au contraire apporter une
perspective d’un véritable changement radical, celui d’une nouvelle société
socialiste.
Parce qu’il ne produit de la richesse (pour
certains) qu’au prix de l’oppression et de la misère (pour beaucoup d’autres),
et qu’il ne peut faire autrement ; parce que jamais des richesses aussi
colossales n’ont été concentrées au aussi peu de mains dans toute l’histoire de
l’humanité ; parce que, au stade de l’impérialisme, les grandes puissances
capitalistes ne peuvent maintenir les positions de leurs monopoles que par le
néocolonialisme et la guerre ; parce que, à travers le saccage de notre
environnement au service exclusif des profits maximum d’une toute petite
minorité, il menace à court terme la survie même de notre espèce, le système
capitaliste est aujourd’hui devenu intolérable, et doit d’urgence être dépassé.
La seule alternative au capitalisme est le socialisme. C’est la perspective
pour laquelle notre Parti s’est toujours battu – et il est le seul à l’avoir
clairement fait parmi les partis politiques suisses – et c’est l’avenir pour
lequel il continue à lutter aujourd’hui.
Je vous souhaite, chères et chers camarades,
une belle 12ème Fête des peuples sans frontières !
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