Les
votations populaires du 24 novembre 2019 ont parlé. Sur presque tous les sujets
le peuple s’est prononcé dans le même sens que celui préconisé par le Parti du
Travail. Dans la majorité des cas, à une majorité très étroite. Nous pouvons
penser en tout cas que le fait que la plupart des objets n’ont été tranchés
qu’à une majorité serrée reflète la difficulté de la question qui s’est posée.
Car,
à travers les objets des votations sur l’aéroport, les changements de limites
de zone au Petit-Saconnex et au Grand-Saconnex, ainsi que sur la limitation
drastique des produits phytosanitaires, c’est une même question que le peuple a
été appelé à se poser : le développement, conçu en termes de croissance,
peut-il se poursuivre, ou bien doit-il être maîtrisé, arrêté peut-être, voire
partiellement inversé.
La
réponse de la droite libérale était univoque : la croissance est une
nécessité, une fatalité économique ; il serait illusoire de vouloir la
contenir. Celle de l’extrême-droite était, comme d’habitude, démagogique et
contradictoire. Celle du PS était en partie ambiguë, et influencée par la
vision libérale quant au fond. La réponse du Parti du Travail était
claire : le développement frénétique actuel conduit dans une impasse et ne
peut continuer ainsi.
Pour
reprendre le propos de l’économiste et philosophe étatsunien Kenneth E.
Boulding, devenu depuis un adage : « Celui qui croit qu’une croissance infinie est
possible dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste »
(néoclassique), ou bien un capitaliste (dont les privilèges dépendent de cette
croissance infinie, qu’elles qu’en puissent être les conséquences), ou encore
un politicien de droite, au service de ce dernier.
Il
faut aujourd’hui être fou, ou en tout cas obnubilé par ses intérêts de classe
immédiats jusqu’à l’aveuglement, pour continuer à croire que la poursuite de la
croissance économique est possible, qui plus est souhaitable. Il y a quelques
jours le rapport annuel du Programme des Nations-Unies sur l’environnement a
rappelé l’urgence absolue de la situation. D’après le PNUE chaque minute de
perdu peut désormais avoir des conséquences catastrophiques.
Les
températures ont d’ores et déjà augmenté de 1°C par rapport à l’ère préindustrielle,
et les conséquences en sont visibles, et dévastatrices. Si l’on veut réussir à
limiter la hausse des températures à 1,5°C, il faudrait réduire les émissions
anthropiques de gaz à effet de serre de 55% d’ici à 2030. Tout retard après
2020 rendrait rapidement cet objectif inatteignable. Il faudrait tout de même
réduire les émissions de 2,7% par an si on veut au moins réussir à ne pas
dépasser 2°C de hausse. Le problème étant que les émissions continuent
régulièrement à croître, et, au rythme actuel de l’inaction des pouvoirs
politiques et de la soif de profit sans fin des entreprises, cela est bien
parti pour continuer. Ce qui impliquerait une hausse des températures jusqu’à
3,9°C d’ici la fin du siècle, ouvrant la porte à des boucles de rétroaction
incontrôlables, et rendant au final la planète inhabitable, ou peu s’en faut.
Par
son soutien à un développement sans frein de l’aéroport, au bétonnage des
terres agricoles, à la construction de nouveau bureaux, venant s’ajouter aux km2
de bureaux vides sur Genève, et destinés à attirer des multinationales
supplémentaires de la finance et du trading, qui vont ensuite investir dans les
énergies fossiles, en densifiant « à la tronçonneuse », la droite
genevoise contribue à sa mesure au problème.
Ce
« développement » là est délétère et il faut lui mettre un terme.
Construire du logement est indispensable, mais de façon intelligente,
respectueuse des espaces verts et de la zone agricole. Pas en bétonnant à tout
va. Aussi en construisant des logements à prix abordables, pas de la PPE, ni des
bureaux. Certes, le capitalisme ne peut exister sans croissance infinie. C’est
pourquoi il doit céder sa place au socialisme. C’est une question de survie
pour notre espèce désormais.
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