Nous sommes réunis ici
devant le monument à la mémoire des Brigadistes, ces héros qui se sont battus
aux côtés de la République espagnole et contre le fasciste, contre la réaction,
pour la démocratie, pour la justice sociale, pour le socialisme, et souvent ont
donné leur vie pour cette cause. Ils resteront à jamais un exemple vivant
d’internationalisme et une source d’inspiration pour nous. A leur retour, ils
furent persécutés par la Confédération. En se retranchant derrière la
« neutralité », la Suisse officielle cachait mal le fait
qu’objectivement elle était du côté de Franco.
Le symbole même qu’incarne
ce monument nous force aujourd’hui à penser à un autre 1er mai,
ailleurs sur la planète. En Ukraine, le pouvoir en place a interdit la
célébration du 1er mai. Nos camarades du Parti communiste d’Ukraine
se voient menacés par les milices néonazies d’être tabassés, peut-être à mort,
si jamais ils osent manifester malgré tout, ce qu’ils se sont engagés de faire.
Ce pays, qui bénéficie d’une soutient sans faille de l’Occident au nom
d’intérêts géopolitiques, interdit désormais les symboles communistes, prévoit
d’interdire le Parti communiste, mène une guerre contre son propre peuple,
persécute ceux qui luttent pour les droits des travailleurs, réhabilite ceux
qui durant la Deuxième Guerre mondiale ont pris fait et cause pour Hitler et
ont participé avec un zèle tout particulier à ses crimes, permet aux néonazis
de porter les armes et de semer la terreur et leur donne des postes de haut
rang dans les ministères. Comme les Brigadistes naguère, les communistes
ukrainiens ont besoin aujourd’hui de notre solidarité.
Mais il n’est à vrai dire
pas étonnant que le gouvernement fascisant ukrainien à la solde des oligarques
haïsse tout ce que représente le 1er mai. Car qu’est que le 1er
mai ? Il y a un peu plus d’un siècle, en 1913, Rosa Luxemburg le
définissait ainsi : « L'idée brillante, à la
base du Premier mai, est celle d'un mouvement autonome, immédiat des masses
prolétariennes, une action politique de masse de millions de travailleurs qui
autrement auraient été atomisées par les barrières des affaires parlementaires
quotidiennes, qui n'auraient pour l'essentiel pu exprimer leur volonté que par
le bulletin de vote, l'élection de leurs représentants ». Cette
formule reste entièrement juste aujourd’hui et rappelle opportunément ce qu’est
le 1er mai : une journée d’unité et de lutte, un rappel utile
au pays de la « paix du travail » où le 1er mai a trop
souvent tendance à s’institutionnaliser, à devenir un rite parmi d’autres, et à
perdre quelque peu par là son tranchant révolutionnaire, que pourtant nous ne
devons jamais laisser s’émousser.
Ce tranchant révolutionnaire
et de lutte de classe, nous devons moins que jamais laisser s’émousser, puisque
nos adversaires, eux, sont à l’offensive et essaient de nous imposer une
politique de régression sur toute la ligne. Le patronat mène une politique
agressive, sans aucun égard à un quelconque « partenariat social »,
d’attaque contre tous les droits des travailleurs, pour la baisse des salaires,
l’extension des horaires de travail, la flexibilisations à outrance. La droite
suisse et genevoise conduit un véritable démantèlement social, de destruction
du très peu de protection sociale qui existe en Suisse et qui a été obtenue en
des décennies de luttes. Je pense tout particulièrement au « Paquet
Berset » et à la véritable casse des retraites que ce conseiller fédéral
prétendument « socialiste » essaye d’imposer…qui ne sera que la
prémisse d’un démantèlement encore plus brutal et d’ores et déjà prévu par la
droite. La droite genevoise, sous prétexte d’une dette publique qu’elle a
elle-même sciemment créée, met en place une politique d’austérité drastique, de
destruction de services publiques absolument indispensables, le tout pour le
seul bénéfice d’une toute petite poignée de privilégiés.
Nous devons
combattre cette régression organisée dans l’unité et la détermination. Mais la
radicalité même, la violence des attaques de nos adversaires de classe doit
nous rappeler la nécessaire radicalité de notre lutte à nous et sa finalité.
Qu’il soit néolibéral ou régulé, le capitalisme restera le capitalisme, un
système nécessairement fondé sur l’exploitation de l’homme par l’homme. Jamais
il ne sera social. Jamais des demi-mesures ne sauront suffire. Ainsi que
l’avait dit Rosa Luxemburg : « Or le but final du socialisme est
le seul élément décisif distinguant le mouvement socialiste de la démocratie
bourgeoise et du radicalisme bourgeois, le seul élément qui, plutôt que de
donner au mouvement ouvrier la vaine tâche de replâtrer le régime capitaliste
pour le sauver, en fait une lutte de classe contre ce régime, pour l’abolition de
ce régime ». Tel était, tel doit demeurer le sens du 1er mai.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire