07 mai 2015

Elections municipales, bilan globalement négatif

Il faut le reconnaître, le bilan des dernières élections municipales est globalement calamiteux et envoie des signaux globalement négatifs d’un point de vue politique. Pour le rappeler très brièvement, Ensemble à Gauche perd deux sièges en Villes de Genève, pour en garder dix (ce qui annule la légère mais significative remontée d’il y a quatre ans). Aucune liste à la gauche du PS n’obtient le quorum sur aucune autre commune, ni même ne s’en approche. Notre camarade Hélène Ecuyer, brillamment réélue au Conseil municipal, sera à ce jour la seule élue du Parti du Travail. Pour le reste, le PS et le PDC sont les grands gagnants du scrutin, le PLR progresse, les Verts se maintiennent, le MCG stagne mais pourrait perdre – et on fera tout pour qu’il en soit ainsi – tous ses magistrats communaux, l’UDC s’effondre, et les autres partis n’arrivent pas à émerger. L’on pourrait presque s’accorder un satisfecit pour le fait que pour la première fois depuis longtemps l’extrême-droite recule, s’il n’y avait le fait qu’elle le fait au profit des partis du « centre », vote non-contestataire par excellence, conservateur, favorable au maintien de l’ordre établi et réfractaire à toute rupture.

Il y a certes des causes, des explications à donner à ce résultat. En commençant par le plus trivial, le plus conjoncturel d’abord : la campagne d’Ensemble à Gauche. Faire le choix d’un ticket séparé pour le premier tour de l’élections du Conseil administratif, pour passer ensuite une alliance avec le PS et les Verts au deuxième, était certainement une erreur tactique, que le Parti du Travail avait dénoncée d’emblée comme telle, un choix illisible pour l’électeur, porteur de confusion, et qui n’a visiblement pas contribué à « tirer » la liste au Conseil municipal. La campagne elle-même, mais tout le monde s’en est rendu compte, ne s’est pas vraiment faite dans les meilleures conditions, et certaines fuites dans les médias bourgeois et polémiques publiques qui auraient dû rester internes n’ont en tout cas pas aidé. Il y a là sans doute des leçons à tirer à l’interne.

Mais on en resterait à la surface des choses avec ce genre de considérations, car il y a des causes bien plus structurelles à cette défaite. Les scores calamiteux dans les communes suburbaines, s’ils sont décevants, ne sont pourtant pas très surprenants si l’on considère que toutes ces listes comptaient seulement entre deux et quatre candidatures chacune, et même de telles listes réduites il n’y en avait que dans trop peu de communes. Cela ne prouve malheureusement que trop l’affaiblissement dramatique du Parti du Travail dans ces communes populaires qui naguère furent ses bastions, la survie aléatoire des sections locales qui subsistent, et l’incapacité de toutes les autres composantes d’Ensemble à Gauche de pallier cette absence, la faiblesse réelle de leur présence politique dans les communes autres que la Ville de Genève. Le résultat de ces élections constitue aussi, il ne faut pas le cacher, un échec politique, et pointe les limites intrinsèques à une coalition telle qu’Ensemble à Gauche, union de forces tout à fait disparates face au quorum de 7%, véritable plafond de verre profondément anti-démocratique avec pour seul objectif de conserver ad aeternam les privilèges acquis des partis en place et qu’il faut supprimer, ou du moins drastiquement abaisser d’urgence. Cette alliance purement électorale, absolument indispensable et inévitable tant qu’existe ce quorum, ne constitue pas pour autant une véritable convergence politique autour d’une lutte commune. La lisibilité du discours s’en trouve diluée par des divergences stratégiques et doctrinales par ailleurs profondes. Il est clair en tout cas qu’aucune union de toute la gauche, fût-elle radicale, ne saura jamais remplacer le Parti du Travail dans son rôle unique et irremplaçable au service de la lutte de classe des classes populaires pour leur émancipation, pour le socialisme.


Dans l’immédiat, il importe de voter et de faire voter pour la liste de l’Alternative au second tour de l’élection du Conseil administratif de la Ville de Genève, et tout particulièrement pour Rémy Pagani, magistrat sortant qui a su porter nos couleurs et notre combat politique dans ses fonctions, et n’a pas hésité à briser le tabou de la collégialité pour cela à chaque fois que c’était nécessaire. Mais la tâche principale que nous devons relever est la reconstruction d’un grand Parti du Travail, qui seul peut conduire jusqu’au bout la lutte pour les intérêts et aspirations légitimes des classes populaires, contre l’oppression capitaliste, pour le socialisme, car personne ne pourra jamais nous remplacer dans ce rôle historique.

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