Il faut le reconnaître, le
bilan des dernières élections municipales est globalement calamiteux et envoie
des signaux globalement négatifs d’un point de vue politique. Pour le rappeler
très brièvement, Ensemble à Gauche perd deux sièges en Villes de Genève, pour
en garder dix (ce qui annule la légère mais significative remontée d’il y a
quatre ans). Aucune liste à la gauche du PS n’obtient le quorum sur aucune
autre commune, ni même ne s’en approche. Notre camarade Hélène Ecuyer, brillamment réélue au Conseil municipal, sera à ce
jour la seule élue du Parti du Travail. Pour le reste, le PS et le PDC sont les
grands gagnants du scrutin, le PLR progresse, les Verts se maintiennent, le MCG
stagne mais pourrait perdre – et on fera tout pour qu’il en soit ainsi – tous
ses magistrats communaux, l’UDC s’effondre, et les autres partis n’arrivent pas
à émerger. L’on pourrait presque s’accorder un satisfecit pour le fait que pour la première fois depuis longtemps
l’extrême-droite recule, s’il n’y avait le fait qu’elle le fait au profit des
partis du « centre », vote non-contestataire par excellence,
conservateur, favorable au maintien de l’ordre établi et réfractaire à toute
rupture.
Il y a certes des causes,
des explications à donner à ce résultat. En commençant par le plus trivial, le
plus conjoncturel d’abord : la campagne d’Ensemble à Gauche. Faire le
choix d’un ticket séparé pour le premier tour de l’élections du Conseil
administratif, pour passer ensuite une alliance avec le PS et les Verts au
deuxième, était certainement une erreur tactique, que le Parti du Travail avait
dénoncée d’emblée comme telle, un choix illisible pour l’électeur, porteur de
confusion, et qui n’a visiblement pas contribué à « tirer » la liste
au Conseil municipal. La campagne elle-même, mais tout le monde s’en est rendu
compte, ne s’est pas vraiment faite dans les meilleures conditions, et
certaines fuites dans les médias bourgeois et polémiques publiques qui auraient
dû rester internes n’ont en tout cas pas aidé. Il y a là sans doute des leçons
à tirer à l’interne.
Mais on en resterait à la
surface des choses avec ce genre de considérations, car il y a des causes bien
plus structurelles à cette défaite. Les scores calamiteux dans les communes
suburbaines, s’ils sont décevants, ne sont pourtant pas très surprenants si
l’on considère que toutes ces listes comptaient seulement entre deux et quatre
candidatures chacune, et même de telles listes réduites il n’y en avait que
dans trop peu de communes. Cela ne prouve malheureusement que trop
l’affaiblissement dramatique du Parti du Travail dans ces communes populaires
qui naguère furent ses bastions, la survie aléatoire des sections locales qui
subsistent, et l’incapacité de toutes les autres composantes d’Ensemble à
Gauche de pallier cette absence, la faiblesse réelle de leur présence politique
dans les communes autres que la Ville de Genève. Le résultat de ces élections
constitue aussi, il ne faut pas le cacher, un échec politique, et pointe les
limites intrinsèques à une coalition telle qu’Ensemble à Gauche, union de
forces tout à fait disparates face au quorum de 7%, véritable plafond de verre
profondément anti-démocratique avec pour seul objectif de conserver ad aeternam les privilèges acquis des
partis en place et qu’il faut supprimer, ou du moins drastiquement abaisser
d’urgence. Cette alliance purement électorale, absolument indispensable et
inévitable tant qu’existe ce quorum, ne constitue pas pour autant une véritable
convergence politique autour d’une lutte commune. La lisibilité du discours
s’en trouve diluée par des divergences stratégiques et doctrinales par ailleurs
profondes. Il est clair en tout cas qu’aucune union de toute la gauche,
fût-elle radicale, ne saura jamais remplacer le Parti du Travail dans son rôle
unique et irremplaçable au service de la lutte de classe des classes populaires
pour leur émancipation, pour le socialisme.
Dans l’immédiat, il importe
de voter et de faire voter pour la liste de l’Alternative au second tour de
l’élection du Conseil administratif de la Ville de Genève, et tout
particulièrement pour Rémy Pagani, magistrat sortant qui a su porter nos
couleurs et notre combat politique dans ses fonctions, et n’a pas hésité à
briser le tabou de la collégialité pour cela à chaque fois que c’était
nécessaire. Mais la tâche principale que nous devons relever est la
reconstruction d’un grand Parti du Travail, qui seul peut conduire jusqu’au
bout la lutte pour les intérêts et aspirations légitimes des classes
populaires, contre l’oppression capitaliste, pour le socialisme, car personne
ne pourra jamais nous remplacer dans ce rôle historique.
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