Le Parti du Travail s’était
opposé au projet de réforme du conseiller fédéral « socialiste »
Alain Berset intitulé Prévoyance vieillesse 2020 dès le tout début, il y a
trois ans. Ce combat était plus que justifié, puisque le projet que nous avons
combattu par référendum, ce grâce à quoi nous pourrons nous prononcer à son
sujet en votation populaire, constitue un véritable vol des rentes en bonne et
due forme.
Quelles en sont en effet les
principales mesures ? La hausse de l’âge de départ à la retraite pour les
femmes à 65 ans, la baisse du taux de conversion du deuxième pilier de 6,8% à
6% (rappelons qu’il y a quelques années à peine le peuple suisse avait rejeté
une baisse du taux de conversion à 6,4% avec trois quarts des voix, mais le
parlement fédéral n’en a pas grand chose à faire de la volonté du peuple
souverain !), une hausse de la TVA (impôt antisocial et injuste au
possible), une hausse des cotisations LPP et une hausse des cotisations AVS de
0,3%. Exactement l’agenda néolibéral de la droite et d’economiesuisse : payer plus, travailler plus, pour toucher
moins.
En contrepartie de véritable
massacre du système des retraites, le parlement fédéral a accordé, dans sa
grande générosité, une hausse des rentes AVS de…70 francs (!), et 3% pour
le rentes de couple. Une hausse qui ne concernerait en outre que les nouveaux
rentiers. Les retraités actuels ne recevraient pas un centime de plus. Pour
montrer ce que vaut cette « revalorisation », il suffit de dire que
pour compenser l’année de retraite qu’elle perd grâce au 70,- par mois
supplémentaires, un femme devrait vivre jusqu’à…94 ans (l’espérance de vie
moyenne pour les femmes étant d’une dizaine d’années de moins). Et, quant à
parler d’égalité, n’oublions pas qu’en moyenne les femmes reçoivent toujours
des salaires en moyenne inférieurs de 18% à ceux des hommes.
Le plus scandaleux, c’est
que ce projet profondément antisocial fut voté par une majorité PS-PDC. Le PLR
s’y oppose (mais beaucoup de ses représentants sont pour) car il trouve que la
casse des retraites ne va pas encore assez loin avec PV 2020. C’est visiblement
une manœuvre tactique, car on ne voit guère ce que cet inadmissible paquet
aurait pour lui déplaire. Au niveau national c’est le PSS et l’USS qui sont le
fer de lance de la campagne pour le OUI, main dans la main avec le patronat,
l’USS ayant même accepté de débloquer 700'000 francs, pris sur les cotisations
des salariés, au service d’une campagne pour un projet visant à casser leurs
droits. Certains ténors du PSS prétendent qu’il s’agit d’un
« compromis » le meilleur qu’il soit possible d’obtenir dans les
conditions actuelles, d’un rempart contre un projet pire, porté par le PLR, et
donc déjà d’un bien. Ils n’hésitent pas à aller parfois plus loin encore, en
disant que PV 2020 représente un « progrès historique » (sans
rire !).
Cette trahison absolue, où
la « gauche » sociale-démocrate vient à porter elle-même l’agenda
néolibéral de la droite, en le repeignant en rose, et en prétendant qu’il
s’agit en réalité d’un programme de « gauche » et que le
démantèlement social serait en fait un « progrès social » n’est pas
sans rappeler la trajectoire du PS français ; et pourrait être suivie des
mêmes conséquences. Mais nous n’oublions pas bien sûr que la Jeunesse
socialiste suisse, la CGAS et le PS genevois sont restés fidèles à leurs
principes, et font campagne pour le NON.
Nous ne devons en aucun cas
accepter ce chantage au « compromis ». Car qui pourrait être assez
aveugle pour ne pas voir que si PV 2020 passe, rien n’empêchera le PLR, l’UDC
et le PDC de revenir d’ici peu de temps avec un projet bien pire. Ils ne
cachent pas eux-mêmes que c’est exactement leur intention. Il ne restera alors,
comme aujourd’hui, qu’une seule arme, la lutte, pas le marchandage pourri.
Comme l’avait dit Henri Krasucki, qui fut secrétaire général de la CGT,
« la régression sociale ne se négocie pas mais se combat ». Nous
refusons également les discours catastrophistes au sujet de l’AVS. Les
bourgeois voudraient que cette assurance sociale, qu’ils abhorrent soit en
difficulté, mais elle s’est toujours bien portée malgré leurs prévisions. C’est
le système de la LPP qui est en difficulté, comme le Parti du Travail l’avait toujours
dit. Mais la solution passe par un système de retraite entièrement public et
social, pas par PV 2020.
C’est pourquoi, le Parti
du Travail appelle clairement à voter :
NON à la loi fédérale sur la réforme de la
prévoyance vieillesse 2020
NON à l’Arrêté fédéral sur le financement
additionnel de l’AVS par le biais d’un relèvement de la TVA
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