Le 15 mai 2018 a marqué un
triste anniversaire : les 70 ans de la Nakba, la « catastrophe »,
soit la sombre période d’expulsions des Palestiniens de leurs terres
ancestrales, de violences, de destructions et de massacres par les forces
armées du nouvellement créé Etat d’Israël. Durant ce qu’il faut bien qualifier
de vaste opération de nettoyage ethnique – qui dura entre novembre 1947 et les
accords de cessez-le-feu avec les pays arabes en 1949 – plus de 800'000
Palestiniens ont été brutalement chassés de leurs foyers, et condamnés à une
vie d’exil, dans des camps de réfugiés. Les villages palestiniens, vidés de
leur population par la force des armes, ont fait place à des colonies de
peuplement israéliennes. Le but de l’opération ayant été de mettre le monde
devant le fait accompli et de rendre irréversible l’occupation de terres
palestiniennes, au mépris flagrant du droit international (qui interdit
strictement à un Etat de transférer sa propre population civile sur un
territoire qu’il occupe militairement). Ce processus de colonisation n’a jamais
cessé par la suite, réduisant à quelques lopins de terre dispersés le
territoire dévolu pour un Etat palestinien par l’ONU en 1947. Les réfugiés
palestiniens représentent aujourd’hui le groupe de réfugiés le plus important
sur la planète, soit 18% de la population totale de réfugiés dans le monde. Et
ceux qui restent en territoire occupé ou formellement contrôlé par l’autorité
palestinienne subissent des oppressions sans nombre, sont traités en citoyens
de seconde zone au sein même de l’Etat d’Israël, ou bien s’entassent dans ce
véritable enfer à ciel ouvert qu’est la bande de Gaza.
Le droit au retour des
réfugiés palestiniens a pourtant été expressément reconnu par l’ONU dès le 11
décembre 1948, dans sa résolution 194. Mais cette résolution, comme
d’innombrables autres, est restée lettre morte. L’Etat d’Israël nie le droit au
retour des réfugiés palestiniens, nie l’existence même du problème des
réfugiés, et méprise effrontément le droit international. D’après les mots du
cinéaste britannique Ken Loach : « Israël se présente comme une
démocratie occidentale et en même temps enfreint des accords internationaux et
ne respecte pas la Convention de Genève, vole des terres auxquelles il n’a pas
le droit, enferme des enfants en prison et ment à la terre entière par rapport
à ses armes nucléaires ». Il est vrai que le soutien inconditionnel des
USA, cet empire qui lui aussi méprise le droit international, comme toute
morale et tout droit, aide le pouvoir israélien à se sentir tout permis.
Et honte au conseiller
fédéral (PLR) Ignacio Cassis, qui, pour se rapprocher de l’Etat d’Israël, a osé
dire que l’UNRWA, l’agence onusienne en charge des réfugiés, est une partie du problème plutôt que de la
solution, dans la mesure où elle entretiendrait de faux espoirs chez les
réfugiés palestiniens de pouvoir retourner chez eux un jour. Il est juste
scandaleux que ce triste personnage, qui nie aussi effrontément le droit au
retour, reconnu par l’ONU, qui n’a aucun égard pour le droit international,
puisse rester à son poste comme si de rien n’était !
Les USA de Donald Trump ont
tenu à fêter, en commun avec le gouvernement d’extrême-droite israélien de
Benjamin Netanyahu, les 70 ans de la Nakba à leur façon, en déménageant leur
ambassade à Jérusalem, annexée et proclamée sa « capitale éternelle »
par Israël, au mépris de toutes les résolutions de l’ONU. Pendant ce temps,
l’armée israélienne a réprimé à balles réelles la marche « du grand
retour », organisée par la jeunesse de Gaza, qui n’en peut plus de mourir
lentement dans l’enfer à ciel ouvert que lui a imposé le blocus israélien, pour
punir le peuple palestinien d’avoir, il y a plus de dix ans, démocratiquement
choisi de porter le Hamas au gouvernement. Des dizaines de personnes désarmées
ont ainsi été massacrée.
« Quand, en 1997, les
Nations unies ont voté la résolution inaugurant la Journée internationale de
solidarité avec le peuple palestinien, elles affirmaient avoir connaissance de
l’injustice et de la violation des droits de l’homme qui ont cours en
Palestine. A la même époque, l’ONU s’est opposée fortement à l’apartheid, et au
fil des ans un consensus international s’est construit, qui a aidé à mettre un
terme à ce système inique. Mais nous savons bien que notre liberté est
incomplète sans celle des Palestiniens, sans la résolution des conflits qui
font rage au Timor-Oriental, au Soudan et dans d’autres parties du
monde », avait déclaré Nelson Mandela en 1997. La mobilisation
internationale, une campagne de boycott, avaient à l’époque permis de faire
plier le régime de l’apartheid en Afrique du Sud. Il n’est que grand temps de
faire aussi d’imposer au régime israélien le respect du droit international, du
droit du peuple qui habite cette terre depuis plus de mille ans.
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