Il porta beaucoup de noms au
cours de sa vie, fut souvent insaisissable, si bien que certaines parties de
son existence restent aujourd’hui mystérieuses. Mais il restera à jamais dans
les mémoires sous le nom de Hô Chi Minh. Ce nom n’était pas son nom véritable,
mais le dernier pseudonyme qu’il adopta, et sous lequel il était connu
lorsqu’il s’éteignit à Hanoï, capitale de la République Démocratique du
Vietnam, dont il était le président, le 2 septembre 1969.
Ce grand homme est né le 19
mai 1890, dans l’actuel Vietnam, qui était alors une colonie française. Son nom
était Nguyễn Sinh Cung. Révolté par l’oppression et les
injustices sans nombre que le colonialisme français faisait subir à son peuple,
il rejoint le mouvement nationaliste. Ses activités politiques lui valent des
mesures de représailles de la part de l’administration coloniale. Il voyage
alors dans tout l’empire colonial français. Ses pas finissent par le mener en
France, où il gagne sa vie en tant que photographe. Cherchant à faire connaître
la cause des peuples colonisés partout où il le pouvait, il se rapproche du
mouvement socialiste, et adhère à la SFIO. Ces années, il était connu sous le
pseudonyme de Nguyen Ai Quoc.
Il se convainc
alors qu’il ne peut y avoir de libération nationale sans libération sociale,
que le nationalisme bourgeois et le confucianisme sont impuissants à servir de
boussole pour la lutte, que seul le marxisme le peut. Délégué au Congrès de
Tours, il attire l’attention de ses camarades sur le devoir internationaliste
de soutenir activement la lutte d’émancipation des peuples colonisés. Il vote
pour l’adhésion à la IIIème Internationale. Il fait preuve d’une énergie débordante,
comme militant du PCF d’abord, comme cadre du Komintern (sa présence en France
devenant trop risquée), pour donner toute la place qu’elle mérite à la
dimension anti-coloniale du combat communiste, pour rompre avec un
eurocentrisme hérité de la IIème Internationale. L’impérialisme ne
peut être vaincu que s’il l’est par la lutte conjuguée des ouvriers des
métropoles et celle des peuples des pays qu’il opprime ; sinon ils seront tous
perdants. Cette leçon demeure vraie aujourd’hui.
Il pouvait écrire dans un
rapport adressé au Komintern, en 1924 : « Marx a bâti sa doctrine sur
une certaine philosophie de l’histoire. Mais quelle histoire ? Celle de
l’Europe. Mais qu’est-ce que l’Europe ? Ce n’est pas toute
l’humanité » ; le marxisme devait en effet prendre des formes
concrètes, s’adapter à la situation particulière et à l’héritage historique de
pays autres que ceux qui l’avaient vu naître.
Du fait de son autorité
reconnue, il est envoyée par le Komintern pour unifier le jeune mouvement
communiste vietnamien, et d’en prendre la tête. Ce qu’il fit. Sous sa direction,
le parti s’organisa et grandit, préparant la lutte de libération. A la défaite
de Japon en 1945, la Ligue pour l’indépendance du Vietnam, le Viet Minh, renversa la domination
coloniale et proclama la République Démocratique du Vietnam. Nguyen Ai Quoc en
fut désigné président. C’est alors qu’il adopta le nom de Hô Chi Minh.
La France refusant de
renoncer à ses possessions coloniales, le peuple du Vietnam dut livrer une
guerre de libération longue et héroïque, au prix de sacrifices inouïs, contre
le colonialisme français d’abord, l’impérialisme étatsunien ensuite, qui prit
le relais en appuyant un régime fantoche à sa botte au Sud du Vietnam. Mais,
sous la direction de Hô Chi Minh, le peuple du Vietnam parvint à vaincre ces
deux impérialismes, à briser les chaînes d’une oppression séculaire, à procéder
à une réforme agraire, à jeter les bases du socialisme. Son nom était alors une
légende. D’où le slogan de la Tricontinentale : « Créer un, deux,
trois Vietnam ».
Le président Hô Chi Minh
s’éteignit alors que la guerre faisait encore rage. L’œuvre d’expulsion
définitive de l’impérialisme étatsunien et de la réunification du Vietnam ne
fut achevée que peu d’années après sa mort.
Hô Chi Minh reste une
référence pour nous aussi. Bien que la Suisse n’ait jamais eu de colonies, des
capitaux suisses furent investis dans le commerce des esclaves, et dans la
colonisation ensuite. La Suisse est aujourd’hui un important exportateur de
capitaux, ce qui en fait, par définition, un pays impérialiste. Le Parti Suisse
du Travail n’a jamais oublié le fait que, dans la chaîne de l’impérialisme, les
multinationales suisses sont des prédateurs au sommet de la chaîne. Notre Parti
s’est toujours efforcé d’être à la hauteur de son devoir internationalisme.
Nous saluons aujourd’hui la
mémoire de Hô Chi Minh, et tâchons de préserver son héritage révolutionnaire.
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