Il est reconnu que le
montant des primes d’assurances maladie est aujourd’hui la première
préoccupation des Suisses. Ce n’est pas pour rien. Depuis l’introduction de la
LAMAL, le montant de celles-ci a pris l’ascenseur, et ça ne semble pas prêt de
s’arrêter. Les primes atteignent aujourd’hui des montants insoutenables,
proprement ruineux pour les classes populaires, et même les classes moyennes.
Cela n’empêche pas pourtant que nombre de soins, pourtant essentiels (comme les
soins dentaires), ne sont pas pris en charge par l’assurance de base. Les
assurés, déjà rackettés par leur assureur, doivent encore largement payer de
leur poche…d’autant plus que le système des franchises les dissuade trop
souvent d’aller se faire soigner.
Les assureurs disent que ce
n’est point de leur faute, et qu’ils sont bien obligés d’augmenter les primes
d’année en année à cause de l’élévation inexorable des coûts de la santé. Aussi
les politiciens rivalisent de propositions pour freiner la hausse des coûts de
la santé, voire les réduire.
Le conseiller fédéral
socialiste (paraît-il) Alain Berset a présenté un paquet de neuf mesures pour
réduire les coûts de la santé, comme le fait de « responsabiliser »
plus les assurés en les informant des coûts, bien qu’il ait déclaré que "Très clairement la
responsabilité du contrôle incombe aux assureurs" ; des normes
permettant de réduire les prix des génériques ; une organisation tarifaire
nationale pour les soins en ambulatoire ; mais aussi une réduction du
libre choix du médecin pour les patients.
Le PDC, de son côté, récolte
des signatures pour une initiative populaire qui prévoit d’inscrire dans la
Constitution que la Confédération doit, en collaboration avec les cantons, les
assureurs et les prestataires de soins, prendre des mesures permettant de
contenir les coûts de la santé, et d’introduire un frein aux coûts dans ce but.
Si au bout de deux ans les coûts ne sont toujours pas contenus, la Confédération
prend des mesures d’autorité, en collaboration avec les cantons seulement.
Certes, tout n’est pas à
jeter dans ces propositions. Mais elles ont un défaut majeur, qui en rendrait
l’application au mieux peu efficace, et engendrerait certainement des effets
pervers. Ce défaut, c’est qu’elles s’obstinent à considérer que les assureurs
font partie de la solution, alors qu’en fait ils sont une partie du problème,
si ce n’est le problème majeur du système de santé en Suisse. A part Alain
Berset, plus grand monde ne prétend croire que la hausse des primes serait
proportionnelle à celle des coûts de la santé, puisqu’il est bien connu que
depuis des années les primes sont prélevées bien au-delà de ce qui est requis,
que les réserves sont surdimensionnées. Et que dire du scandale des primes
payées en trop pendant des années dans certains cantons, des frais de
publicité, de lobbying, des salaires mirobolants des dirigeants des caisses
maladie…Considérant la malhonnête bien connue des assureurs, toutes les mesures
les mieux intentionnées risquent de n’avoir guère d’impact pour faire baisser
les primes. Et elles risquent bien plutôt en pratique de signifier une médecine
à deux vitesse, une réduction des prestations au détriment des patients, le
fait de devoir plus payer de sa poche (tout en continuant à se faire racketter
tout autant pas sa caisse maladie).
Le Parti du Travail avait
proposé de vraies solutions pour ce problème. Soit nos deux initiatives pour
une caisse maladie publique genevoise à but social, et celle pour le
remboursement des soins dentaires.
Même si nos deux initiatives
n’ont pas passé la rampe du suffrage populaire, elles ont toutes deux obtenu
près de 45% de votes en leur faveur, un score presque identique. Aujourd’hui,
nous considérons qu’il n’y aura pas de solution au problème des coûts de la
santé sans se débarrasser du cartel des assureurs privés, au profit d’une
caisse maladie unique, publique, avec des primes en fonction du revenu et de la
fortune. Il est nécessaire également de s’attaquer aux profits mirobolants de
l’industrie pharmaceutique.
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