L’initiative
populaire de l’UDC, intitulée « contre l’immigration de masse », vise
à limiter le nombre d’autorisations de séjour accordées par la Suisse par des contingents
annuels, contingents qui incluent l’asile et les frontaliers. Le droit au
séjour durable, au regroupement familial et aux prestations sociales pourrait
être limité. Les contingents annuels seraient fixés en fonction des
« intérêts économiques globaux de la Suisse ». Les critères pour
l’obtention d’un permis de séjour seraient la demande d’un employeur, un revenu
autonome et la capacité d’intégration. Aucun traité international incompatible
avec cette initiative ne pourrait plus être signé, tandis que les traités
actuels contraires au texte de l’UDC devraient être renégociés dans un délai de
trois ans. L’UDC vise évidemment à remettre en cause les accords bilatéraux
avec l’Union européenne.
Le Parti du
Travail combat cette initiative car elle est mensongère, démagogique,
xénophobe, et directement contraire aux intérêts de tous les travailleurs de ce
pays.
L’UDC prétend
que son initiative combat le dumping salarial dans la mesure où elle remet en
cause les accords sur la libre circulation conclus avec l’UE. Le Parti du
Travail combat aussi ces accords tels qu’ils sont et la sous-enchère salariale
qu’ils impliquent. Mais c’est bien parce que nous combattons la sous-enchère
salariale que nous luttons contre l’initiative mensongère de l’UDC, qui en réalité
ne ferait qu’accroître la sous-enchère salariale. En effet le grand problème de
la libre-circulation, c’est qu’elle implique la libéralisation, la dérégulation
du marché du travail, la suppression des commissions tripartites, ce qui
facilite pour la patronat la sous-enchère salariale. Pour lutter contre ce
fléau, la seule solution est une régulation renforcée du marché du travail,
plus d’inspecteurs, plus de conventions collectives de travail, ainsi que des
salaires minimaux.
Mais l’UDC,
en parti pro-patronal et ultralibéral qu’elle est, ne veut pas de toutes ces
mesures indispensables. Au lieu de combattre les abus patronaux, ce parti
s’attaque aux travailleurs immigrés, qu’elle veut précariser. Du reste, le
modèle des contingents, prévu par l’UDC, n’a nullement pour but de lutter
contre le dumping salarial, ni même de limiter l’immigration. Bien au
contraire, ce système, où les contingents seraient calculés selon les
« intérêts économiques globaux de la Suisse », en clair selon la
demande du patronat, ne vise nullement à limiter l’afflux de main-d’œuvre
étrangère, puisque le patronat pourra en demander autant qu’il veut, mais vise
plutôt à rendre les travailleurs étrangers plus précaires, leur situation plus
temporaire et incertaine. Et qui dit travailleurs précarisés, dit travailleurs
sans droits, sans capacité de résistance car craignant de perdre leur titre de
séjour, et donc taillables et corvéables à merci, ce qui signifie plus et non
moins de sous-enchère salariale.
Outre son
caractère mensonger et favorable objectivement à la sous-enchère salariale,
l’initiative de l’UDC est purement démagogique et xénophobe. Démagogique car
elle réserve à la question complexe de l’immigration un traitement simpliste et
déformant. En effet, dans la grande majorité des cas, les gens ne choisissent
de quitter leur pays pour s’installer ailleurs que contraints par les
circonstances. Et ces circonstances incluent le pillage des pays du tiers-monde
par les multinationales occidentales, y compris des grandes entreprises
suisses. La politique antisyndicale de Nestlé en Colombie en est un triste et
bien connu exemple. Bien entendu, l’UDC ne tient aucunement compte de cet
aspect des choses.
Xénophobe,
l’initiative de l’UDC livre à la vindicte populaire les travailleurs étrangers,
les accusant d’un dumping salarial dont seul le patronat est responsable,
bafoue les droits fondamentaux des migrants, et divise les travailleurs entre
suisses et étrangers, pour le plus grand plaisir du patronat.
Ce sera un
NON ferme et résolu le 9 février.
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