L’Aéroport international de
Genève (AIG) est sans conteste une infrastructure importante pour le canton de
Genève, en mains publiques mais inévitablement lié à des intérêts lucratifs
multiformes, d’une importance dépassant largement l’échelle locale. Mais il
s’agit également d’un aéroport situé en zone urbaine, entouré d’habitations qui
doivent en subir les nuisances. Des nuisances en augmentation constante. Le
nombre de passagers à l’AIG a plus que doublé ces 15 dernières années,
dépassant aujourd’hui les 17 millions par an. Et la direction de l’AIG et les
autorités cantonales ont pour projet d’accompagner et d’encourager cette
croissance : en 2030, c’est 25 millions de passagers par année qui sont
prévus, soit un avion qui décolle ou atterrit toutes les 90 secondes, 18h/24,
ainsi que des vols à des heures plus tardives de la nuit. Les riverains doivent
subir le bruit et la pollution que cette croissance effrénée occasionne. Sans
parlers des émissions de CO2, qui atteignent des sommets
inacceptables.
Une initiative pour améliorer cette situation
L’initiative pour un
pilotage démocratique de l’aéroport oblige l’Etat à chercher un équilibre entre
l’importance économique de l’aéroport et la limitation des nuisances pour la
population et l’environnement, à limiter les nuisances dues au trafic aérien
(sonores, en termes de pollution et démission de gaz à effet de serre). L’AIG
serait également obligé de rendre compte aux autorités cantonales et communales
sur la façon dont il met ces mesures en œuvre. L’acceptation de l’initiative
impliquerait un meilleur contrôle démocratique de l’AIG et mettrait un frein à
son développement incontrôlé.
Un contreprojet qui vide l’initiative de sa substance
Cette perspective de freiner
le développement ne plaît pas à la droite majoritaire au Grand Conseil. Mais
l’idée rencontre un incontestable soutien populaire. Alors que faire pour
empêcher cette initiative de passer ? Faire un contreprojet qui semble
reprendre les termes de l’initiative, tout en la vidant de sa substance !
Le contreprojet prévoit en pratique d’inscrire dans la Constitution la
situation actuelle, celle précisément qui est devenue inacceptable. Le
contreprojet donne à l’Etat l’obligation de veiller « à ce que la qualité
de la desserte aérienne réponde aux besoins de la population, des entreprises
et de la Genève internationale ». Les besoins des entreprises ne sont pas
ceux de la population, mais on peut s’attendre à ce que ce soient ces
besoins-là qui prévalent en pratique. Le contrôle démocratique est laissé aux
mains du seul Conseil d’Etat, le même Conseil d’Etat qui soutient actuellement
la croissance sans frein de l’AIG. Aucune concertation avec la population de
prévu donc. Une croissance sur laquelle la population n’a jamais été consultée,
mais qui lui a été imposée au nom des « impératifs économiques ».
Le développement de l’aéroport ne saurait être l’avenir
La vision de la droite et
des milieux patronaux est à l’évidence celle d’un développement immaîtrisé de
l’aéroport, au service des intérêts des entreprises. Cette perspective peut
sembler rentable à court terme de leur point de vue. Mais est-elle tenable dans
la durée ? A l’évidence elle ne l’est pas. Il s’agit d’une fuite en avant
complètement irresponsable à l’heure où l’urgence climatique est un fait
incontestable. Au fond, les responsables de l’aéroport le comprennent,
puisqu’ils dépensent une énergie colossale en greenwashing, nous promettant pour très bientôt un aéroport
entièrement renouvelable et écologique.
Il s’agit à l’évidence d’une
absurdité. Il est certes possible de prendre des mesures pour réduire les
émissions de CO2 directement occasionnées par l’aéroport. On ne
changera rien pourtant à ce fait élémentaire : les avions fonctionnent au
kérosène, un dérivé du pétrole. Actuellement, il n’y a pas d’alternative à ce
carburant. Or aux débuts de notre planète, le taux de CO2 était très
élevé dans l’atmosphère (heureusement, car, vue l’activité nettement plus
faible du Soleil il y a quelques milliards d’années de cela, sans un effet de
serre important, il n’y aurait alors pas pu y avoir d’eau à l’état liquide à la
surface de la Terre, donc pas de vie), tandis que l’O2 était presque
inexistant. Si les proportions de O2 et de CO2 ont été
durablement inversées, c’est par effet de stockage du carbone dans la
lithosphère, soit sous forme d’hydrocarbures, soit sédimenté sous forme de
roches calcaires. En brûlant du kérosène, nous remettons ce carbone dans
l’atmosphère, contribuant par là de façon dramatique au réchauffement
climatique en cours. Et il ne faut pas oublier non plus qu’il faut des
conditions géologiques exceptionnelles pour la formation d’hydrocarbures. Il a
fallu des centaines de millions d’années pour accumuler les réserves actuelles,
et l’humanité en a utilisé une grande partie en à peine un siècle. Continuer à
brûler des hydrocarbures ne saurait être une solution durable. Continuer le
développement mortifère de l’AIG ne saurait l’être non plus.
C’est pourquoi, il faut voter OUI à l’initiative, NON au
contreprojet, et Initiative à la question subsidiaire.
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