10 novembre 2019

Pour maîtriser un développement écologiquement destructeur, et invivable pour les habitants, oui à l’initiative pour un pilotage démocratique de l’aéroport



L’Aéroport international de Genève (AIG) est sans conteste une infrastructure importante pour le canton de Genève, en mains publiques mais inévitablement lié à des intérêts lucratifs multiformes, d’une importance dépassant largement l’échelle locale. Mais il s’agit également d’un aéroport situé en zone urbaine, entouré d’habitations qui doivent en subir les nuisances. Des nuisances en augmentation constante. Le nombre de passagers à l’AIG a plus que doublé ces 15 dernières années, dépassant aujourd’hui les 17 millions par an. Et la direction de l’AIG et les autorités cantonales ont pour projet d’accompagner et d’encourager cette croissance : en 2030, c’est 25 millions de passagers par année qui sont prévus, soit un avion qui décolle ou atterrit toutes les 90 secondes, 18h/24, ainsi que des vols à des heures plus tardives de la nuit. Les riverains doivent subir le bruit et la pollution que cette croissance effrénée occasionne. Sans parlers des émissions de CO2, qui atteignent des sommets inacceptables.

Une initiative pour améliorer cette situation

L’initiative pour un pilotage démocratique de l’aéroport oblige l’Etat à chercher un équilibre entre l’importance économique de l’aéroport et la limitation des nuisances pour la population et l’environnement, à limiter les nuisances dues au trafic aérien (sonores, en termes de pollution et démission de gaz à effet de serre). L’AIG serait également obligé de rendre compte aux autorités cantonales et communales sur la façon dont il met ces mesures en œuvre. L’acceptation de l’initiative impliquerait un meilleur contrôle démocratique de l’AIG et mettrait un frein à son développement incontrôlé.

Un contreprojet qui vide l’initiative de sa substance

Cette perspective de freiner le développement ne plaît pas à la droite majoritaire au Grand Conseil. Mais l’idée rencontre un incontestable soutien populaire. Alors que faire pour empêcher cette initiative de passer ? Faire un contreprojet qui semble reprendre les termes de l’initiative, tout en la vidant de sa substance ! Le contreprojet prévoit en pratique d’inscrire dans la Constitution la situation actuelle, celle précisément qui est devenue inacceptable. Le contreprojet donne à l’Etat l’obligation de veiller « à ce que la qualité de la desserte aérienne réponde aux besoins de la population, des entreprises et de la Genève internationale ». Les besoins des entreprises ne sont pas ceux de la population, mais on peut s’attendre à ce que ce soient ces besoins-là qui prévalent en pratique. Le contrôle démocratique est laissé aux mains du seul Conseil d’Etat, le même Conseil d’Etat qui soutient actuellement la croissance sans frein de l’AIG. Aucune concertation avec la population de prévu donc. Une croissance sur laquelle la population n’a jamais été consultée, mais qui lui a été imposée au nom des « impératifs économiques ».

Le développement de l’aéroport ne saurait être l’avenir

La vision de la droite et des milieux patronaux est à l’évidence celle d’un développement immaîtrisé de l’aéroport, au service des intérêts des entreprises. Cette perspective peut sembler rentable à court terme de leur point de vue. Mais est-elle tenable dans la durée ? A l’évidence elle ne l’est pas. Il s’agit d’une fuite en avant complètement irresponsable à l’heure où l’urgence climatique est un fait incontestable. Au fond, les responsables de l’aéroport le comprennent, puisqu’ils dépensent une énergie colossale en greenwashing, nous promettant pour très bientôt un aéroport entièrement renouvelable et écologique.

Il s’agit à l’évidence d’une absurdité. Il est certes possible de prendre des mesures pour réduire les émissions de CO2 directement occasionnées par l’aéroport. On ne changera rien pourtant à ce fait élémentaire : les avions fonctionnent au kérosène, un dérivé du pétrole. Actuellement, il n’y a pas d’alternative à ce carburant. Or aux débuts de notre planète, le taux de CO2 était très élevé dans l’atmosphère (heureusement, car, vue l’activité nettement plus faible du Soleil il y a quelques milliards d’années de cela, sans un effet de serre important, il n’y aurait alors pas pu y avoir d’eau à l’état liquide à la surface de la Terre, donc pas de vie), tandis que l’O2 était presque inexistant. Si les proportions de O2 et de CO2 ont été durablement inversées, c’est par effet de stockage du carbone dans la lithosphère, soit sous forme d’hydrocarbures, soit sédimenté sous forme de roches calcaires. En brûlant du kérosène, nous remettons ce carbone dans l’atmosphère, contribuant par là de façon dramatique au réchauffement climatique en cours. Et il ne faut pas oublier non plus qu’il faut des conditions géologiques exceptionnelles pour la formation d’hydrocarbures. Il a fallu des centaines de millions d’années pour accumuler les réserves actuelles, et l’humanité en a utilisé une grande partie en à peine un siècle. Continuer à brûler des hydrocarbures ne saurait être une solution durable. Continuer le développement mortifère de l’AIG ne saurait l’être non plus.


C’est pourquoi, il faut voter OUI à l’initiative, NON au contreprojet, et Initiative à la question subsidiaire.

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