A
Kiev, capitale de l’Ukraine, eut lieu le soir du nouvel an une marche aux
flambeaux, rassemblant près de 5'000 personnes, à la gloire de Stepan Bandera,
fondateur de l’OUN (Organisation des nationalistes ukrainiens) et collaborateur
notoire avec l’occupant nazi, aux cris de : "l'Ukraine
aux Ukrainiens", "Bandera reviens, et remets de l'ordre dans tout
cela!", et
"Gloire à l'Ukraine, gloire aux héros!". Et, parlant de la Grande Victoire de 1945,
Arseni Iatseniouk, premier ministre ukrainien, avait déclaré à la télévision
allemande : « Nous nous rappelons très bien de l’invasion soviétique
de l’Allemagne et de l’Ukraine. Nous ne devons pas laisser de telles choses se
reproduire ». Une telle déclaration se passe de commentaires.
Ces deux
images illustrent de façons tristement saisissante la pente glissante
qu’emprunte aujourd’hui l’Ukraine, enfoncée depuis des mois dans une guerre
civile qui a déjà fait plus de 5'000 morts, une campagne de guerre criminelle de
l’Etat central, soutenu ouvertement par les puissances impérialistes
occidentales, contre deux républiques populaires autoproclamées dans l’Est du
pays celles de Lougansk et de Donetsk,
plus ou moins soutenues par la Russie (qui toutefois ne les a pas
officiellement reconnu). Rappelons que
le régime de Kiev a refusé d’ouvrir des négociations de paix, et a préféré
donner l’ordre à ses troupes de bombarder à l’arme lourde des hôpitaux, des
écoles et des quartiers d’habitations. Beaucoup d’informations contradictoires
parviennent sur le déroulement des combats, mais on peut constater toutefois
que la ligne de front a peu changé depuis un certain temps. Les forces des
républiques insurrectionnelles n’ont pas réussi à étendre les zones qu’elles
contrôlent, mais l’armée n’a pas réussi à les déloger des territoires sous
juridiction de facto des deux
républiques populaires (qui ne couvrent en fait qu’une partie des régions de
Lougansk et de Donetsk). L’issue de la bataille est encore incertaine. D’un
côté, le président-oligarque Porochenko décrète une nouvelle mobilisation dans
le but avoué d’écraser l’insurrection ; de l’autre, les forces de la
République populaire de Donetsk viennent de reprendre l’intégralité de
l’aéroport de Donetsk (qui n’est plus en service, mais qui occupe une position
stratégique), après de rudes combats.
Réhabilitation du nazisme et
politique réactionnaire et antidémocratique
Mais
si tout n’est pas clair sur le déroulement des combats à l’Est du pays, ça
l’est en revanche pour ce qui se passe dans les zones contrôlées par Kiev, et
c’est d’ailleurs la raison majeure pourquoi tant de personnes ont initialement
pris fait et cause pour la rébellion : la réhabilitation ouverte du
néonazisme, porté au rang d’idéologie d’Etat, et ce avec la bénédiction ouverte
de l’Union Européenne et des Etats-Unis. Rappelons qu’au nom de
l’anticommunisme, et du nationalisme ukrainien, les hommes de Bandera ont
incendié des centaines de villages, massacré des milliers de Juifs, de
communistes, de Russes, de tous ceux qui n’avaient pas leur place dans le Lebensraum hitlérien, commettant ainsi
des crimes de guerre sans nombre, des crimes contre l’humanité, et apportant
une contribution tristement importante à l’Holocauste. Or Bandera est
aujourd’hui considéré comme un héros en Ukraine. Ses portraits étaient partout
durant les manifestations de Maidan. Et c’est une réhabilitation du
collaborationnisme avec les nazis que le soutient. Oleg Tyanhybok, leader du
parti néo-nazi Svoboda (qui participe au gouvernement), avait déposé une motion
à la Rada pour que Bandera soit officiellement promulgué « héros national
ukrainien ». Avant le défilé, il confiait à la presse ukrainienne que "le
gouvernement actuel est venu au pouvoir avec les slogans de Bandera, il doit
maintenant suivre ses idées".
Et, très logiquement, la
promotion du néonazisme s’accompagne de la même politique que celle de ses
« héros » : une politique brutalement en faveur du capital et
contre les classes populaires. Les oligarques au pouvoir en Ukraine, issus de
la grande bourgeoisie compradore pro-occidentale, et parfois des mafieux
déclarés, prennent prétexte de la situation catastrophique de l’économie
ukrainienne (pays au bord de la faillite, dette abyssale, hyperinflation, chute
du PIB de plus de 8% en une année) dont ils sont les seuls responsables, et de
conditions auxquelles est assorti un prêt du FMI pour imposer une politique
d’austérité brutale contre le peuple : baisses massives des retraites et
des salaires des fonctionnaires, hausse de l’âge de départ à la retraite, suppression des bourses
d’études, hausse importantes des tarifs du gaz pour la population, application
de la TVA aux médicaments, coupes budgétaires dans les services publics…Depuis
le putsch de Maidan l’Ukraine ne peut plus exporter ses produits manufacturés
en Russie, le rapprochement avec l’UE n’a permis de trouver aucun nouveau
marché, l’économie s’effondre, le chômage augmente de façon catastrophique, et
la paupérisation relative et absolue du peuple ukrainien atteint de sinistres
sommets. Pendant ce temps, les oligarques vainqueurs se battent, souvent par
l’intermédiaires de bandes armes d’extrême-droite, payées par eux, pour le
partage des biens du clan du président déchu.
La promotion de
l’idéologie fasciste s’accompagne tout aussi logiquement de son application sur
le plan politique : destruction de l’Etat de droit, négation des droits
démocratiques, anticommunisme forcené. L’Ukraine connaît aujourd’hui une
véritable chasse aux sorcières contre tous les opposants au nouveau régime,
menée au détriment des règles les plus fondamentales de l’Etat de droit. Et,
comme les chemises noires de Mussolini, les bandes néonazies font régner la
terrer dans le pays, avec le soutien à peine dissimulé des forces de l’ordre.
Les persécutions touchent en particulier le Parti communiste d’Ukraine (KPU) et
ses militants. On ne compte plus les cas de responsables du KPU poursuivis en
justice sous des prétextes fantaisistes, sauvagement battus par les néonazis ou
torturés par les services secrets, de locaux du KPU saccagés par des hooligan
d’extrême-droite, toujours en toute impunité. Par une propagande omniprésente
et hystérique, par la terreur et par la fraude électorale, le régime Porochenko
a réussi à empêcher le KPU de passer le quorum aux dernières élections à la
Rada. Après avoir échoué à faire interdire le KPU sous des prétextes absurdes
et ridicules, le président de la Rada, le fasciste Olexandre Tourtchinov, a
déposé un projet de loi prévoyant l’interdiction de l’idéologie communiste en
Ukraine, l’interdiction de tout parti se réclamant du « communisme »,
du « marxisme » ou du « léninisme », l’interdiction de
l’utilisation de tout symbole communiste ou soviétique, sous peine d’emprisonnement jusqu’à 5 ans.
Résistance et lutte du KPU
Malgré ce climat de
persécutions et de terreur, le KPU a refusé de capituler devant le régime
Porochenko et a envers et contre tout tenu son 49ème Congrès le
samedi 27 décembre 2014, afin de faire un bilan du travail accompli, mais aussi
des échecs et des erreurs commises, d’analyser la nouvelle situation politique
et d’en tirer toutes les conclusions qui s’imposent sur la façon de mener la
lutte contre le fascisme, contre les politiques d’austérité, contre le règne
des oligarques, pour les intérêts légitimes des travailleurs et des classes
populaires, pour le socialisme.
Petro Simonenko,
secrétaire général du KPU, a déclaré en conclusion de son rapport :
« Notre pays vit des temps difficiles. La guerre fratricide continue sous
les déclarations mensongères du gouvernement sur l’aspiration à la paix et
l’établissement de l’ordre. Des villes et des villages sont détruits. Le sang
coule. Des millions de personnes en sont réduites à la fin et à la misère. Des
centaines de milliers de réfugiés, ayant perdu leur toit, cherchent refuge dans
d’autres régions de l’Ukraine et à l’étranger. La fracture dans la société
s’approfondit. Le pays, déjà ouvertement placé sous domination étrangère, se trouve
devant une menace réelle de démantèlement et de perte da sa souveraineté
nationale.
La bourgeoisie compradore
au pouvoir – les oligarques et les bandes armées payées par eux, agissant de
manière bandériste, fasciste, ont imposé dans le pays une atmosphère de terreur
psychologique et de terreur. Ils se débarrassent physiquement de tous ceux qui
s’opposent à eux, frappant avant tout notre Parti communiste.
Dans ces conditions notre
tâche principale est de renforcer le Parti. Dans tous les tournants possibles
de conserver sa structure, ses cadres, serrer plus fortement les rangs autour
du Comité Central. Apprendre et agir, renforcer autant que possible le travail
auprès de travailleurs – auquel on ment chaque jour et chaque heure grâce à un
lavage de cerveau à grande échelle de la part des mass médias aux mains des
mêmes oligarques. Nous devons montrer au peuple la vérité, lui ouvrir les yeux
sur les causes de la catastrophe, dans laquelle est plongée l’Ukraine !
Et ne pas oublier les
leçons de l’histoire : ce n’est que quand les travailleurs, unis autour du
Parti communiste, prendront le pouvoir au sein de leurs mains, seulement alors,
comme l’a montré Vladimir Ilitch Lénine, le pays et le peuple connaîtront la
liberté et la paix.
Soyons
donc fidèles à l’enseignement de notre glorieux guide, et nous triompherons
certainement ! »
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