Le 7 novembre 2017, le Parti du Travail
célébrera le centenaire de la Grande Révolution Socialiste d’Octobre. Le
lecteur pourrait se demander si ce n’est pas là un anachronisme, désormais que
la bannière rouge des soviets ne flotte plus sur le Kremlin depuis vingt-six ans
; et pourquoi célébrer une révolution largement décriée, pourquoi se
revendiquer d’une expérience historique qui s’acheva par la restauration du
capitalisme. La question mérite une réponse.
La première chose à dire est que tous
s’accordent à reconnaître que la révolution d’octobre changea à jamais le cours
de l’histoire. Nos adversaires y
compris. Du reste, leurs actes contredisent leur thèse d’après laquelle la
révolution, le socialisme, n’auraient été qu’une parenthèse, à jamais morte et
enterrée. Car si les idées d’Octobre, celles de Lénine, appartiendraient
irréductiblement au passé, pourquoi mettraient-ils tant de zèle, aujourd’hui
encore, à les combattre ?
Le Parti du Travail, au contraire, se réfère
à la révolution d’octobre parce que ses membres sont convaincus que, malgré
tout, ses idéaux ont plus que jamais un avenir. Les idées de Marx et de Lénine
sont pour nous aujourd’hui encore une référence. Il importe toutefois de rappeler
que le mouvement ouvrier et socialiste suisse est beaucoup plus ancien que
1917, et a de profondes racines dans l’histoire de notre pays. Le Parti du
Travail n’est à ce titre nullement un produit d’importation soviétique, mais s’inscrit
avant tout dans l’héritage des luttes de la classe ouvrière suisse.
Certes, personne ne peut ignorer que la
séquence historique qui commença avec la révolution d’octobre fut complexe, et
bien souvent tourmentée, que le socialisme qui exista réellement fut sans doute
bien en-deçà de l’avenir dont les socialistes du XIXème siècle
avaient rêvé, et qu’elle s’acheva – pour la très grande majorité des pays
concernés du moins – par la tragique débâcle de 89-91.
Mais il convient de rétablir quelques faits.
Née de la guerre la plus barbare que le monde ait connu jusque là – la Première
Guerre mondiale – la révolution d’octobre avait pour programme de mettre à
jamais fin à ces horreurs, et au régime social qui les avait rendues possibles.
Le nouveau pouvoir qu’elle fit naître réalisa dans un pays semi-féodal, dont
l’écrasante majorité de la population vivait dans la misère la plus absolue, un
développement économique spectaculaire et un progrès social jamais vu
auparavant. Les échecs et les tragédies survenues ne doivent pas occulter la
grandeur des réalisations.
La révolution d’octobre ouvrit le début d’une
ère nouvelle. Sans la révolution d’octobre, sans l’URSS, les empires coloniaux
et la ségrégation raciale seraient intacts, les femmes n’auraient jamais
bénéficié d’une égalité en droits avec les hommes (quant à l’égalité dans les
faits, il y a encore du chemin), la protection sociale n’aurait jamais existé
(le premier pays à mettre en place une protection sociale fut, faut-il le
rappeler, l’URSS), il serait encore considéré normal de faire tirer l’armée à
balles réelles sur des grévistes, nul droit international n’existerait. Aussi,
s’il faut tirer des leçons de ses échecs, la révolution d’octobre fut
incontestablement un progrès historique, et à se titre sa bannière mérite
d’être encore la nôtre, et ses idéaux la préfiguration de l’avenir pour lequel
nous luttons.
Alexander Eniline
Président du Parti du Travail
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