Le centenaire de la Révolution d’Octobre
suscite un intérêt plus que justifié, notamment de la part des historiens, des
éditeurs et des libraires. Qui voudrait lire quelque chose à ce sujet n’a ces
temps que l’embarras du choix. Mais tous ces ouvrages ne sont pas bons, et
souvent de la plume des professionnels de l’anticommunisme, dont l’honnêteté
intellectuelle est plus que sujette à caution. Alors, quel livre choisir ?
S’il ne fallait lire qu’un livre sur la
Révolution d’Octobre, nous conseillerions sans hésiter Octobre 1917, la Révolution en débat de Léo Figuères, paru aux
Temps des Cerises en 1998, et réédité cette année. Léo Figuères, né en 1918 et
décédé en 2011 et qui fut une figure incontournable de l’histoire du PCF –
militant qui fut de tous les combats, résistant, engagé dans la lutte du
Vietnam pour sa libération, membre de la direction du PCF, député, maire de
Malakoff, auteur de nombreux ouvrages sur l’histoire du mouvement ouvrier et le
socialisme, qui n’ont rien perdu de leur intérêt, ni de leur actualité – y
retrace l’histoire de la Révolution d’Octobre et de l’Etat auquel elle donna
naissance, depuis les dernières années de l’ancienne Russie des tsars, jusqu’à
la restauration du capitalisme dans les années 90.
La première qualité de l’ouvrage est sans
conteste son caractère synthétique. En un peu moins de 300 pages, Léo Figuères
y retrace, avec une remarquable précision et clarté, la situation politique et
sociale de la Russie prérévolutionnaire, la séquence entre la Révolution de
Février et la Révolution d’Octobre, la Guerre civile, la NEP, la période
stalinienne, la collectivisation et l’industrialisation, les répressions des
années 30, la Deuxième Guerre mondiale, le tournant du XXème
Congrès, les années Brejnev, entre succès, réformes et problèmes non-résolus,
enfin la perestroïka et le désastre final. Pour qui ignore la complexe et
discontinue histoire soviétique, mais voudrait l’apprendre, c’est un ouvrage
tout indiqué.
Une qualité non moins importante est son aspect
équilibré, son sérieux historique. Léo Figuères a le mérite de faire de
l’expérience soviétique une histoire critique, à la fois des aspects les moins
glorieux et des contradictions de cette expérience, et de la « pensée
unique » anticommuniste, dont il dénonce à juste titre le caractère
intéressé et malhonnête. L’analyse de Figuères, qui ne cède ni à l’apologie
acritique ni au moindre reniement, toujours rigoureusement argumentée, et pour
le moins utile pour nourrir la réflexion des militants communistes
d’aujourd’hui.
L’ouvrage est accompagné d’un dossier sur
l’intervention étrangère, en particulier française, lors de la Guerre civile,
sans laquelle la contre-révolution blanche serait morte avec Kornilov et
Kaledine, bien des destructions et des milliers de morts auraient été évités,
et le premier Etat socialiste de l’histoire aurait pu commencer dans des
conditions autrement plus favorables.
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