N’en déplaise à la propagande officielle, du Conseil fédéral aux organisations patronales, en passant par les partis bourgeois et la gauche réformiste, ce ne seront ni les solutions technologiques ni le verdissement du capitalisme qui nous permettront d’éviter la catastrophe.
La technologie ne saurait être la solution miracle. D’une part, développer des technologies réellement « vertes » et « propres » prendra du temps, et nous en manquons. Deuxièmement, car il n’y a pas de miracles en technologie, et la plupart des technologies présentées comme « vertes » ne le sont pas réellement.
Car, derrière ces technologies, il y a des émissions de gaz à effet de serre cachées et une demande colossale de matières premières. Les technologies estampillées « vertes » – batteries des voitures électriques, panneaux solaires, certains modèles d’éoliennes – sont même extrêmement consommatrices de métaux rares. D’où un massacre continu de la biosphère par l’extractivisme à une échelle toujours plus large, au prix de dégâts considérables à l’environnement. Avec pour conséquence l’accroissement incessant des infrastructures, surdimensionnées. Du reste, l’économie de ressources ou d’énergie obtenue est généralement, sous le capitalisme, annihilée par un « effet rebond » : augmentation du volume de production, ou investissement du capital ainsi épargné ailleurs.
Et cette fuite en avant ne peut durer longtemps. Car les métaux requis par les nouvelles technologies sont présents en quantité limitée sur la Terre. Certains sont même fort rares. Il en a été plus extrait en quelques décennies que durant toute l’histoire de l’humanité. Les réserves disponibles d’argent, de fluor, de zinc, d’étain, de nickel, arriveraient à épuisement d’ici deux à trois décennies. Et il n’est en pratique pas possible de recycler sans perte, ni indéfiniment. Bien entendu, le recyclage, l’économie circulaire et le développement de technologies plus « vertes » sont indispensables, mais ne devraient en aucun cas être vus comme un moyen de faire perdurer la gabegie actuelle.
Pour cela, nous avons des raisons d’être opposés au développement de la 5G. Car, outre les dangers probables pour les êtres humains et les insectes, la 5G a pour vocation de permettre une utilisation à large échelle d’objets connectés ; ce qui serait écologiquement désastreux. L’informatique, en effet, loin de représenter une « dématérialisation » de l’économie, est au contraire très demandeuse en matières premières et hautement énergivore. Il n’est pas question d’y renoncer, mais il faut en faire un usage raisonnable.
Bien entendu, le Parti du Travail ne saurait être contre le progrès technologique, encore moins contre la science. Il est néanmoins indispensable de faire preuve de mesure, de trouver la voie d’une certaine sobriété. Le développement débridé de la « tech » qui a lieu actuellement ne vise aucun progrès humain, seulement la valorisation du capital investi dans ce secteur. Le principe de précaution et le souci de la préservation de la biosphère devraient toujours s’appliquer.
Quant au capitalisme « vert », il s’agit d’une contradiction dans les termes. Même si l’économie capitaliste arrivait à se « décarbonner » – ce qu’elle ne peut réussir que partiellement – elle ne sera pas soutenable pour autant. Le projet illusoire d’un capitalisme vert, à base de remplacement des énergies fossiles par du renouvelable et de solutions high tech, n’aurait rien de vert. Le fait même que des analystes bourgeois présentent la transition énergétique comme une « opportunité » (de nouveaux profits) plutôt que comme une contrainte suffirait pour comprendre que l’écologie n’a rien à voir là-dedans.
Cette situation exprime toute la contradiction entre les discours lénifiants des autorités qui prétendent enfin agir pour le climat, et la réalité des faits. Et cette contradiction est insoluble tant que nous restons enfermés dans le carcan du capitalisme. Système qui a pour condition la poursuite sans fin d’accumulation du capital, sans pouvoir prendre en compte les limites objectives que la finitude des ressources naturelles et les équilibres environnementaux imposent à cette croissance.
Les Verts, de par leur « plan climat » qui, malgré sa radicalité apparente, parle de « relance » de l’économie (capitaliste), de nouvelles opportunités (de profit) grâce à la transition écologique – cette relance fût-elle peinte en vert –, montrent qu’en fait ils adhérent à l’impossible « capitalisme vert ». Ils sont de ce fait incapables de tenir leurs promesses de changements. Le même scepticisme est de mise pour tous les plans de « Green New Deal ». Il en va de même du « Plan Marshall vert » du PSS. Il suffit de voir les références historiques des partis réformistes pour comprendre leur positionnement réel (pro-capitaliste).
Il n’est pas possible, par définition, de continuer à accumuler sans continuer à gaspiller de façon croissante les ressources naturelles, et sans produire autant de déchets. Pour mettre fin à la hausse continue des émissions de gaz à effet de serre et de production de déchets, il est indispensable de briser la dynamique d’accumulation, et donc de rompre avec le capitalisme, pas de tenter de le verdir.
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